"Impossible d’avoir un .hitler ou un .nazi"

Les entreprises vont pouvoir créer leur propre extension de nom de domaine. Une procédure très encadrée.
Les entreprises vont pouvoir créer leur propre extension de nom de domaine. Une procédure très encadrée. © MAXPPP
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 Les entreprises vont pouvoir créer leur propre extension de nom de domaine. Une procédure très encadrée.

Les noms de sites web en .fr ou .com seront-ils bientôt dépassés ? L'Icann, l'organisation mondiale qui gère le fonctionnement d'internet, a autorisé les entreprises et organisations publiques à créer leurs propres extensions génériques. Le dépôt des dossiers a lieu dès jeudi et jusqu'au 12 avril. Europe1.fr a demandé des précisions à Stéphane Van Gelder, le président de la GNSO (Generic Names Supporting Organisation), l'une des plus hautes instances de l'Icann, et directeur général de la société Indom, le leader européen en gestion de noms de domaine.

Qui va pouvoir obtenir son extension personnalisée ?

Tout organisme enregistré - entreprise ou collectivité - peut déposer un dossier à l'Icann, moyennant des frais d'inscription de 185.000 dollars (145.500 euros). Il faut aussi avoir la capacité de remplir un dossier assez technique de 300 à 400 pages, qui nécessite un budget global proche du demi-million d'euros.

On s'attend à ce qu'environ 1.500 dossiers soient déposés cette année. Mais l'idée est de faire des appels à candidature tous les ans. L'Icann a les moyens de traiter un millier de dossiers par an.

Cependant il y a des entreprises à qui on a déconseillé de déposer un dossier. Elles n'avaient pas de vrai projet et voulaient juste protéger un nom ou une marque. Ce n'est pas la peine de dépenser autant et de déployer autant d'efforts, il y a d'autres moyens légaux bien plus simples*.

Les entreprises françaises vont-elles se lancer ?

Je pense que nous aurons une dizaine de dossiers pour la France. Avoir 1 ou 2% des dossiers au niveau mondial, finalement, c'est pas mal.

Et nous continuons à en recevoir car le début du programme renforce l'intérêt des entreprises. Mais attention, il ne reste plus beaucoup de temps et le dossier est long à monter.

Les entreprises sont-elles libres de créer n'importe quelle extension ?

L'Icann va juger de la validité de chaque dossier. Il vérifiera notamment que le terme de l'extension n'est pas contraire à la morale ou au droit. Il est impensable d'avoir par exemple un .nazi ou un .hitler.

Les gouvernements auront également un droit de regard et de veto sur les extensions proposées.

Que vont changer ces nouvelles extensions pour les internautes ?

Les premières extensions personnalisées seront opérationnelles dès la fin 2012 ou début 2013. Si c'est l'extension d'une entreprise en Chine ou au Vénézuéla, ça ne changera rien pour les internautes français.

Prenons l’exemple de la Ville de Paris. Son extension va devenir .paris au lieu de .paris.fr.  On saura immédiatement si on navigue sur le site officiel ou pas.

Ces extensions personnalisées apporteront plus de sécurité dans la navigation. On peut imaginer qu'une banque crée son extension et demain si on voit que l'url ne se termine pas par .nomdelabanque, on saura que ce n'est pas le site de la banque. Ca permettra d'éviter des arnaques.

Et puis, on ne pense pas assez aux internautes étrangers. Mais cette évolution permettra de créer des extensions en caractères non latins, en cyrillique ou en chinois par exemple. Cette initiative prend tout son sens si on imagine qu'Internet avait été créé en Russie et que nous soyons obligés d'utiliser des caractères que nous ne maîtrisons pas...

 * comme le dépôt d'un nom ou d'une marque à l'INPI (l'Institut national de la propriété industrielle), ndlr.