Sexisme médias 3:02
  • Copié
Mathilde Durand
Dans un rapport remis mercredi à Roselyne Bachelot et Elisabeth Moreno, la députée LREM Céline Calvez propose 26 préconisations pour améliorer la place des femmes dans les médias. "Même quand on fait attention, la vigilance n'est pas encore à la hauteur", souligne la députée au micro d'Europe 1.

"Quelle est la place des femmes dans les médias ?" C'est la question que s'est posée la députée LREM Céline Calvez dans le cadre d'une mission parlementaire. Une tâche confiée par l'ex-Premier ministre Edouard Philippe après la publication, en avril dernier, d'une une de Parisien jugée sexiste faisant figurer quatre hommes pour raconter "le monde de demain". L'objectif était de passer du registre du ressenti à celui des faits, et les résultats sont édifiants. La crise sanitaire du Covid-19 a aggravé le manque de visibilité des femmes dans les médias.

"Il y a un décrochage les premières semaines. On avait besoin de toute une bande d'experts et d'expertes différents, qu'on n'avait pas l'habitude de contacter avant. Et là, les réflexes ont fait que c'est plutôt ceux qui avaient le pouvoir dans les sphères scientifiques qui ont été appelés", explique la députée Céline Calvez au micro d'Europe 1. "Or dans les sciences, on n'est pas encore arrivé à reconnaître toutes les compétences et la place qui doit être dévolue aux femmes."

Malgré un effort ces dernières années sur de nombreux plateaux, les premières semaines de crise ont largement contribué à un relâchement. "C'est notamment le cas dans l'émission C dans l'air. Ils étaient parvenus, sous l'impulsion de la présidente de France Télévisions, de Caroline Roux aussi, à arriver à 50% d'expertes au mois de janvier et après ça a dégringolé. Même quand on fait attention, la vigilance n'est pas encore à la hauteur. "

Un système de bonus/malus envisagé

Pour changer les choses, le rapport, remis mercredi à Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, et Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, se termine par 26 préconisations pour faire avancer les choses. Elles invitent dans un premier temps à mieux mesurer la place des femmes dans les médias, pour ensuite la faire évoluer. L'idée d'un bonus/malus pour récompenser les médias les plus pro-actifs et pénaliser ceux qui ne respectent pas les obligations légales, est également évoquée. Mais la députée est lucide : il y a encore du travail.

"Déjà pour changer, il faut savoir d'où on part. Si nous n'avons pas encore assez développé, notamment dans la presse écrite, les réflexes et les indicateurs pour compter et révéler quelle est la place des femmes, il faut y passer", assure-t-elle. "Les milieux  audiovisuels sont habitués, les médias de presse écrite non. A partir du moment où on a ces constats de vigilance, il va falloir aussi inciter à progresser. Cela passe par des formations, se fixer des objectifs communs. C'est une responsabilité partagée, c'est du quotidien. On ne peut pas se contenter de faire une étude tous les ans".