Comment survivre après la crise sanitaire ? C'est la question que se posent tous les secteurs de l'économie depuis plusieurs semaines. Certains, comme l'automobile ou l'aéronautique, vont bénéficier d'importants plans d'aides. Mais combien pour l'audiovisuel public ? "Rien, pas grand-chose pour l’instant", regrette André Gattolin. Invité d'Europe 1 dans Culture Médias, le sénateur LREM des Hauts-de-Seine et membre au Palais du Luxembourg du groupe de travail sur les conséquences du Covid-19 sur les médias audiovisuels a détaillé les propositions de la Chambre haute.
"Je préfère une redevance globalement moins élevée, mais qui touche un public plus large"
Parmi les dix mesures préconisées par le groupe de travail du Sénat, André Gattolin, affirme qu'il est important de réformer la redevance, source de financement pour les chaînes de télévisions appartenant à l'État. Pour lui, il faudrait qu'elle devienne une "taxe universelle". "On a toujours joué avec cette redevance en la rendant pseudo-universelle, et en dégrevant des millions de foyers", déplore le sénateur.
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"Moi, je préfère une redevance globalement moins élevée, mais qui touche un public plus large", explique-t-il. "Le service public doit être indépendant" financièrement, justifie André Gattolin. "Il faut que ses ressources soient garanties dans le temps et la meilleure façon, c’est d’avoir une redevance et pas une budgétisation".
"La publicité est en train de se casser la gueule"
Autre mesure choc venue du Palais du Luxembourg dans cet objectif de rendre plus indépendante financièrement la télévision publique : la fin de la publicité. "Il y a une réalité : la publicité est en train de se casser la gueule, y compris sur le service public", constate André Gattolin. "Donc il faut prévoir sa disparition et remplacer son apport actuel par d’autres sources, car je suis contre une télévision publique qui ne serait financée uniquement par la redevance", explique l'élu LREM des Hauts-de-Seine.
L'exportation de contenus : un succès pour la BBC, "une grosse cata" en France
André Gattolin s'inspire notamment de la BBC, chaîne phare outre-Manche et devenue référence mondiale de la télévision. "Il y a plus d’un milliard de chiffres d’affaires (à la BBC, ndlr) qui est généré par les produits dérivés et par les productions originales", avance le sénateur. "Parce qu’ils créent des formats, ils créent des émissions, ils créent des films et des documentaires qui s'exportent. Mais en France, c’est une grosse cata", déplore-t-il au micro d'Europe 1, regrettant que les formats de France Télévisions soient pour une grande partie des rachats et non des créations originales.
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"Je crois qu’il faut prévoir une extinction progressive de la publicité, mais il faut qu’il y ait une seconde ressource", corrélée à d’autres objectifs. "L'audience et la publicité poussaient à faire mieux", rappelle-t-il, avant de conclure : "Si l'invention de nouvelles émissions et leur exportabilité rapportent de l’argent, il faut qu’il y ait ça en contre-balance !"