Laurent Joffrin était l'invité de "Culture Médias", mardi sur Europe 1. 8:58
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Margaux Lannuzel
Invité de "Culture Médias", mardi sur Europe 1, l'ancien directeur de "Libération" est revenu sur son choix de quitter le journal pour s'engager en politique et lancer un appel à "s'engager". "Il faut que les idées et la stratégie" de la gauche réformiste soient "mises au clair", estime-t-il. 
INTERVIEW

"Ça fait quelques mois que je réfléchis à la question." Invité de Culture Médias, mardi sur Europe 1, Laurent Joffrin est revenu sur une décision qui a fait couler beaucoup d'encre : celle qu'il a prise mi-juillet de quitter la direction de Libération pour lancer son mouvement politique. A 68 ans, dont 43 de carte de presse, le journaliste défend des "idées" à mettre en oeuvre : "J'ai toujours eu la culture politique de la gauche démocratique."

"Participer à une stratégie qui me semble la seule possible"

"J'ai lu des centaines d'articles sur le thème : la gauche classique, la gauche réformiste, la gauche qui agit, bref la gauche qui gouverne est morte", raconte Laurent Joffrin pour justifier son choix. "J'en ai lu plein, ça m'a énervé. (...) Je pensais que ça ne suffisait pas d'écrire des articles. J'avais une influence : la lettre que j'écris (politique, dans Libération, ndlr) est lue par beaucoup de gens, et j'avais beaucoup de retours. Mais il s'agit de passer à une influence concrète, pas seulement sur les esprits. De participer à une construction, à une stratégie qui me parait la seule possible pour que la gauche gagne, c'est à dire que son aile réformiste soit refondée." 

Quant aux critiques sur la porosité entre le journalisme et la politique, que son basculement illustrerait, Laurent Joffrin défend un "sens critique" conservé, selon lui, tout au long de sa carrière. "Trois mois après la victoire de François Hollande (dont il est proche, ndlr), l'Observateur (qu'il dirigeait à l'époque, ndlr) a titré : 'Sont-ils si nuls ?'. Ce n'était pas très gentil. J'ai été le premier éditorialiste à condamner la mesure sur la nationalité de Hollande, justement", abonde-t-il. 

Les journalistes et les politiques "sont des gens qui se fréquentent", estime encore l'éditorialiste. "Un journaliste qui veut avoir des informations sur la vie politique, s'il ne voit pas d’hommes politiques, il est nul. (...) Mais ce n'est pas du tout la même logique, la logique d'un journal ou d'une radio c'est de plaire à ses lecteurs ou à ses auditeurs. La logique d'un homme politique c'est de faire carrière, ce sont deux choses tout à fait différentes."

Des chroniques dans Libération ? "On va voir"

Sa décision prise, Laurent Joffrin assure cependant n'avoir pas hésiter à quitter la direction de son journal : "Quand vous êtes journaliste, vous n'êtes pas censé être partisan. Donc c'est incompatible." Pour autant, l’éditorialiste affirme vouloir "continuer à écrire". Où, dans la mesure où la rédaction de Libération a indiqué, par la voix de sa Société des journalistes, ne plus souhaiter qu'il soit publié dans les colonnes du quotidien ? "On va voir", répond-il. "Des chroniques subjectives, des prises de position, il y en a dans tous les journaux. Ça se discutera à la rentrée, je ferai au mieux pour les intérêts de Libération."

Et pour ceux son ami François Hollande ? "C'est prématuré. Vous connaissez quelqu'un qui est en situation de dire : je serai le candidat ou la candidate ? Moi je n'en connais pas." A deux ans de la prochaine élection présidentielle, celui dont le mouvement Engagé.e.s revendique mille partisans dit vouloir parler de fond. "Il faut d'abord que les idées et la stratégie soient mises au clair, pour l'instant ça n'est pas le cas." Et de préciser, quant à sa propre situation : "Je ne suis candidat à aucun mandat électif."