Trois explosions ont eu lieu lundi à Kiev. 2:38
  • Copié
avec AFP , modifié à
Au 229e jour de la guerre en Ukraine, la Russie a mené des attaques contre des civils en Ukraine qui s'apparentent à des "crimes de guerre" dont les responsables devront "rendre des comptes", a affirmé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Au moins dix personnes sont mortes, selon la police.
L'ESSENTIEL

Les attaques menées lundi par la Russie contre des civils en Ukraine s'apparentent à des "crimes de guerre" dont les responsables devront "rendre des comptes", a affirmé le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Il s'agit d'une nouvelle escalade qui est absolument inacceptable", a déclaré ce porte-parole, Peter Stano.

"Ces attaques barbares démontrent que la Russie opte pour une tactique de bombardements aveugles de civils", a-t-il ajouté. "C'est quelque chose qui va à l'encontre du droit international humanitaire et qui s'apparente à un crime de guerre. Comme toujours, dans de tels cas, l'Union européenne rappelle que tous les responsables devront rendre des comptes", a-t-il averti.

Les informations à retenir :

  • La Russie a mené des attaques contre des civils en Ukraine, au moins dix morts et 60 blessés selon la police
  • Le président ukrainien réclame à Olaf Scholz et Emmanuel Macron une réponse "dure" à la Russie
  • L'Assemblée générale de l'ONU se penche sur une résolution condamnant l'annexion de quatre régions ukrainiennes par la Russie
  • Poutine accuse Kiev de "terrorisme"

Au moins dix morts après les frappes massives russes

Au moins dix personnes ont été tuées et 60 autres blessés dans les frappes massives russes sur l'Ukraine lundi matin, a annoncé la police ukrainienne. "A ce stade, dix personnes sont mortes et environ 60 ont été blessées dans tout le pays à la suite de tirs russes", a indiqué la police ukrainienne sur Facebook, précisant que des policiers, des enquêteurs et des criminologues rassemblent les "preuves des atrocités russes".

"De tels actes n'ont pas leur place au XXIe siècle"

Le porte-parole Josep Borrell a par ailleurs appelé le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, à ne pas laisser son territoire être utilisé comme "pas de tir pour les missiles contre l'Ukraine" et à "ne pas être partie prenante à l'agression brutale menée par la Russie".

Josep Borrell s'est pour sa part dit "profondément choqué" par les bombardements. "De tels actes n'ont pas leur place au XXIe siècle. Je les condamne dans les termes les plus forts possibles. Nous sommes aux côtés de l'Ukraine. Un soutien militaire supplémentaire de l'UE est en route", a-t-il tweeté.

Un nouveau financement européen en voie de finalisation

Un nouveau financement européen est "en voie de finalisation", a précisé Peter Stano. Son montant est encore en discussion et il devrait être soumis pour approbation aux ministres des Affaires étrangères de l'UE lors de leur réunion le 18 octobre à Luxembourg.

L'UE a déjà débloqué 2,5 milliards d'euros de la facilité européenne pour la paix, un fond constitué et géré par les Etats membres, pour rembourser les armes et les munitions prélevées sur les stocks nationaux et livrés à l'Ukraine. Des aides bilatérales complètent le soutien militaire de l'UE.

Le président ukrainien réclame une réponse "dure" 

Emmanuel Macron a eu un échange téléphonique avec le président Volodymyr Zelensky ce lundi matin à la suite des frappes russes. Le président ukrainien a demandé à Olaf Scholz et Emmanuel Macron une réponse "dure" à la Russie à la suite de bombardements importants sur plusieurs villes ukrainiennes lundi matin.

"Nous avons discuté du renforcement de notre défense aérienne, de la nécessité d'une réaction européenne et internationale dure, ainsi que d'une pression accrue sur la Russie", a affirmé Volodymyr Zelensky sur Twitter après s'être entretenu en urgence avec ses homologues allemand et français. Il a également réclamé la tenue d'une réunion d'urgence du G7. Il a également assuré que l'Ukraine n'était "pas intimidée" par les frappes massives de la Russie, promettant des combat "encore plus douloureux" pour les troupes russes sur le front. 

