Charlie Hebdo 2:58
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Avec le documentaire "Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir", diffusé mardi soir sur France 5, le réalisateur Hugues Nancy dresse le portrait d'un hebdomadaire qui a enduré de nombreuses épreuves depuis sa création. Sur Europe 1, la dessinatrice Alice raconte l'après-janvier 2015, avec la nécessité, pour la rédaction, de vivre cachée.
INTERVIEW

Rarement un journal aura traversé autant d'épreuves, mais Charlie Hebdo est encore debout, cinquante ans après sa création. Un demi-siècle particulièrement mouvementé, marqué par un attentat meurtrier, un incendie criminel, des menaces de mort, un arrêt de la parution pendant dix ans, puis une renaissance et des dizaines et des dizaines de procès. C'est cette histoire que raconte un documentaire diffusé mardi soir sur France 5, Charlie, le journal qui ne voulait pas mourir. Pour continuer à exister, l'hebdomadaire a dû se cloîtrer, comme l'explique la dessinatrice Alice au micro d'Europe 1, mardi matin.

Lieu tenu secret

Le documentaire montre l'évolution du cadre dans lequel la rédaction de Charlie Hebdo produit, chaque semaine, le journal satirique endeuillé il y a six ans. Dans les années 1990, le nom du journal était affiché sur l'immeuble dans lequel il se trouvait. À l'intérieur, les fenêtres étaient larges et elles donnaient sur la rue. Puis, Charlie Hebdo a dû se faire plus discret, intégrer des bâtiments de plus en plus sécurisés, comme celui de la rue Nicolas-Appert, où les frères Kouachi ont fait un carnage, le 7 janvier 2015. Aujourd'hui, la rédaction se trouve dans un lieu tenu secret, avec de petites fenêtres en hauteur.

"Ce qui est malheureux, c'est qu'on s'habitue presque à dire bonjour tous les matins à vingt flics, qui sont d'ailleurs très sympa. Heureusement qu'ils sont là", raconte la jeune dessinatrice, qui a rejoint Charlie Hebdo en 2018. "On s'habitue à passer plusieurs portes blindées. On s'habitue à ne pas pouvoir ouvrir les fenêtres. Ça crée quelque chose de très, très rassurant, de travailler là-bas. On est presque coupés du monde."

"L'ambiance de travail prend le dessus"

"C'est vrai que c'est très impressionnant parce qu'on sent qu'on ne veut pas rentrer dans cet endroit si on n'y est pas invité", abonde Hugues Nancy, selon qui ce contexte ultra-sécurisé s'efface rapidement une fois les multiples contrôles franchis. "Très vite, j'ai trouvé que l'ambiance de travail prenait le dessus et que l'on se retrouve dans une rédaction comme une autre."

" On a parfois l'impression d'être en colonie de vacances "

"Du point de vue des dessinateurs, on a notre grande table, on passe la journée à dessiner, à essayer de débattre et puis à dire quand même beaucoup de conneries", s'amuse Alice. "C'est une ambiance particulière où on a parfois l'impression d'être en colonie de vacances. On est entourés des flics, du raid…" Au regard de la quantité de menaces reçues récemment par le journal, avec le procès des attentats de janvier 2015 et la republication des caricatures, en septembre 2020, cette présence policière ne devrait pas s'estomper de sitôt.