Roumanie : candidats, enjeux... Trois questions sur le premier tour de l'élection présidentielle
Les électeurs roumains sont appelés aux urnes ce dimanche 4 mai pour le premier tour de l'élection présidentielle, cinq mois après la victoire du candidat d'extrême droite Calin Georgescu invalidée par la suite par la Cour constitutionnelle. Qui est favori, et quels sont les enjeux ? Europe 1 fait le point.
L'annulation des résultats du premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie, le 6 décembre dernier, avait créé un séisme politique dans ce pays de l'est de l'Europe, aux premières loges de la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Le 24 novembre dernier, le candidat d'extrême droite Călin Georgescu, qui avait mené campagne en grande partie sur TikTok, était arrivé en tête du scrutin à la surprise générale avec près de 23% des voix. La Cour constitutionnelle avait validé dans un premier temps ces résultats, avant d'annuler purement et simplement ce premier tour deux jours avant le second tour.
Le candidat pro-russe Georgescu se présente-t-il ?
Cinq mois après ce retournement de situation, les électeurs roumains doivent se rendre ce dimanche 4 mai dans les urnes pour voter dans le cadre d'un nouveau premier tour. Et cette fois-ci, le candidat pro-russe âgé de 62 ans n'est pas en course pour tenter de rééditer sa performance.
Călin Georgescu a effectivement été écarté du scrutin par la Commission électorale de Roumanie, qui a rejeté son dossier de candidature le 9 mars dernier. Son appel formulé le lendemain a été rejeté par la Cour constitutionnelle, annihilant ses chances de se présenter face aux électeurs.
Qui sont les candidats en lice, et qui est le favori ?
Dix candidats sont en lice ce dimanche, et parmi eux, George Simion est celui qui se rapproche le plus de son allié Călin Georgescu. Ce chef de file de l'extrême droite, âgé de 38 ans, avait participé au scrutin de novembre dernier, mais il n'avait recueilli que moins de 14% des voix, estimant s'être fait "voler" l'élection. Il est clairement le favori ce dimanche, et pourrait doubler son score, porté par le report partiel des votes qui s'étaient portés sur son ex-rival.
Les sondages créditent cet admirateur du président américain Donald Trump, qui a assisté à son investiture en janvier, de la première place au premier tour. Il se réclame du soutien de Călin Georgescu, qui ne l'a cependant pas officiellement adoubé.
Dans cette élection vont concourir également Nicusor Dan, maire de Bucarest et réformateur pro-européen, Crin Antonescu, ancien professeur d'histoire qui est le candidat unique des partis au pouvoir, Victor Ponta, ancien Premier ministre social-démocrate de 52 ans crédité de 10% dans les derniers sondages, ou encore Elena Lasconi, présidente du Parti libéral qui avait terminé à la deuxième place en novembre dernier, mais qui n'est plus soutenue par sa formation politique.
Les 10 candidats au premier tour de l'élection présidentielle en Roumanie :
- George Simion
- Nicusor Dan
- Crin Antonescu
- Victor Ponta
- Elena Lasconi
- Cristian Terhes
- Lavinia Sandru
- John Ion Banu
- Silviu Predoiu
- Daniel Funeriu
Quels sont les enjeux du scrutin ?
Cette nouvelle élection présidentielle se déroulera dans l'ombre du président américain Donald Trump, après la performance du candidat pro-russe Călin Georgescu. La Roumanie "ne peut se permettre d'entrer en confrontation avec (les États-Unis) pour des raisons économiques et de sécurité", avec la présence de plus de 1.700 soldats américains sur son sol, note Sorina Soare, politologue à l'université de Florence, interrogée par l'AFP.
Bucarest a donc tenté de calmer le jeu, disant avoir "tiré les leçons" du fiasco de novembre et s'engageant à "des élections équitables et transparentes". L'analyste a également observé un "Zeitgeist (l'air du temps, NDLR) très influencé par la politique de Washington, avec une migration presque complète de tous les candidats sur des thèmes conservateurs traditionnels". Et des candidats très trumpistes.
L'élection du président roumain, à la fonction essentiellement protocolaire, mais influent en politique étrangère, est scrutée de près à l'ouest du continent, alors que ce pays membre de l'UE est devenu un pilier essentiel de l'Otan depuis l'invasion russe de l'Ukraine voisine.
C'est un "scrutin important, en particulier dans le contexte de l'annulation" du premier vote qui a provoqué "de fortes tensions" dans la société, estime une comptable de 24 ans, Diana Maftei, interrogée par l'AFP dans les rues de la capitale. Si "l'espoir est un peu revenu", d'autres restent désillusionnés face aux fortes inégalités économiques sur fond d'inflation élevée et à une classe politique jugée corrompue.