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Lucie de Perthuis , modifié à
Le journaliste Jean Daniel, cofondateur du "Nouvel Observateur", est décédé jeudi à l'âge de 99 ans. Au micro d'Europe 1, l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine rend hommage à celui qui était "beaucoup plus qu'un journaliste", et invite à lire et relire Jean Daniel, dont "aucune idée n'est périmée". 
INTERVIEW

Il avait consacré toute sa vie au journalisme. Jean Daniel, cofondateur du Nouvel Observateur, est décédé jeudi. Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, rend un hommage ému à ce journaliste engagé, qui selon lui, a joué un rôle considérable pour la paix au Proche-Orient. 

"Incroyablement courageux"

"Je suis très triste de son décès", confie Hubert Védrine, qui affirme être resté en relation avec Jean Daniel jusqu'à la fin. "C'est un personnage énorme qui disparaît, c'est beaucoup plus qu'un grand journaliste", affirme-t-il au sujet de celui qui a fondé le Nouvel Observateur avec Claude Perdriel en 1964. Il y a signé les éditos jusqu'en 2008. Un journal positionné à gauche, engagé pour les combats de l'époque, comme l'avortement et le féminisme. Dans le Nouvel Observateur, il ouvre ses pages à des intellectuels et des écrivains. 

"Il a été incroyablement courageux sur les questions du Proche-Orient", considère l'ancien ministre. "Il a toujours tenu une position équilibrée, s'attaquant à des tabous extraordinaires", poursuit-il. "J'invite à relire La prison juive, une réflexion sur ce que signifie être juif. Toutes ces questions d'identité, de nation, de mémoire, que la gauche contemporaine avait oublié en route", explique Hubert Védrine. Jean Daniel, juif natif d'Algérie, a beaucoup écrit sur ces questions, liées à l'identité des peuples. "Aucune de ses idées n'est périmée. C'est le moment ou jamais de le lire, de le relire", affirme l'ancien diplomate sur Europe 1.

"Il s'est comporté en homme d'Etat"

"Sur le Proche-Orient comme sur les questions européennes, ce qu'il raconte est totalement d'actualité", explique encore son ami Hubert Védrine. "C'est très actuel quand on voit la façon dont les européens s'interrogent aujourd'hui". 

Les présidents de la République l'ont consulté, écouté, se sont laissés influencer par ses idées. "Il s'est comporté en homme d'Etat. Dans le monde du journalisme, il était guidé par l'éthique de responsabilité, et non de conviction", conclut Hubert Védrine, admiratif de l'homme qu'il qualifie de "malicieux".