Souveraineté : après les masques, la France pourrait-elle manquer de petites munitions ?

Les militaires français, sur le territoire national comme à l'étranger, sont équipés de munitions importées.
Les militaires français, sur le territoire national comme à l'étranger, sont équipés de munitions importées. © MICHELE CATTANI / AFP
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Aude Leroy , modifié à
La crise du coronavirus a révélé des failles dans la souveraineté de la France : le pays s'est trouvé dépendant pour les masques chirurgicaux et le vaccin de Sanofi Pasteur a pris du retard. Mais ce ne sont pas les seuls secteurs impactés : celui des munitions de petit calibre, par exemple, que la France a cessé de fabriquer en 2018, avec la cession de Manurhin aux Emirats Arabes Unis, est aussi concerné.

Les masques chirurgicaux et les vaccins contre le coronavirus ne sont pas les seuls produits que la France importe. Les petites munitions utilisées par l'armée française sont aussi fabriquées à l'étranger, depuis la cession de Manurhin aux Émirats arabes unis en 2018. Et la France pourrait souffrir de sa dépendance aux autres pays... Aujourd'hui, ce sont surtout les munitions pour le pistolet autrichien Glock 17 (9 mm) ou à celles pour le fusil d'assaut allemand HK416 (5,56 mm calibre OTAN), qui arment des militaires français aussi bien sur le territoire national qu'en mission à l'étranger. 

Remonter une filière coûterait beaucoup trop cher

Cela fait 30 ans que la France a progressivement arrêté de produire ces petites munitions, notamment parce qu'on n'est pas très bon dans ce secteur, contrairement, par exemple aux avions de combat, domaine dans lequel la France excelle.

Par ailleurs remonter aujourd'hui une filière coûte beaucoup trop cher. Un rapport des députés Nicolas Bays (PS) et Nicolas Dhuicq (LR) de 2015 estimait qu’il fallait investir au minimum 100 millions d’euros pour relancer la filière sur le territoire national. Sauf que le marché est très concurrentiel et que les munitions à nouveau 100% françaises n’auraient pas été bon marché.

"Pour le soldat français, l'essentiel, c'est qu'on lui fournisse la meilleure munition"

"J’ai toujours préféré qu’on investisse dans d'autres armements, comme de l’optronique, plutôt que dans des étuis fabriqués en France", affirme le Général Charles Baudoin, ancien responsable des programmes d'armements de l'Armée de terre et aujourd’hui patron du Coges (qui organise des salons militaires et de sécurité comme Eurosatory). Pour lui, être dépendant d'autres pays n'est pas du tout un problème. "Pour le soldat français, l'essentiel, c'est qu'on lui fournisse la meilleure munition, de préférence une munition européenne, d'ailleurs", explique-t-il.

"Aujourd'hui, les armes de l'Armée de terre, que ce soit le pistolet automatique, le fusil d'assaut ou le fusil du tir de précision, sont des armes vendues à des centaines de milliers d'exemplaire partout. Les sources de munition sont très nombreuses et sont déjà préexistantes, et donc il n'y a pas de raison que ces sources se tarissent".

Et en cas d'urgence, la France peut toujours se tourner vers ses voisins belges (qui achètent des blindés français) et italiens pour lui permettre d'avoir des stocks suffisants.