X (ex-Twitter) rémunère certains comptes payants : une «opportunité» malgré des modalités encore floues

Certains abonnés à Twitter Blue pourraient désormais bénéficier d'une rémunération.
Certains abonnés à Twitter Blue pourraient désormais bénéficier d'une rémunération. © HARUN OZALP / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : HARUN OZALP / ANADOLU AGENCY / ANADOLU AGENCY VIA AFP , modifié à
Depuis ce mardi, X (ex-Twitter) commence à rémunérer certains utilisateurs de la plateforme en fonction de l'audience de leurs publications. Les premières "fiches de paie" envoyées par le réseau social arrivent progressivement. Une initiative qui séduit mais dont les contours restent flous.

L'annonce a été accueillie comme un cadeau tombé du ciel par certains utilisateurs de X (ex-Twitter). La plateforme, dirigée par Elon Musk, propose désormais de rémunérer les comptes payants à condition qu'ils génèrent suffisamment de vues et d'interactions. Une aubaine pour le gérant du compte Alertes Infos, cumulant plus de 322.000 abonnés et connu pour relayer l'actualité en s'appuyant sur plusieurs médias. Ce dernier touchera la coquette somme de 6.850 euros pour l'ensemble de son activité entre février et juillet 2023. Les premières "fiches de paie" envoyées par le réseau arrivent progressivement depuis ce mardi.

Pour y prétendre, il faut bien sûr souscrire à un abonnement Twitter Blue, la formule payante de X, moyennant 11 euros par mois, mais aussi disposer d'au minimum 500 abonnés et générer a minima 15 millions de vues, tous tweets confondus, au cours des trois derniers mois. Une fois toutes ces conditions réunies, un créateur de contenus sur X pourra être financièrement récompensé par la plateforme, à l'instar des Youtubeurs ou des Tiktokeurs.

"Je compte prendre la certification à la rentrée"

Goumz - c'est son surnom - débriefe sur X l'actualité du football ainsi que de nombreux matches pour lesquels il offre une analyse condensée en 2 minutes et 20 secondes après le coup de sifflet final. Avec plus de 3.400 abonnés sur la plateforme et une communauté grandissante, il devrait très prochainement sauter le pas. "Je compte prendre la certification à la rentrée. C'est une opportunité car jusqu'à présent seuls les créateurs de contenus sur YouTube, TikTok et Instagram pouvaient être rémunérés. Or moi, je ne suis pas trop sur ces réseaux sauf TikTok où je viens de me lancer. Alors que Twitter, cela fait longtemps que j'y suis. Donc je trouve le concept intéressant", avoue-t-il. 

Sa décision, "prise à 90%", est également motivée par les nouvelles fonctionnalités offertes par Twitter Blue, indépendamment de l'aspect financier. Car sur ce point, de nombreuses questions demeurent sans réponse. Sur son centre d'assistance, X livre la marche à suivre pour bénéficier de la fameuse rémunération, pourvu que les critères mentionnés plus haut soient remplis. Vous devrez, par exemple, vous inscrire sur le système de paiement en ligne Stripe où l'argent vous sera versé. 

"Couronner l'investissement" 

Mais très vite, le flou apparaît. X indique que les utilisateurs "recevront des paiements à une cadence régulière", sans plus de précisions. Aucune indication non plus quant à un éventuel barème financier qui pourrait être appliqué selon le nombre de vues sur un tweet. À moins que la rémunération ne soit calculée via un algorithme mêlant plusieurs critères, comme c'est le cas sur TikTok où de nombreux influenceurs dénoncent, d'ailleurs, l'opacité du système. 

C'est pour l'ensemble de ces raisons qu'Alexandre Lazar, journaliste pour le magasine So Foot et fondateur du média "Foot Roumain", sur X, pèse encore le pour et le contre. "Twitter Blue est une hypothèse, oui. Alors que de prime abord, je me refusais à cette idée. Notamment parce qu'aujourd'hui, la certification n'a plus aucune valeur. Mais je n'ai pas encore assez étudié la question. Certains comptes, qui ont pourtant des milliers d'abonnés, se sont retrouvés avec 0 euro. Donc je ne sais pas trop comment ça marche", reconnait-il. 

Néanmoins, son compte, destiné au relais d'informations sur l'actualité du football en Roumanie, regroupe plus de 6.400 abonnés et un éventuel apport financier viendrait "couronner l'investissement et le temps que cela demande", ajoute l'intéressé. "On s'impose une certaine rigueur et pour ce que cela représente, j'estime qu'il s'agirait d'un juste retour des choses", conclut-il. 

"J'ai vu que c'était un peu plus compliqué que ça" 

Même son de cloche pour Sacha, également journaliste et proposant un contenu identique à celui d'Alexandre Lazar, mais dédié cette fois-ci au football serbe. Le compte qu'il dirige, baptisé "Fudbalski Hram", cumule un peu plus de 5.000 suiveurs. L'idée de percevoir une rémunération a tout de suite éveillé son intérêt mais l'enthousiasme s'est quelque peu attiédi au regard des zones d'ombre qui persistent. "Je ne sais pas si c'est un bon ou un mauvais plan. J'ai un petit peu farfouillé et j'ai vu que c'était un peu plus compliqué que ça. Avoir des tweets particulièrement vus, likés et retweetés ne suffisent pas toujours à obtenir des retombées financières. Cela ne remet pas forcément en cause mon souhait initial mais disons que ça le tempère", indique-t-il. 

À travers cette initiative, Elon Musk entend offrir une crédibilité nouvelle au service Twitter Blue, boudé par les utilisateurs depuis son lancement. Et redonner ainsi des couleurs à l'ensemble de la plateforme, en proie à d'importantes difficultés financières.