Joe Biden condamne "la brutalité absolue" des frappes russes en Ukraine

Le président américain Joe Biden a "fermement condamné" lundi la pluie de bombardements russes en Ukraine, preuve de la "brutalité absolue" de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a fait au moins 11 morts et 89 blessés à travers le pays. "Ces attaques ont tué et blessé des civils et ont détruit des cibles non militaires", a fustigé le dirigeant démocrate, assurant qu'elles ne feraient que renforcer le soutien américain à l'Ukraine et que les Etats-Unis continueraient "d'imposer un lourd coût à la Russie pour son agression".

Selon les autorités ukrainiennes, l'armée russe a tiré lundi 83 missiles, dont environ la moitié ont pu être interceptés. Des infrastructures énergétiques mais aussi des cibles civiles, dont une aire de jeux pour enfants, ont été atteintes. Le président russe Vladimir Poutine a justifié ses bombardements "massifs" en dénonçant l'attaque "terroriste" de l'Ukraine contre le pont reliant le territoire russe à la Crimée, péninsule annexée par Moscou en 2014.

Ces frappes meurtrières, d'une ampleur inégalée, interviennent par ailleurs dans un contexte de difficultés militaires pour Moscou, dont les forces ont récemment reculé face à la contre-offensive de Kiev dans l'est et le sud de l'Ukraine.

L'Ukraine va bientôt recevoir un système de défense anti aérienne livré par Berlin

L'Allemagne a assuré lundi que la livraison d'un premier système de défense antiaérienne promis de longue date à l'Ukraine et capable de protéger une ville entière était imminente, alors que la Russie mène une campagne de bombardements sur le pays. Qualifiant les frappes russes des dernières heures de "méprisables", la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a affirmé sur Twitter: "nous faisons tout pour renforcer les défenses aériennes de l'Ukraine".

En juin, le chancelier Olaf Scholz avait promis à Kiev la livraison de systèmes Iris-T capables, selon lui, de protéger une grande ville contre les raids aériens. Le premier de ces équipements sera fourni à l'Ukraine "dans les prochains jours", a annoncé la ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht, selon laquelle trois autres seront livrés l'an prochain.

"Les derniers tirs de roquettes sur Kiev et de nombreuses autres villes soulignent clairement l'importance de la livraison rapide de systèmes de défense antiaérienne à l'Ukraine", a-t-elle ajouté. Le système Iris-T a une portée de bouclier de 20 kilomètres de hauteur et de 40 kilomètres de largeur. L'armée allemande possède elle-même des missiles de type Iris-T, mais pas le système sol-air complet. Elle tire les missiles à partir d'avions Tornado ou Eurofighter.

L'Assemblée générale de l'ONU se penche sur les annexions russes

L'Assemblée générale de l'ONU se penche à partir de lundi sur une résolution condamnant l'annexion de quatre régions ukrainiennes par la Russie, les Occidentaux espérant prouver l'isolement de Moscou sur la scène internationale. La décision de porter le dossier à l'attention de l'Assemblée générale, où les 193 Etats membres de l'ONU ont chacun une voix, sans veto, a été prise après que la Russie a bloqué un texte similaire lors d'une réunion du Conseil de sécurité le 30 septembre.

"Si le système onusien et la communauté internationale, via l'Assemblée générale, ne réagissaient pas à ce type de tentatives illégales, nous serions dans une très mauvaise situation", a commenté devant la presse Olof Skoog, ambassadeur de l'Union européenne en charge de rédiger le projet de résolution en collaboration avec l'Ukraine et d'autres pays.

L'absence d'un vote de l'Assemblée générale, attendu à l'issue des débats soit pas avant mercredi, risquerait de donner "carte blanche à d'autres pays pour faire de même ou pour reconnaître ce que la Russie a fait", a-t-il ajouté.

Le projet de texte vu par l'AFP condamne les annexions "illégales" des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson après des "soi disant référendums" et souligne que ces actions n'ont "aucune validité" au regard du droit international. Il appelle également à ce que personne ne reconnaisse ces annexions et réclame le retrait immédiat des troupes russes d'Ukraine.

Dans une lettre adressée à tous les Etats membres, la Russie a attaqué "les délégations occidentales" dont les actions "n'ont rien à voir avec la défense du droit international". "Elles poursuivent leurs propres objectifs géopolitiques", a écrit l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, dénonçant la "pression" des Etats-Unis et de leurs alliés sur les autres capitales.

