La France refuse un visa à un journaliste syrien ayant travaillé pour des médias français

La France a refusé un visa à un journaliste syrien ayant livré des informations à la justice.
La France a refusé un visa à un journaliste syrien ayant livré des informations à la justice. © FADEL SENNA / AFP
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Louise Bernard et Solène Delinger , modifié à
La France a refusé un visa à un journaliste syrien ayant travaillé pour des médias français. Hussam Hammoud, qui travaille régulièrement Mediapart, a notamment rapporté les exactions commises dans son pays par les djihadistes du groupe terroriste État islamique. Sur Europe 1, il confie sa déception et explique qu'il aimerait désormais connaître les raisons de ce refus. 

La France a refusé un visa à un journaliste syrien, Hussam Hammoud, originaire de Raqqa. Il travaille régulièrement pour des médias internationaux, dont des médias français, notamment Mediapart. Il a réalisé des enquêtes sensibles autour de l’État islamique et a notamment contribué à dévoiler des documents très importants qui appartenaient à Daech, découverts à Raqqa.

"J'ai fourni beaucoup d'informations à la France à travers mes articles"

Ces documents ont, une fois le reportage tourné, été confiés à la justice antiterroriste française. Tout son précieux travail lui a valu des menaces de morts et il a dû alors quitter son pays pour se réfugier en Turquie avec sa femme et ses deux enfants de 3 et 5 ans. Il a ensuite fait une demande de "visa humanitaire" pour la France. Mais, lundi, Hussam Hammoud a appris qu’elle était refusée. 

Un choc pour lui et pour les journalistes français avec lesquels il a travaillé. Ils se sont mobilisés sur Twitter ou en écrivant dans leurs journaux pour dénoncer l’injustice. "Je ne dirais pas que je suis en colère contre la France, mais peut-être plutôt déçu et pour plusieurs raisons. Je considère que j'ai beaucoup écrit et fourni beaucoup d'informations à travers mes articles pour la France", confie Hussam Hammoud au micro d'Europe 1.

"J'ai le droit à une explication"

Une situation d’autant plus compliquée à accepter qu’il reçoit encore des menaces de mort aujourd’hui et qu'il risque à tout moment d’être renvoyé en Syrie. Hussam Hammoud avait pourtant eu des entretiens à l’Ambassade de France à Ankara pour expliquer sa situation. Il n’a eu en guise de réponse qu’un simple email. "Dans le mail qu'ils m'ont envoyé, il n'y avait aucune raison mentionnée. Évidemment, j'essaie d'avoir des informations, des explications pour savoir pourquoi mon visa a été refusé. C'est vraiment le plus important pour moi. Maintenant, quand je vois que mon visa est refusé après tout ce que j'ai fourni comme informations à la France, je pense que j'ai le droit à une explication", estime-t-il.

La journaliste Hala Kodmani a déclaré dans Libération : "On voudrait croire que les vacances des responsables les plus avertis de la situation syrienne au ministère de l’Intérieur soient la cause d’un refus bureaucratique en plein mois d’août. Une décision mettant en danger la vie d’un jeune journaliste engagé contre le terrorisme n’est-elle pas réversible ?".