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Elu président en 2016, Donald Trump, qui pourrait être reconduit pour un second mandat, a multiplié lors de son mandat les invectives à l’endroit de la presse et les fausses informations. Une attitude qui a contraint les journalistes à adapter leur méthode outre-Atlantique, explique mercredi sur Europe 1 Melissa Bell, correspondante pour CNN à Paris.

En quatre ans de présidence, Donald Trump a considérablement bouleversé le paysage politique américain. Mais pas seulement. L’actuel hôte de la Maison-Blanche, qui pourrait bien être reconduit pour un second mandat à l’issue d’une présidentielle pleine d’incertitudes face à Joe Biden, a aussi, par son attitude, profondément modifié la manière de travailler des journalistes outre-Atlantique.

Souvent pris pour cible par l’ancien hommes d’affaires, et confrontés à ses nombreuses fake news, les journalistes ont été contraints de se réinventer, explique mercredi dans Culture Médias, sur Europe 1 Melissa Bell, correspondante pour CNN à Paris.

"Donald Trump ouvre sa bouche et il faut tout de suite rectifier le tir"

"Ça a transformé le travail des journalistes ou en tout cas de ceux qui font vraiment leur travail aux États-Unis et qui ne sont pas devenus des organes de propagande de la présidence américaine", précise d’emblée la journaliste.

Pour ceux-là donc, le vrai changement concerne le fact-checking permanent de la parole présidentielle. "Donald Trump ouvre sa bouche et il faut tout de suite rectifier le tir", explique Melissa Bell. La discipline a d’ailleurs fait émerger une star à CNN, Daniel Dale. "C'est une mitraillette", complimente Xavier Yvon, correspondant d’Europe 1 aux Etats-Unis. "Il débriefe les discours de Trump en cinq minutes, il liste les cent cinquante mensonges prononcés par le président."

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"Les correspondants de CNN deviennent des cibles"

A titre d’exemple, Melissa Bell s’appuie sur les récentes déclarations du président américain concernant les votes par correspondance, qu’il compare volontiers à de la fraude et dont il voudrait stopper le décompte le plus tôt possible. "Ça n'a jamais été le cas, que les votes arrêtent d'être comptabilisés à une certaine heure, dans certains États. Ce n’est juste pas comme ça que le système fonctionne", s’exaspère la journaliste. "Notre travail de journaliste est simplement de rappeler quel est le cadre électoral, comment le système fonctionne. Jusque-là, ça n'avait pas été le boulot des journalistes. Ça l'est devenu."

Autre conséquence, et non des moindres, en tout cas pour CNN, l’une des cibles préférées de Donald Trump : l’obligation de travailler presque cachés. "Pour ce qui est de nos équipes, nous ne sortons pas dans les rues des Etats-Unis avec des étiquettes sur notre équipement, sur les caméras, comme on a l'habitude de le faire dans les médias, les chaînes de télé", explique Melissa Bell. "Car on peut être attaqués, on l'a vu récemment pendant les meetings de Donald Trump. Les correspondants de CNN deviennent les cibles des foules qui viennent l’entendre."