Taxes américaines : les constructeurs automobiles allemands entre consternation et résilience

La Chine représente un marché beaucoup plus important que les Etats-Unis pour les constructeurs allemands.
La Chine représente un marché beaucoup plus important que les Etats-Unis pour les constructeurs allemands. © AFP
  • Copié
édité par Dylan Gamba
Donald Trump aurait déclaré à Emmanuel Macron qu'il ne voulait "plus aucune Mercedes sur la 5ème avenue de New York". Les constructeurs allemands se tournent davantage vers la Chine.

Jusqu’où ira la guerre commerciale entre l’Europe et les Etats Unis ? Au lendemain de l'entrée en vigueur des taxes américaines sur l'acier et l'aluminium voulues par Donald Trump, la Commission européenne a réagi en portant plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La chancelière allemande Angela Merkel a déjà prévenu que l'UE allait agir de manière "décidée et unie". Berlin, premier exportateur du continent européen, redoute désormais des taxes sur ses voitures, alors que l'industrie automobile pèse 13% du PIB outre-Rhin. 

"Plus aucune Mercedes sur la 5ème Avenue". Lors de la visite d'Emmanuel Macron aux Etats-Unis en avril dernier, Donald Trump aurait déclaré qu'il ne souhaitait "plus aucune Mercedes sur la 5ème Avenue de New York". Détail surprenant : le chef de l'Etat américain est un adepte... des Mercedes cabriolet. Des propos que le milliardaire avaient tenu durant la campagne présidentielle et également lors de sa première interview donnée à la presse allemande. Mais à cette période, les analystes n'avaient pas pris au sérieux ce qu'ils considéraient comme des "élucubrations".

"Provocation". Désormais, la menace est grande que les Etats-Unis portent à 25% les taxes sur les importations de véhicules étrangers. Depuis cette annonce, il y a un peu plus d'une semaine, les bourses des grands constructeurs allemands comme BMW, Daimler et Volkswagen sont orientées à la baisse. "Personne n'a bénéficié sur le long terme d'un protectionnisme unilatéral", souligne un porte-parole de VW, relayé par Les Echos. Pour le président de la Fédération des chambres d'industrie et de commerce, il s'agit d'une "provocation" qui va porter un "nouveau coup" aux relations économiques transatlantiques.

"La Chine est la vraie nation automobile". Pour autant, l'industrie automobile allemande tente de relativiser la portée de ces taxes. "Globalement, les Etats-Unis sont devenus moins importants pour les constructeurs automobiles allemands", juge dans les colonnes des Echos Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Centre de recherche spécialisé CAR. "La Chine est la vraie nation automobile. La visite de la chancelière à Pékin est donc clairement plus importante que les tweets de Donald Trump". En effet, le marché américain représente moins de 10% pour VW, BMW et Daimler contre plus de 30% pour le marché chinois.

Préjudices pour les travailleurs américains. De plus, côté allemand, on souligne que les voitures vendues sur le marché américain sont majoritairement construites... aux Etats-Unis. L'instauration de taxes pourrait donc être préjudiciable aux travailleurs américains. Le géant Volkswagen a deux usines outre-Atlantique : une en Pennsylvanie et l'autre dans le Tennessee, deux Etats qui ont majoritairement voté pour Donald Trump en 2016.