Idriss Déby Emmanuel Macron Ludovic MARIN / POOL / AFP 1:30
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avec Joanna Chabas , modifié à
Le président tchadien Idriss Déby, au pouvoir depuis 30 ans, est mort mardi des suites de blessures reçues alors qu'il commandait son armée dans des combats. Pour Antoine Glaser, spécialiste de de la géopolitique de l'Afrique, le chef de guerre était véritablement "l'homme de la France dans la région" très déstabilisée qu'est le Sahel.
ANALYSE

Il se présentait comme un "guerrier", il est mort comme un guerrier : Idriss Déby, au pouvoir depuis 30 ans au Tchad, a succombé mardi à ses blessures reçues au combat contre des rebelles dans le nord de ce pays, près de la Libye. Le chef d'État avait 68 ans et venait tout juste d'être réélu pour un sixième mandat à la tête de son pays. C'est son fils qui va assurer l'intérim, appuyé par l'armée. Sur le plan international, sa disparition inquiète en tout cas ses alliés, comme la France, assure Antoine Glaser, grand spécialiste de l'Afrique joint mardi par Europe 1.

Homme clé dans la région 

Idriss Déby était en effet un acteur de la guerre au Sahel et un partenaire-clé pour l'Occident dans une zone déstabilisée par les groupes rebelles. "C'était vraiment l'homme de la France dans la région", résume le journaliste spécialisé. "Il avait les seules troupes aguerries en soutien à l'opération Serval puis Barkhane. Idriss Déby occupait quasiment le pouvoir de droit divin au Tchad, donc sa disparition n'est pas simplement la disparition d'un président, mais aussi et surtout la disparition de quelqu'un qui maîtrisait complètement les codes avec tous ses voisins, avec qui il avait des relations privilégiées."

De fait, la disparition de ce chef d'État est "un coup dur pour toute la stratégie militaire de Macron dans la région", observe Antoine Glaser, coauteur avec Pascal Airault du Piège africain de Macron, livre de décryptage paru le mois dernier aux éditions Fayard.

Une intervention plus importante de la France ?

Le journaliste anticipe ainsi des conséquences concrètes à cette disparition, notamment pour la présence française dans la région, au travers de l'opération Barkhane. "Il avait annoncé, au mois de février, qu'il aimerait bien que la France ne soit plus en première ligne dans cette opération", rappelle-t-il. "Sa mort va sans doute obliger la France à mettre à nouveau les mains dans le cambouis pour que le Tchad ne s'effondre pas."

Comment a réagi Paris à cette disparition de ce proche allié en Afrique ? "La France perd un ami courageux", affirme un communiqué de l'Elysée diffusé mardi après-midi. Paris y rappelle "son attachement à la stabilité et à l'intégrité territoriale du Tchad". Une gageure après la mort du "guerrier" Déby ?