L'opposant de Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, âgé de 44 ans, a été hospitalisé ce lundi par la Russie. 1:04
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Damien Mestre, édité par Yanis Darras avec AFP
La Russie a fait hospitaliser ce lundi l'opposant Alexeï Navalny, en grève de la faim depuis trois semaines. Si le pouvoir russe juge son état "satisfaisant", la santé du principal opposant est devenue une nouvelle source de tensions entre les pays occidentaux et la Russie.

La Russie a fait hospitaliser lundi l'opposant en grève de la faim, Alexeï Navalny, tout en jugeant son état "satisfaisant" alors que sa santé est devenue une nouvelle source de tensions russo-occidentales. Le militant anti-corruption, qui a cessé de s'alimenter il y a trois semaines, a été transféré dans une unité carcérale hospitalière située dans la même région que le camp où il est emprisonné depuis début mars. "L'état de santé de Alexeï Navalny est jugé satisfaisant", ont assuré les services pénitentiaires, ajoutant qu'il a accepté de prendre "une thérapie vitaminée". Pendant le week-end, ses proches avaient indiqué qu'il risquait la mort à chaque instant.

Un état de santé jugé "très inquiétant" par l'UE

L'Union européenne continue de mettre la pression sur le Kremlin. Les ministres des affaires étrangères des 27 étaient réunis lundi pour parler du cas d'Alexeï Navalny. Les ministres demandent à ce que l'opposant russe puisse avoir accès à des soins immédiats et à des médecins, sous conditions que ces médecins soient des personnes de confiance. 

Un proche allié de l'opposant, Léonid Volkov, a dénoncé lundi les "mensonges" des services pénitentiaires et estimé qu'il était transféré "dans un camp de concentration et de torture et non à l'hôpital". Au début de la rencontre,  Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, avait jugé "très inquiétant" son état et jugé les autorités russes "responsables" de sa santé.

"Nous ne pouvons pas accepter de telles déclarations"

Face à l'UE, des voix s'élèvent en Russie, mettant en doute la sincérité de cette hospitalisation. Pour le gouvernement russe, l'état de santé d'Alexeï Navalny est jugé "satisfaisant". Le porte-parole du Kremlin s'en est pris ce midi aux pays occidentaux qui réclamaient une hospitalisation d'Alexeï Navalny. "Nous ne pouvons pas accepter de telles déclarations de la part de représentants d'autres gouvernements" a-t-il indiqué aux journalistes.

Alexeï Navalny a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention, accusant notamment l'administration pénitentiaire de lui refuser l'accès à un médecin alors qu'il souffre d'une double hernie discale, selon ses avocats. Les partisans de l'opposant âgé de 44 ans, qui a survécu a un empoisonnement ordonné selon lui par le Kremlin, ont aussi appelé à des manifestations dans toute la Russie mercredi, jour de l'adresse annuelle au Parlement de Vladimir Poutine.

Mise en garde de Washington

Le ministère de l'Intérieur a prévenu qu'il ne permettra aucune "déstabilisation" et prendra "toutes les mesures qui s'imposent". Le parquet veut lui faire interdire tout le mouvement d'Alexeï Navalny pour "extrémisme". Les messages de fermeté visant Moscou se sont multipliés depuis que les proches du détracteur le plus en vue de Vladimir Poutine ont dressé un bilan alarmant de son état de santé. Des médecins proches de l'opposant avaient dit samedi craindre qu'il ne fasse un arrêt cardiaque "d'une minute à l'autre", jugeant "critique" la concentration de potassium dans son sang. En réaction, l'Allemagne et la France ont demandé de manière "urgente" aux Russes de lui fournir un "traitement médical adéquat".

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a évoqué la "responsabilité majeure" de Vladimir Poutine et Washington a mis en garde le Kremlin contre des "conséquences si Alexeï Navalny mourait". Qu'il s'agisse de Navalny ou de l'Ukraine, les Vingt-Sept doivent tenter de se mettre d'accord sur des leviers à actionner, mais aucune sanction n'est pour le moment en discussion. Le président français Emmanuel Macron a évoqué cette option samedi "en cas de comportement inacceptable" de Moscou.