L’injonction au bonheur sur les réseaux sociaux décryptée par un documentaire sur LCP

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Antoine Genton avec Alexis Patri
La chaîne parlementaire (LCP) diffuse jeudi soir le documentaire "#Happy, la dictature du bonheur sur les réseaux sociaux". Un film qui s'intéresse au besoin d'exister dans les yeux des autres et de se montrer sous son meilleur jour que les réseaux sociaux exacerbent, selon les explications de sa réalisatrice Elisa Jadot.
INTERVIEW

Des vies parfaites à longueur de fil d'actualité. C'est ce que propose les réseaux sociaux. Un bonheur fabriqué qui devient une injonction, une obligation à être heureux en permanence, que questionne le documentaire #Happy la dictature du bonheur sur les réseaux sociaux, diffusé jeudi soir sur LCP. Le film s'y intéresse en donnant notamment la parole à des psychologues, des philosophes, et des neuroscientifiques qui décryptent ce besoin d'exister dans le regard des autres.

Un besoin existe depuis bien longtemps, mais que les réseaux sociaux ont exacerbé, selon Elisa Jadot, réalisatrice du documentaire. "On a tous cette problématique-là, on utilise quasiment tous les réseaux sociaux, et on se rend tous compte que ce que l'on poste c'est un bonheur très sélectionné. On choisit les meilleurs moments de notre vie quotidienne, tels des professionnels de la communication positive. Et cela engendre des problématiques bien réelles", analyse-t-elle au micro d'Europe 1 . "Ce n'est pas un film alarmiste, c'est un film utile."

"Une réelle souffrance" chez les jeunes

Ces souffrances touchent notamment les adolescents, souvent accros aux réseaux sociaux. 13% d'entre eux disent en être dépendants, et près de la moitié (49%) reconnaissent y passer trop de temps. Des adolescents qui témoignent et qui, souvent, craquent face à la caméra d'Elisa Jadot.

"Beaucoup de jeunes utilisateurs ont accepté de répondre sans filtre à nos questions. Ils témoignent dans le documentaire d'une réelle souffrance ressentie, face à des réseaux sociaux qui sont omniprésents, face à des images de vie idéale, de bonheur en tous points, de corps parfaits exhibés tout le temps et partout. Leur récit est très poignant", explique la réalisatrice.

"Ce ne sont pas des cas extrêmes ou à part"

"Certains craquent devant la caméra, et c'est très parlant, parce que c'est ce que ressentent beaucoup d'utilisateurs", estime Elisa Jadot. "Ce ne sont pas des cas extrêmes ou à part, c'est le problème de beaucoup d'adolescents : à force de se comparer à ce bonheur affiché sur les réseaux sociaux, ils ont l'impression qu'ils ne seront jamais à la hauteur et jamais assez bien."

Ces complexes ont même mené un de ces jeunes à tenter de se suicider. Il témoigne face caméra. D'autres se sont retrouvés dans un centre d'addictologie, filmé dans le documentaire. #Happy la dictature du bonheur sur les réseaux sociaux est diffusé jeudi soir à 20h30 sur LCP, et est d'ores et déjà disponible sur le site de LCP. Il sera suivi d'un débat présenté par Jean-Pierre Gratien.