Relations commerciales avec les Etats-Unis : Le Drian demande un "moratoire"

Le ministre des Affaires étrangères appelle les Etats-Unis à revenir sur des décisions prises par Trump.
Le ministre des Affaires étrangères appelle les Etats-Unis à revenir sur des décisions prises par Trump. © Christof STACHE / AFP
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Europe 1 avec AFP
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a demandé un moratoire sur les relations commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne suite à une augmentation des droits de douane, décidée par l'administration Trump. Il appelle également à une reprise des échanges sur le nucléaire iranien.

"Le dossier qui empoisonne tout le monde, c'est celui de la surenchère tarifaire et des taxes sur l'acier, le numérique, Airbus et plus singulièrement notre secteur viticole", a estimé Jean-Yves Le Drian dans une interview au Journal du Dimanche. Le ministre français des Affaires étrangères a suggéré ce dimanche un "moratoire" sur le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Il appelle également les Etats-Unis a revenir dans l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Des droits de douane plus contraignants

"Si on pouvait rapidement trouver une méthode qui permette de régler ce contentieux avec l'Europe et la France, ce serait un pas en avant", a estimé le ministre. "Cela peut prendre du temps mais, en attendant, on peut toujours décréter des moratoires."

Les nouveaux droits de douane de Washington, annoncés en fin d'année, visent des produits français et allemands : +25% sur les vins non pétillants, moûts de raisin et cognacs, et +15% sur certaines pièces aéronautiques.

Le spectre de la taxe sur les "Gafa"

Ces droits de douane entrent en vigueur à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, pendant lequel les relations commerciales des États-Unis avec l'UE se sont profondément détériorées. Ces taxes s'ajoutent à celles imposées depuis 2019 sur des produits européens (vin, fromage, huile d'olive, whisky) et sur les avions d'Airbus.

Un autre conflit, celui de la taxe française sur les géants du numérique, laisse depuis plus d'un an planer la menace de droits de douane de 100% sur certains produits français, comme les fromages, produits de beauté ou sacs à main.

La France a confirmé en novembre qu'elle prélèverait bien en 2020 sa taxe sur les "Gafa" (Google, Amazon, Facebook et Apple), s'exposant à ce que Washington mette à exécution sa menace, qui concerne 1,3 milliard de dollars de produits français.

"L'Iran est en train de se doter de la capacité nucléaire"

Sur un autre volet, le ministre des Affaires étrangères appelle une nouvelle fois les Etats-Unis à revenir sur une décision du président Trump. L'Iran est en train d'acquérir l'arme nucléaire et "il est urgent de dire que cela suffit", a estimé le ministre français des Affaires étrangères, plaidant pour un retour à l'accord de Vienne que Donald Trump avait brutalement quitté. "L'Iran -je le dis clairement- est en train de se doter de la capacité nucléaire", a estimé M. le Drian. "Il y a également une élection présidentielle en Iran à la mi-juin. Il est donc urgent de dire aux Iraniens que cela suffit et de prendre les dispositions pour que l'Iran et les Etats-Unis reviennent dans l'Accord de Vienne".

Cet accord prévoit une levée partielle des sanctions internationales contre l'Iran, en échange de mesures destinées à garantir que ce pays ne se dotera pas de l'arme atomique. Mais Donald Trump en était sorti unilatéralement en 2018. "En sortant de cet accord, l'administration Trump a choisi la stratégie qu'il a appelée de la pression maximale contre l'Iran. Le résultat, c'est que cette stratégie n'a fait que renforcer le risque et la menace. Il faut donc enrayer cette mécanique", a estimé le chef de la diplomatie française.

"Cela ne suffira pas", a-t-il toutefois ajouté. "Il faudra des discussions difficiles sur la prolifération balistique et les déstabilisations par l'Iran de ses voisins dans la région. Je suis tenu par le secret sur le calendrier de ce genre de dossier, mais il y a urgence".

L'Iran avait indiqué mercredi à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avancer dans sa production d'uranium métal pour servir de carburant à un réacteur. Le sujet est sensible car l'uranium métal peut être utilisé comme composant pour des armes nucléaires et l'accord de 2015 comporte une interdiction de 15 ans sur "la production ou l'acquisition de métaux de plutonium ou d'uranium ou leurs alliages".