Nagorny Karabakh 1:30
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Antoine Bienvault avec AFP / Crédits photo : STRINGER / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP , modifié à
Mardi, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir lancé des "opérations antiterroristes" visant les forces arméniennes au Nagorny Karabakh. Cette annonce intervient trois ans après le début de la précédente guerre du Karabakh en septembre 2020, conflit remporté à l'époque au bout de six semaines par les forces azerbaïdjanaises.
L'ESSENTIEL

L'Azerbaïdjan a annoncé mardi avoir lancé des "opérations antiterroristes" visant les forces arméniennes au Nagorny Karabakh, région que se disputent Arméniens et Azerbaïdjanais et où des détonations ont été entendues par un journaliste de l'AFP dans la capitale Stepanakert. Cette annonce intervient trois ans après le début de la précédente guerre du Karabakh en septembre 2020, conflit remporté à l'époque au bout de six semaines par les forces azerbaïdjanaises.

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Les principales informations :

- L'Azerbaïdjan a lancé une opération militaire au Nagorny Karabakh

- Cinq personnes sont mortes et 80 sont blessées, rapportent les séparatistes

- L'Azerbaïdjan promet de respecter les "droits et la sécurité" des Arméniens du Karabakh, alors que les réactions internationales se multiplient

- Le Premier ministre arménien a évoqué avec Emmanuel Macron l'opération azerbaïdjanaise

- La Russie essaye de "convaincre" l'Arménie et l'Azerbaïdjan de revenir "à la table des négociations"

"Des opérations antiterroristes ont commencé dans la région. Dans le cadre de ces mesures, les positions des forces armées arméniennes (...) sont mises hors d'état de nuire à l'aide d'armes de haute précision sur la ligne de front et en profondeur", a indiqué le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué.

Les autorités du Karabakh appellent l'Azerbaïdjan au cessez-le-feu et à des négociations

Les autorités du Nagorny Karabakh ont appellé mardi l'Azerbaïdjan au cessez-le-feu et à des négociations, quelques heures après le lancement par Bakou d'une opération militaire dans cette région séparatiste que se disputent Arméniens et Azerbaïdjanais. "Artsakh (le nom que les Arméniens donnent au Karabakh, ndlr) appelle la partie azerbaïdjanaise à cesser le feu immédiatement et à s'asseoir à la table des négociations", a indiqué sur X (ex-Twitter) le ministère des Affaires étrangères du territoire séparatiste.

En parallèle, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a évoqué mardi au téléphone avec le président français Emmanuel Macron l'opération militaire lancée par l'Azerbaïdjan au Nagorny Karabakh, appelant à la "désescalade". "La situation au Nagorny Karabakh après l'attaque de l'Azerbaïdjan a été discutée", a indiqué sur Facebook la porte-parole de M. Pachinian, Nazeli Baghdasaryan. Selon elle, les deux dirigeants ont jugé "inadmissible" le "recours à la force" et estimé "nécessaire" une "désescalade" dans l'enclave.

L'Azerbaïdjan bloque l'accès à TikTok

L'Azerbaïdjan a annoncé mardi bloquer "temporairement" l'accès au réseau social TikTok, quelques heures après avoir lancé une opération militaire au Nagorny Karabakh, région disputée avec l'Arménie depuis plusieurs décennies. "L'accès à TikTok en Azerbaïdjan a été temporairement bloqué à partir du 19 septembre 2023", a simplement indiqué à l'AFP le ministère azerbaïdjanais du Développement digital, sans donner plus de précisions.

Dans le même temps, l'Azerbaïdjan a promis de respecter les "droits et la sécurité" des Arméniens du Nagorny Karabakh. "Les droits et la sécurité des civils d'origine arménienne au Karabakh seront respectés conformément à la Constitution et aux obligations internationales de l'Azerbaïdjan", a déclaré Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.

Cinq morts et 80 blessés selon les séparatistes

Selon un nouveau bilan des séparatistes, les combats au Karabakh ont fait cinq morts et 80 blessés. Plus tôt dans la journée, au moins deux civils ont été tués et 23 autres blessés dans l'opération militaire azerbaïdjanaise lancée plus tôt dans la journée au Nagorny Karabakh, avaient annoncé les autorités séparatistes arméniennes de cette enclave.

"Le nombre de blessés civils est passé à 23. Le nombre rapporté de victimes civiles est (lui) de deux", a déploré sur X (ex-Twitter) Gegham Stepanyan, le défenseur des droits de la région séparatiste. "Des infrastructures civiles sont également prises pour cible" par l'armée azerbaïdjanaise, a-t-il affirmé.

Des réactions internationales

La Russie, "préoccupée" par "l'escalade brutale" de la situation au Nagorny Karabakh, où l'Azerbaïdjan a lancé une opération militaire contre les séparatistes arméniens, s'efforce de faire revenir Erevan et Bakou "à la table des négociations", a déclaré mardi le Kremlin.

La France a elle condamné "avec la plus grande fermeté" le lancement par l'Azerbaïdjan d'une opération militaire au Haut-Karabakh et demandé "la convocation d'urgence d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies". La cheffe de la diplomatie française dénonce également une opération "illégale, injustifiable, inacceptable".

L'Azerbaïdjan ouvre le feu sur des positions militaires au Karabakh

Un journaliste de l'AFP à Stepanakert a indiqué avoir entendu mardi en début d'après-midi des détonations dans la ville, sans pouvoir donner plus de précisions. "L'Azerbaïdjan a ouvert le feu sur divers positions militaires au Karabakh", a indiqué pour sa part sur Facebook le député arménien Tigran Abrahamian. L'Azerbaïdjan a précisé avoir informé la Russie et la Turquie de son opération au Karabakh.

Bakou a justifié son opération militaire par la mort de quatre policiers et deux civils dans l'explosion de mines sur un chantier routier au Nagorny Karabakh, accusant les séparatistes arméniens de cette région disputée d'avoir commis ces actes de "terrorisme".

Erevan accuse Bakou de causer une crise humanitaire

Le Nagorny Karabakh, théâtre de deux guerres entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, au début des années 1990 puis à l'automne 2020, est l'une des régions les plus minées d'ex-URSS. Des explosions y font régulièrement des victimes. Cette région montagneuse à majorité arménienne située en Azerbaïdjan a proclamé son indépendance de Bakou à la désintégration de l'URSS, avec le soutien d'Erevan, entraînant un conflit armé remporté par les séparatistes.

Mais 30 ans plus tard, à l'automne 2020, les forces armées azerbaïdjanaises ont pris leur revanche et reconquis d'importants territoires dans et autour de la région. Cette guerre s'était achevée après une médiation de Vladimir Poutine et le déploiement d'une mission de maintien de la paix russe. Mais la trêve a toujours été fragile et émaillée d'incidents armés.

Ces nouveaux incidents interviennent alors qu'Erevan accuse Bakou, qui dément, de causer une crise humanitaire au Nagorny Karabakh en bloquant depuis fin 2022 le corridor de Latchine, seule route entre l'Arménie à l'enclave montagneuse. L'Arménie reproche aussi à la Russie son inaction. Bakou, fort du soutien de la Turquie et de sa manne pétrolière, a bâti une armée bien plus puissante que celle de son voisin arménien.