Maria Ressa 2:41
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Léa Leostic
A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, Europe 1 s’est intéressée au travail de la journaliste philippine Maria Ressa. Ses enquêtes dénoncent l’action du président Rodrigo Duterte et lui valent intimidations et arrestations. Maria Ressa, qui encourt la prison à vie dans son pays, a reçu le prix de la liberté de la presse de l’Unesco et est soutenue par l’ONG Reporters sans frontières.

La journée mondiale de la liberté de la presse est célébrée ce 3 mai. L’occasion de rappeler que des centaines de journalistes sont menacés dans le monde, comme c’est le cas de Maria Ressa, aux Philippines. La journaliste d’investigation de 57 ans a reçu le 27 avril le prix de la liberté de la presse de l’Unesco.

Cette récompense salue son travail et celui de son site d’information Rappler, très critique envers le président philippin Rodrigo Duterte. Depuis l’arrivée au pouvoir de l’homme politique autoritaire en 2016, le travail de Maria Ressa lui vaut intimidations et acharnement judiciaire. Car elle a publié des enquêtes très critiques sur Rodrigo Duterte, notamment sur les violations des droits de l’Homme dans l’archipel.

"Ça n’a jamais été aussi dur d’être journaliste"

"En 2017, on a eu notre première assignation. En 2018, le gouvernement a monté 11 dossiers contre nous. En 2019, j’ai été arrêtée deux fois en l’espace de cinq ou six semaines et été emprisonnée. Fin 2019, j’ai dû payer huit fois une caution pour rester libre et travailler. En 2020, on a été condamnée avec une collègue pour cyberdiffamation pour un article publié huit ans plus tôt. Un article que je n’avais ni écrit, ni supervisé, et publié à un moment où la loi qu’on a soit disant violé n’existait même pas", énumère-t-elle auprès d’Europe 1. "Ça n’a jamais été aussi dur d’être journaliste", insiste-t-elle.

"On doit continuer"

Maria Ressa a été condamnée à six ans de prison pour diffamation, mais elle est libre, sous caution, car les procédures continuent en appel. S’ajoutent à cela d’autres procédures pour diffamation, encore, ou pour fraude fiscale. Elle risque la prison à vie. De son côté, l’ONG Reporters Sans Frontières dénonce un harcèlement judiciaire. A l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, RSF et la coalition HoldTheLine lancent lundi une campagne de solidarité, avec un site internet qui diffuse en boucle des vidéos jusqu’à l’abandon des charges contre Maria Ressa, mais aussi une pétition disponible en ligne ici.  

Ce soutien encourage Maria Ressa dans son action : "Ça fait du bien, après cinq années de combat où on se demande toujours si c’est stupide ou si ça vaut le coup. Sentir un soutien extérieur, ça nous donne de l’énergie pour continuer à faire ce qu’on fait. Au final, on est du bon côté de l’histoire. On doit continuer. Quand tu es journaliste, tu dois résister et avoir du courage, car c’est toi qui détermine quel genre de futur on va avoir", conclut-t-elle.