Dans ces circonstances, il a réclamé un vote à bulletin secret, une procédure plus qu'inhabituelle réservée en principe aux élections par exemple des membres du Conseil de sécurité.

Le secrétaire général de l'ONU dénonce les annexions

"Cela ne montre pas une grande confiance dans le résultat", a ironisé un haut responsable de l'administration américaine, évoquant même "une tentative un peu désespérée". Selon la porte-parole de l'Assemblée générale, une telle procédure devrait d'abord être soumise au vote des Etats membres. Sans bulletin secret.

Le secrétaire général de l'ONU, garant des "valeurs" des Nations unies et de sa Charte, a lui aussi clairement dénoncé les annexions de territoires ukrainiens. "Cela s'oppose à tout ce que la communauté internationale est supposée représenter. Cela bafoue les buts et les principes des Nations unies. C'est une dangereuse escalade. Cela n'a pas de place dans le monde moderne. Cela ne doit pas être accepté", avait martelé Antonio Guterres le 29 septembre.

Ces propos "prouvent bien que ce n'est pas une question de l'Occident contre la Russie", a commenté le responsable américain. Lors du vote au Conseil de sécurité, aucun pays n'avait pris le parti de la Russie, mais quatre délégations (Chine, Inde, Brésil et Gabon) s'étaient abstenues.

Alors que certains pays en développement s'agacent que l'Occident concentre toute son attention sur l'Ukraine, d'autres pourraient leur emboîter le pas cette semaine. Le vote permettra d'évaluer plus précisément le degré d'isolement de la Russie. Les efforts des défenseurs du texte pour convaincre les potentiels abstentionnistes vont ainsi bon train.

"Ca va être dur. La résolution contre l'annexion de la Crimée en 2014 avait recueilli une centaine de votes. Je pense qu'on en aura plus cette fois", confie un haut responsable européen, tablant sur 100 à 140 voix pour. Les deux premières résolutions de l'Assemblée générale contre l'invasion russe en mars avaient recueilli 141 et 140 voix pour, cinq contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée) et entre 35 et 38 abstentions.

La troisième fin avril, qui suspendait la Russie du Conseil des droits de l'Homme, s'était traduite par un effritement de l'unité internationale face à Moscou, avec beaucoup plus d'abstentions (58) et de voix contre (24) face à 93 voix pour. Pour le haut responsable américain, la "mesure" du soutien à Moscou se fera au nombre de ceux qui "se tiendront aux côtés de la Russie" en votant non.

Le président russe accuse Kiev d'avoir commis un "acte terroriste"

Le président russe Vladimir Poutine réunit lundi son conseil de sécurité après avoir accusé Kiev d'avoir commis un "acte terroriste" en organisant l'explosion qui a partiellement détruit samedi le pont de Crimée reliant la Russie à la péninsule annexée.

"Les auteurs, les exécutants et les commanditaires sont les services secrets ukrainiens", a résumé dimanche M. Poutine à l'issue d'une réunion avec le chef du Comité d'enquête russe, selon une vidéo diffusée par le Kremlin. "Il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un acte terroriste visant à détruire une infrastructure civile russe d'importance critique", a-t-il ajouté.

C'était la première réaction de Vladimir Poutine à l'explosion survenue samedi - un nouveau revers majeur pour la Russie au moment où ses forces sont en difficulté en Ukraine. Le Kremlin a indiqué que le président russe convoquait lundi son conseil de sécurité, qui rassemble les principaux ministres, responsables politiques et représentants des services de sécurité et de l'armée russes.

Kiev n'a ni confirmé ni démenti son implication

Le président Volodymyr Zelensky s'est contenté d'ironiser dans une vidéo sur le temps "nuageux" samedi en Crimée - allusion probable à la fumée de l'incendie - "bien qu'il y faisait également chaud". Il a promis dans la même vidéo une Crimée "sans occupants", l'Ukraine, soutenue en cela par l'immense majorité de la communauté internationale et les Nations unies, n'ayant jamais accepté l'annexion en 2014 par Moscou de la péninsule.

Volodymyr Zelensky a également qualifié les militaires russes de "terroristes", après des frappes sur des immeubles d'habitation de Zaporijjia, ville du sud de l'Ukraine, qui ont fait entre 12 et 17 morts selon les bilans, trois jours après de précédents bombardements qui y avaient fait 17 morts.