Ban Ki-moon exhorte "toutes les parties" à reprendre les évacuations à Alep

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Jeudi, trois convois de bus et d'ambulances ont pu quitter Alep. © OMAR HAJ KADOUR / AFP
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avec agences , modifié à
"Les Nations unies mobilisent toutes les ressources et le personnel possible" et demandent la reprise du processus d'évacuation interrompu vendredi à Alep, selon Ban Ki-moon. 

Plusieurs milliers de civils et combattants ont été évacués de la ville d'Alep, jeudi. Vendredi matin, une source de la sécurité syrienne a affirmé que l'opération d'évacuation était suspendue par les forces du régimes. Mais où en est vraiment la situation ? Les combats sont-ils en passe de se terminer ? Les évacuations vont-elles reprendre ? Plusieurs informations contradictoires ont circulé toute la journée. 

Les principales informations à retenir

  • L'opération d'évacuation des habitants d'Alep a été suspendue vendredi matin
  • Plus de 6.400 habitants d'Alep avaient déjà quitté la ville
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir à partir de 18 heures (heure française) 
  • L'armée russe a annoncé la fin de l'évacuation, une information démentie par la Turquie 

L'évacuation stoppée. L'opération d'évacuation de milliers de civils et combattants des derniers quartiers rebelles d'Alep a été suspendue vendredi par les forces du régime, a affirmé une source de la sécurité syrienne. "Les hommes armés n'ont pas respecté les conditions de l'accord", a justifié cette source.

Les humanitaires ont reçu l'ordre de se retirer. Un responsable de l'Organisation mondiale de la santé a déclaré que les équipes de l'OMS, du Comité international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge avaient reçu l'ordre de quitter Alep-Est vendredi après la suspension de l'évacuation des civils et des rebelles. Il a dit supposer que cet ordre venait de la Russie, qui supervise l'évacuation.

Selon l'organe de communication militaire du Hezbollah, des "manifestants" bloquent le passage pour réclamer l'évacuation des villages chiites de Foua et Kefraya, prévue dans le cadre de l'accord. Un responsable rebelle a accusé de son côté des miliciens chiites d'avoir tiré sur un convoi. Une journaliste de Reuters a entendu quatre explosions sur le site d'où partent les bus.

Alep évacuation bus crédit : STRINGER / AFP

Une évacuation terminée selon Moscou, pas selon la Turquie. "Les opérations d'évacuation des combattants et de leurs familles des quartiers est d'Alep conduites par le centre de réconciliation [l'armée russe, ndlr] sont terminées", a indiqué le ministère russe de la Défense dans un communiqué. "Toutes les femmes et les enfants se trouvant dans les quartiers sous contrôle des combattants ont été évacués", affirme le ministère. L'armée russe affirme avoir évacué plus de 4.500 rebelles et 337 blessés, pour un total de 9.500 personnes évacuées d'Alep.

Selon Moscou, "des unités de l'armée syrienne poursuivent la libération des quelques quartiers d'Alep où se trouvent des radicaux". Mais à Alep, un général syrien a indiqué que l'opération était "suspendue, pas finie". La Turquie aussi affirmé que son côté que l'évacuation d'Alep-Est "n'est pas terminée". 

 

Alep évacuation bus crédit : GEORGE OURFALIAN / AFP

40.000 civils encore piégés. "Personne ne sait combien de gens sont encore dans les quartiers rebelles" en passe de tomber aux mains du régime, a expliqué la représentante du CICR en Syrie, Marianne Gasser, en soulignant que l'évacuation "pourrait prendre des jours". Néanmoins, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a estimé à environ 50.000 le nombre de civils encore piégés dans le réduit rebelle et à entre 1.500 et 5.000 celui des combattants et leurs familles.

Plus de 50 blessés graves accueillis en Turquie. "Depuis le début de l'évacuation, plus de 50 blessés graves ont été accueillis en Turquie", a affirmé Kerem Kinik, président du Croissant rouge turc au poste-frontière de Cilvegözü, pendant turc du passage syrien de Bab al-Hawa. "Les blessés sont tous des civils (...) qui viennent d'Alep-Est", a-t-il précisé. Selon Kerem Kinik, les ONG turques sont en train de préparer un camp de 10.000 tentes pour les déplacés dans la province d'Alep, près de la frontière turque.

"Selon le maire d'Alep-Est, 70.000 personnes vont être évacuées dans cette opération", a ajouté le responsable du Croissant rouge. "Dans le pire scénario, nous envisageons d'accueillir 30.000 personnes dans des camps de déplacés à Idleb" dans le nord-ouest de la Syrie, a-t-il ajouté, précisant qu'il ne s'agissait pas de camps turcs. 

Vers un veto russe ? Alors que les multiples veto russes ont bloqué toute action du Conseil de sécurité de l'ONU sur Alep, une nouvelle réunion est prévue vendredi à la demande de la France. Elle prendra la forme de consultations à huis clos à partir de midi (18h en France) et portera sur l'évacuation des civils et sur l'aide humanitaire à apporter aux habitants d'Alep, ainsi que sur la nécessité de déployer des "observateurs internationaux" sous l'égide de l'ONU. "Je n'imagine même pas" que la Russie puisse s'opposer à cette "résolution humanitaire", a déclaré le président français François Hollande jeudi soir. En attendant la réunion de l'ONU, Ban Ki-moon, son secrétaire général, a appelé "toutes les parties" à reprendre les évacuations, vendredi en fin d'après-midi. De son côté, l'ambassadrice américaine, Samantha Power, a indiqué que le Conseil de sécurité pourrait voter dès ce week-end sur la résolution française demandant le déploiement d'observateurs internationaux pour superviser les évacuations.