Journalisme, liberté de la presse 2:56
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Cyril Lacarrière, édité par Mathilde Durand
Reporters sans frontières sort son rapport annuel sur la liberté de la presse. Plusieurs crises affectant l'avenir du journalisme y ont été identifiées : une crise géopolitique, technologique, démocratique, de confiance, une crise économique et désormais une crise sanitaire. 

Le rapport annuel de Reporters sans frontière sur la liberté de l’information a été publié ce mardi. Il décrypte situation de la presse dans le monde et révèle l’état de certaines démocraties. Sur le podium, on retrouve des habitués : la Norvège, la Finlande et le Danemark. C'est la quatrième année consécutive que la Norvège se classe en tête des pays qui respectent le plus la liberté de la presse. A l’autre bout du classement, sans surprise : la Corée du Nord. Pauline Adès-Mével, rédactrice en chef de RSF, est venu commenter ce rapport mardi sur Europe 1.

Certains pays progressent grâce à un changement de régime politique, comme les Maldives, la Malaisie ou encore le Soudan. D'autres comme Haïti, les Comores ou encore le Bénin enregistrent de lourdes chutes dans le classement en raison d'une multiplication des atteintes à la liberté de la presse. 

La France, 34ème du classement

"Le classement mondial, qui évalue tous les ans la situation de la presse dans 180 pays, démontre que les dix prochaines années seront une décennie décisive pour la liberté de la presse", révèle Pauline Adès-Mével, rédactrice en chef de RSF. "Et notamment en raison de crises que nous avons identifié, qui affectent l'avenir du journalisme : une crise géopolitique, technologique, démocratique, de confiance et une crise économique auxquelles s'ajoute désormais une crise sanitaire. Le coronavirus est un facteur révélateur et démultiplicateur." 

La France, elle, est toujours mal classée, en 34ème position, entre la Slovaquie et le Royaume-Uni. "L'année 2019 a été marquée par une hausse très forte d'attaques et de pressions contre les journalistes. On a vu beaucoup de journalistes blessés par les tirs de LBD ou de gaz lacrymogènes de la part des forces de l'ordre, ou agressés par des manifestants en colère pendant des manifestations", souligne Pauline Adès-Mevel. 

"Un autre phénomène inquiétant, c'est le nombre croissant d'intimidations judiciaires visant les journalistes d'investigation, afin d'identifier leurs sources. Plusieurs d'entres eux, en 2019, alors qu'ils enquêtaient sur des sujets sensibles, ont été convoqués par les services de renseignement", ajoute-t-elle. 

Le coronavirus multiplie les inégalités

Le classement a été établi avant la crise sanitaire du coronavirus qui frappe le monde entier. "Il apparaît très clairement une corrélation avec la manière dont est respecté le droit à l'information pendant cette crise sanitaire. Et l'épidémie, on le voit nettement, accroît les inégalités entre les pays, du point de vue de la liberté de la presse. Cette crise sanitaire amplifie les problèmes", constate la rédactrice en chef de RSF. "Les régimes les pires en profitent pour pousser la répression encore plus loin. Et en faisant cela, ils mettent en danger la vie des populations mais aussi des personnes dans l'ensemble du monde." 

Le classement de Reporters sans frontière sera officiellement dévoilé mardi soir, en présence de l’économiste Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, et du lanceur d’alerte Edward Snowden, toujours réfugié à Moscou.