Un journaliste de France 2 tué en Syrie

Un obus est tombé sur un groupe de journalistes en reportage à Homs mercredi, tuant un reporter de France 2.
Un obus est tombé sur un groupe de journalistes en reportage à Homs mercredi, tuant un reporter de France 2. © MAXPPP
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avec agences , modifié à
 Gilles Jacquier faisait partie d'un groupe de journalistes sur lequel un obus est tombé, à Homs.

Gilles Jacquier, grand reporter à France 2 pour les magazines Envoyé Spécial et Un Oeil sur la planète, a été tué mercredi à Homs, en Syrie. Il faisait partie d'un groupe de journalistes du monde entier en reportage dans ce haut lieu de la contestation lorsqu'un obus est tombé sur eux. La compagne de Gilles Jacquier se trouvait également sur les lieux. Un photographe néerlandais a été grièvement blessé après avoir reçu des éclats d'obus aux yeux.

Un grand reporter aguerri

Gilles Jacquier et son coéquipier, qui est indemne, étaient en mission, autorisée par le gouvernement syrien, pour un reportage destiné au magazine Envoyé spécial, précise France 2 dans un communiqué. Gilles Jacquier avait 43 ans et avait couvert la plupart des grands conflits de ces dernières années. Il avait reçu le prix Albert Londres en 2003, pour un reportage lors de la seconde Intifada, et le prix Bayeux des correspondants de guerre. 

La chaîne de télévision est "en contact avec les autorités syriennes et françaises pour rapatrier le corps et l'équipe de France 2", précise-t-elle.

"Un homme hors norme"

"Gilles était un des meilleurs de France 2, un homme hors norme. On est tous sous le choc. Il va beaucoup, beaucoup nous manquer", s'est ému Thierry Thuillier, directeur de l'information du groupe France Télévisions. "Il était à Homs avec Christophe Kenck, JRI, avec des visas délivrés par les autorités syriennes. Ils n'étaient pas des clandestins. J'espère qu'on saura vraiment ce qui s'est passé", a-t-il ajouté.

"Nous perdons un grand reporter, quelqu'un qui était expérimenté, qui était reconnu, qui avait une carrière extrêmement fournie", lui a rendu hommage Rémy Pflimlin, le patron de France Télévisions. "Il a porté très haut le sens de notre mission", a-t-il ajouté.

"Il avait ce métier dans le sang, c'était son ADN"

"On dit toujours quand quelqu'un part comme ça que c'était le meilleur mais là c'est le meilleur qui part. C'était à la fois quelqu'un de fort, costaud, charismatique mais c'était aussi un grand enfant qui était heureux de faire ce métier. Il avait ce métier dans le sang, c'était son ADN", a dit de lui Emmanuel Ostian, un de ses collègues, sur Canal+. Pour Dorothé Olliéric, une autre reporter de France 2, "il était toujours le premier, le meilleur. Il allait avec courage là où les autres n'allaient jamais".

"Gilles était un excellent reporter de guerre, il n'avait peur de rien, avait un côté casse-cou mais ne prenait jamais de risques inconsidérés", témoigne Bertrand Coq, un autre grand reporter avec qui il avait tourné le reportage qui leur avait valu le prix Albert Londres.

8 morts et 25 blessés

L'attaque a fait au total huit morts et 25 blessés, selon la télévision syrienne Addounia. "Des obus sont tombés entre les quartiers de Akrama et Al-Nouzha où se trouvait un groupe de journalistes. Un journaliste occidental a été tué ainsi que six Syriens. Il y a eu des blessés", a indiqué de son côté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'OSDH a demandé l'ouverture d'une enquête indiquant qu'il ignorait l'origine de ces tirs, alors que les militants dans la ville ont accusé les autorités.

Par ailleurs, deux journalistes, qui se trouvaient près du quartier d'Akrama, ont été atteints par des tirs de grenade ou de roquette, a indiqué l'OSDH.