Tensions raciales : "un sujet très délicat pour Clinton et Trump"

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Pour la spécialiste Nicole Bacharan, le sujet des tensions raciales sera très délicat à aborder pour les candidats à la Maison-Blanche.

Barack Obama se rend mardi à Dallas pour réconforter les proches de cinq policiers tués par un tireur isolé. Un drame survenu après que deux Afro-Américains ont été tués par un policier en Louisiane et dans le Minnesota. A dix jours des conventions d’investiture démocrate et républicaine, le débat sur les violences raciales aux Etats-Unis refait surface et s’invite dans la campagne présidentielle.

Obama, "sa voix ne porte pas"

Un sujet désormais "inévitable dans la campagne présidentielle", estime Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis. A quelques mois de son départ de la Maison-Blanche, le président américain se serait bien passé de tels événements dramatiques. "C’est une véritable épine dans le pied d’Obama, car ces événements soulignent son échec sur le sujet", explique la politologue, interrogée par Europe 1.

"Barack Obama est très sensible à ces sujets de racisme et de violences entre les communautés, mais on voit bien qu’il se sent impuissant, que sa voix ne porte pas", ajoute Nicole Bacharan. En effet, en fin de mandat,  Barack Obama ne fait pas exception : les Américains se tournent désormais vers les nouveaux candidats, délaissant l’occupant de la Maison-Blanche. "Un président en fin de mandat ne compte plus beaucoup", souligne la spécialiste.

Obama n’a pas su dépasser la question raciale

Finalement Barack Obama a déçu ses électeurs sur ce thème. Celui qui incarnait le dépassement de la question raciale n’a pas réussi à se faire entendre et à trouver des solutions.  S'il reconnait que d'énormes progrès restent à accomplir, le président américain veut essayer de faire passer une vision plus optimiste de la société américaine. "Je suis profondément convaincu que l'Amérique n'est pas aussi divisée que certains le suggèrent", a-t-il affirmé le week-end dernier.

Mais Barack Obama n’est pas le seul à être en difficulté face à cette situation. Les deux candidats à l’élection présidentielle marchent sur des oeufs. "C’est un sujet très délicat pour Clinton et Trump", prévient Nicole Bacharan. "Il faut que chacun dénonce les violences policières, mais il ne faut pas qu’ils se mettent à dos la police, elle aussi victime", précise-t-elle. Un exercice d’équilibriste pour les candidats.

David Brown, l’homme providentiel ?

Le message juste n’émanera donc peut-être pas des candidats ou de l’administration, mais directement du terrain. Dans le marasme ambiant, un homme fait figure de héros : David Brown, chef de la police de la ville de Dallas. "C’est quelqu’un qui a la voix qui porte", note Nicole Bacharan. "C’est un policier Noir qui gère une ville très dangereuse (le port d’arme dans la rue est autorisé, NDLR), mais qui met en œuvre toutes les réformes qui existent : le port de caméras par les policiers, de nouvelles méthodes d’entrainement ou encore l’embauche de policiers issus des minorités", énumère la spécialiste.

Cet Afro-Américain à la tête d'une des polices les plus importantes du pays, a trouvé un ton et un message qui ont résonné bien au-delà des frontières du Texas. Dès vendredi, David Brown, qui a vécu, depuis la fin des années 1980, la mort de son ancien coéquipier, de son frère et de son fils, tous tués par balles, a appelé à combler le fossé entre police et citoyens et à renouer les fils du dialogue. "Nous n'allons pas laisser un lâche qui a pris par surprise des policiers changer notre démocratie. Notre ville, notre pays, valent mieux que cela."