"On a été sonnés" : les salariés de Prisma inquiets d'un possible rachat par Vivendi

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Louise Bernard, avec Alexis Patri , modifié à
Lundi, le groupe Vivendi annonçait être entré en négociations exclusives avec le groupe allemand Gruner + Jahr pour acheter Prisma Media. Les salariés du premier groupe de presse magazine en France ont appris la nouvelle en même temps que tout le monde. Certains d'entre eux ont confié leur surprise et leur inquiétude à Europe 1.

Prisma Media, c’est Capital, Télé-Loisirs, Voici, ou encore Femme actuelle… Des magazines qui pourraient bientôt tomber dans le giron du groupe Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, qui possède déjà le groupe Canal+. Les salariés de Prisma, qui ont appris l'entrée en négociation exclusive lundi matin, ne s'attendaient pas à cette annonce. Ils craignent pour leurs emplois, mais aussi pour leur indépendance, comme ils l'ont confié à Europe 1.

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Un mot est sur toutes les lèvres : la surprise. "On a été sonnés", expliquent plusieurs journalistes de différentes rédactions du groupe. Et la surprise est double. Ils n'avaient eu vent d'aucune rumeur de rachat. Surtout, le nom du repreneur potentiel, Vincent Bolloré, suscite quelques inquiétudes en interne.

L'ombre de l'affaire Thoen

Des craintes pour les emplois mais aussi sur l'indépendance éditoriale. Un journaliste du groupe Prisma Media s'interroge, par exemple, sur l’avenir du magazine Capital, qui fait de l'investigation économique. L'investigation, un genre disparu de Canal + après sa reprise par Vincent Bolloré. En 2015, il aurait empêché la diffusion d'un Spécial Investigation sur le Crédit Mutuel, selon Médiapart.

D'autres journalistes citent comme source d'inquiétudes la transformation d'iTele en CNEWS, ou encore le récent licenciement de Sébastien Thoen après un sketch parodiant la chaîne info du groupe Canal+. La direction de Prisma Media a rappelé aux salariés que le rachat n’était pas encore acté. Mais l'exclusivité des négociations indiquerait que l'opération est en bonne voie. 

Cette tentative de rassurer les équipes s'est faite lors d'une réunion en visioconférence avec plus de 1.000 salariés du groupe lundi matin. La direction se veut même optimiste. D'après elle, le rachat serait "une belle opportunité" pour Prisma Media, avec des possibilités de développement. C’est ce qu’indique aussi le communiqué de presse de Vivendi.

Ça n’a pas empêché Rolf Heinz, le patron du groupe de presse, d'apparaître au bord des larmes devant ses salariés, parlant même d'un "deuil" à faire de l'actionnaire allemand Bertelsmann. Le rachat pourrait avoir lieu très vite, d'ici 3 à 6 mois.