Peu avant de passer à l'acte, Alek Minassian, le chauffeur de la camionnette qui a tué dix piétons et en a blessé quatorze autres, "majoritairement des femmes", lors de sa course folle, lundi, à Toronto, avait posté un message énigmatique sur le réseau social Facebook. Il y affirmait : "la rébellion des 'Incels' a déjà commencé". Mais quel est ce groupe auquel se réfère le meurtrier ? Combien sont-ils ? Et quels sont leurs caractéristiques ? Europe 1 fait le point.
Des hommes jeunes et hétérosexuels
Le terme "incel" est une abréviation anglophone pour "involontairement célibataire" ("Involuntary Celibate") qui renvoie à une communauté qui s'est construite sur Internet, principalement sur le site Incels.me, avec pour objectif, au départ, de venir en aide aux personnes frustrées dans leur vie sentimentale et sexuelle.
Selon un article publié en novembre dans le quotidien britannique The Guardian, 40.000 personnes feraient partie de cette communauté : principalement des hommes, jeunes - entre 18 et 35 ans - et hétérosexuels.
Un mépris des femmes
Ces hommes ont un point commun : celui d'être animé d'un certain mépris des femmes. Ils les accusent d'être responsables de leur insatisfaction sexuelle. Dans des messages postés sur des groupes de discussion en ligne, certains n'hésitent pas, d'ailleurs, à les insulter, les qualifiant de "salopes", voire "de déchets qui ne font que se servir des hommes", de "femoids", contraction de femme et d'humanoïde.
Des incitations au viol
Mais certains "célibataires involontaires" vont encore plus loin. Sur l'un des forums du site Incels.me, ils encouragent le harcélèment, voire le viol, relève le Guardian. En octobre dernier, l'un d'eux se serait même fait passer pour une femme à la recherche d'informations sur les meilleures façons de retrouver un violeur, une manière semble-t-il déguisée de glaner des informations pour échapper lui-même à une arrestation. D'autres se plaisent encore à affirmer que le viol est sûrement "beaucoup plus agréable que le sexe classique", relève encore Le Monde dans un article publié mardi.
L'éloge de meurtriers
Par ailleurs, plusieurs membres des "Incels" n'hésitent pas non plus à glorifier des meurtriers. Dans le message Facebook révélé cette semaine et attribué à Alek Minassian, il est question du "Gentleman" Elliot Rodger, l'auteur d'une fusillade perpétrée en Californie en 2014. Or ce dernier avait expliqué peu de temps avant son crime qu'il cherchait à se venger des femmes qui l'avait toujours "rejeté", rappelle Le Monde.
Peu après la tuerie de Toronto, plusieurs membres de forums dédiés au mouvement "Incels" ont également fait l'éloge de l'acte d'Alek Minassian, rapporte le Journal de Montréal dans un article publié mardi. Ils assurent que cette tuerie est un moyen de faire avancer la "cause".