Quand la télé bouscule la gastronomie

© Pascalito/M6/TF1/MAXPPP
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Aurélie Frex , modifié à
Le milieu élitiste de la gastronomie a de moins en moins de complexes à s'ouvrir à la télé.

En France, la gastronomie est une affaire sérieuse. Pourtant, les grands chefs sont de plus en plus nombreux à accepter de participer à des émissions de télévision. Depuis quelque temps, les "télé-crochets" de cuisine sont même devenus des passerelles entre l’univers médiatique et les métiers de la cuisine. Le gagnant de l’émission Masterchef, dont la finale a eu lieu jeudi, gagne en effet 100.000 euros, l’édition de ses propres livres de recettes sur TF1, et six mois de formation dans une grande école de cuisine.

Si on ne voit toujours pas Anne-Sophie Pic, Guy Savoy ou Alain Ducasse, chefs triplement étoilés au Michelin, dans les jurys de ces concours de gastronomie, des personnalités de plus en plus respectées acceptent de devenir des "chefs médiatiques".

C’est le cas de Jean-François Piège, propriétaire du "Thoumieux", et ancien chef des cuisines du Crillon à Paris, ou encore de George Blanc, patron de son restaurant trois étoiles depuis 1929, tous deux jurés d’Un dîner presque parfait : le combat des régions, sur M6. Dans l’émission Masterchef, sur TF1, on retrouve le très respecté Yves Camdeborde, qui a toujours refusé les étoiles au Michelin, mais aussi Frédéric Anton, chef trois étoiles.

S’ils ont accepté de participer à l’émission, c’est "pour vivre une expérience, rencontrer un nouveau monde" ont-il expliqué dans le 6/9 d’NRJ jeudi. Ils ont aussi tenu à bien préciser que s'ils faisaient de la télé, ça n’était pas pour remplir leurs restaurants. "Nous avons des restaurants qui sont complets un an à l’avance", ont-ils lancé.

Coup de pub ou pas ?

Pourtant, certains chefs ont été très critiqués pour leur médiatisation. le premier d'entre eux est Joël Robuchon. Du haut de ses 18 étoiles cumulées au Michelin, Il a présenté Bon appétit bien sûr sur France 3 de 2000 à 2008. Cette présence médiatique, et sa collaboration avec la marque Fleury Michon pour des plats préparés, n’ont pas été du goût de tout le monde.

Cyril Lignac, lui aussi, a dû faire face aux critiques. Cuisinier de formation - il a notamment travaillé pour le restaurant trois étoiles "L’Arpège" -, Lignac est surtout connu pour avoir gagné la première saison de l’émission Oui chef, sur M6. Une belle opportunité, qui lui a permis peu après d’ouvrir son propre restaurant, "Le Quinzième, cuisine attitude". Ce "vrai" chef s’était alors attiré les foudres de la profession, et la grogne des critiques gastronomiques.

"Je ne veux pas me comparer à Cyril, qui est un vrai chef, mais il est vrai qu’il a eu des difficultés au début, et qu’il a un peu essuyé les plâtres pour nous", a confié à Europe1.fr Grégory, gagnant d’Un dîner presque parfait : le combat des régions, sur M6, en 2009.

"Je ne suis pas un cuisinier, je travaillais dans la communication avant, mais je suis un passionné de cuisine. Gagner ce jeu m’a aidé, ça m’a permis de connaître les plus grands chefs, et maintenant je vais ouvrir mon propre restaurant, à Lyon, c’était mon rêve", raconte-t-il. "Quand on voit que de grands chef comme Jean-François Piège participent à l’émission, on peut dire que les choses ont vraiment changé", conclut-il.

Les premières stars cathodiques

Il faut dire que jusqu’ici, les personnalités culinaires qui ont marqué l’histoire de la télévision brillaient davantage par leur charisme que par leurs étoiles au Michelin, à l'image d'un Jean-Pierre Coffe, ou d'une Maïté. "Le cuisinier gueulard, grossier, c'est une caricature qui date de 20 ans", a récemment commenté le chef Yves Camdeborde, interrogé par Ozap.

Pour le plaisir, retrouvez une célèbre séquence de Maïté :