Quand Plantu était vendeur aux Galeries Lafayette avant de devenir dessinateur au Monde

Le dessinateur de presse Plantu raconte son arrivée au Monde au micro d'Isabelle Morizet sur Europe 1.
Le dessinateur de presse Plantu raconte son arrivée au Monde au micro d'Isabelle Morizet sur Europe 1. © Europe 1
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Manon Bernard
Le dessinateur historique du "Monde", Plantu, a annoncé au début de l'année qu'il prendrait sa retraite à la fin du mois de mars. Invité d'Isabelle Morizet dimanche dans l'émission "Il n'y a pas qu'une vie dans la vie" sur Europe 1, il est revenu sur ses premières publications alors qu'il était vendeur aux Galeries Lafayette. 

C'est décidé Plantu prend sa retraite. Après près d'un demi-siècle passé au sein du Monde, le dessinateur de presse quittera le quotidien le 31 mars prochain. Mais avant d'avoir la grande carrière qu'on lui connaît, Jean Plantureux, de son vrai nom, a commencé dans les rayons des Galeries Lafayette au début des années 1970. Dimanche, il racontait à Isabelle Morizet dans l'émission Il n'y a pas qu'une vie dans la vie, comment il est entré au sein du journal après avoir été vendeur d'escabeaux. 

"Je vendais très bien", se souvient Plantu d'une voix rieuse. L'un de ses collègues et ami lui avait même demandé "de se calmer". "Il m'avait dit 'Arrête ! Toi tu es de passage, tu fais ça pour plusieurs mois mais nous on va rester et tu vends trop bien'." Un jour, Oskar Werner, acteur du film Jules et Jim de François Truffaut, est passé par son rayon. "Il est reparti avec deux escabeaux au lieu d'un !", plaisante le dessinateur. 

"Je suis tenace"

Vendeur d'escabeaux le jour et... dessinateur de presse la nuit. Car quand il n'était pas au travail, Jean Plantureux lisait le journal et planchait pour atteindre son rêve : intégrer Le Monde. "Le matin avant d'aller travailler, ou même parfois dans la nuit, j'allais déposer mes dessins auprès du gardien du journal. Ce journal m'impressionnait donc je me disais, on ne sait jamais", se souvient-il. Vers 11 heures, au moment de sa pause, il appelait chaque jour le titre de presse et avait pour seule réponse : "non il ne passe pas aujourd'hui mais continuez car c'est intéressant ce que vous faites." Mais, "tenace", le jeune homme n'abandonne pas.

Jusqu'à ce jour où l'un des rédacteurs en chef, qui l'avait pris sous son aile, l'a appelé. "Le dessin sur le Vietnam, il va être publié tout à l'heure", a entendu Plantu au bout du combiné. C'était un samedi d'octobre 1972, un jour pluvieux, et Plantu découvrait du haut de ses 21 ans son croquis à la deuxième page du quotidien.

Le dessin représente une petite colombe avec un point d'interrogation dans le bec, une référence aux négociations entre les États-Unis et le Vietnam, alors en guerre. À ce moment-là, "je n'ai pas compris que je rentrais dans un milieu qui s'appelle dessinateur de presse", confie-t-il. Depuis, il s'y est fait une place et un nom connu de tous.