Que peut-on attendre de l’Allemagne dans la lutte contre l’Etat islamique ?

© ALAIN JOCARD / AFP
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Si l’Allemagne fait partie de la coalition contre Daech, elle n’y participe pas militairement. Que peut donc espérer Hollande de sa rencontre avec Merkel ? 

Après sa rencontre mardi avec Barack Obama, François Hollande poursuit sa tournée diplomatique mercredi avec la visite à l’Elysée de la chancelière allemande Angela Merkel. Le président français cherche à rassembler le maximum d’Etats dans la lutte contre l'organisation Etat islamique mais qu’attendre de l’Allemagne, qui ne participe pas militairement à la coalition ?

Que fait l’Allemagne en ce moment contre l’Etat islamique ? L’armée allemande, le Bundeswehr, est uniquement présente en Irak. Elle y forme des combattants peshmergas et leur apporte un soutien matériel et logistique, comme l'explique un article de Slate. Il faut aussi rappeler que cette armée, créée en 1955, a pour but de "servir la paix" et "servir uniquement la défense", une référence explicite au passé nazi. Le site officiel de l’armée affirme ainsi qu' "un Etat de non-droit tel que le Troisième Reich ne peut pas être pris pour point de départ d’une tradition".

Des principes qui expliquent la réticence de l’Allemagne à s’engager dans des conflits armés. Et ce même après les attentats de Paris. La ministre de la Défense allemande avait ainsi affirmé qu’il ne fallait pas "tirer de conclusions hâtives" et qu’il fallait faire preuve de "pondération".

Une population majoritairement opposée à une implication militaire. Outre le cadre juridique allemand, il y a aussi la population, majoritairement opposée à une implication militaire. Selon un sondage réalisé vendredi dernier par Infratest dimap pour la chaîne de télévision ARD, quelque 52% des personnes interrogées sont opposées à une participation militaire de l’Allemagne en Irak et en Syrie.

Quelles sont les autres options ? Si l’option militaire semble donc exclue, quelle aide peut apporter l’Allemagne dans la lutte contre l’EI ? "L’Allemagne peut déjà aider diplomatiquement vis-à-vis de la Russie et de la Turquie", explique à Europe 1, Jean-Pierre Aulny, le directeur adjoint de l’institut des relations internationales et stratégiques (IRIS). "Il y a aussi la question du partage des taches : la France étant déjà engagée sur plusieurs fronts, on peut demander à l’Allemagne une mutualisation des forces sur les différents théâtres d’opération".

Et c’est ce qui semble se profiler puisque l’Allemagne a annoncé mercredi matin qu’elle souhaitait envoyer des soldats au Mali pour soulager la France. Le pays devrait ainsi soumettre "sous peu" un nouveau mandat au Bundestag portant sur "une force de 650 soldats" pour appuyer la mission de l’ONU au Mali.

L’Allemagne pourrait-elle aussi apporter une contribution financière dans la lutte contre l’EI ? Le chercheur estime que cela va plutôt se jouer au niveau de l’Europe : "ce qu’on va certainement demander à l’Union européenne c’est d'avoir une flexibilité sur le respect du Traité de Maastricht". Jean-Pierre Maulny émet enfin une dernière hypothèse : "on peut aussi très bien imaginer que si la France veut mettre ses capacités aériennes en Syrie, elle demande à l’Allemagne de faire de la police aérienne. C’est théoriquement possible même si concrètement, ça parait compliqué".