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Nicolas Tonev / Crédits photo : OLGA MALTSEVA / AFP , modifié à
Le président russe a pris la parole ce jeudi soir à la télévision pour évoquer au passé Evgueni Prigojine, chef de la milice Wagner, tué dans le crash de son avion. S'il évoque un "businessman talentueux", chez les observateurs le doute n'est plus de mise. Prigojine et ses principaux collaborateurs ont été éliminés avec sans doute le consentement de Vladimir Poutine.

"C'est un homme au destin compliqué. Il a commis de graves erreurs dans sa vie. C'était un homme et un businessman talentueux." Voilà l'hommage contrasté que Vladimir Poutine a livré pour évoquer le chef de la milice Wagner, Evgueni Prigojine, décédé dans le crash de son avion mercredi. Chez la plupart des observateurs, le doute n'est plus de mise : lui et ses principaux collaborateurs ont été éliminés avec sans doute le consentement du président russe. Le démantèlement du tentaculaire groupe Wagner va donc pouvoir se poursuivre, probablement au bénéfice des proches de Vladimir Poutine.

80 oligarques à fidéliser

Avec la disparition de Prigojine et de son état-major, ce trésor immense qu'est Wagner - avec ses combattants, ses contrats juteux, son influence en Afrique - devient pour Vladimir Poutine un moyen de récompenser ses fidèles, avec des répartitions savantes destinées à consolider le pouvoir du Kremlin. Le premier servi depuis juin dernier est Sergueï Choïgou, le ministre de la Défense. Fidèle parmi les fidèles, il gagne de l'influence avec la reprise des moyens de combat de bagnards et la mainmise de l'armée sur les combats.

En creux aussi, plus de possibilités d'enrichissement : la certitude pour Poutine d'être tranquille côté armée. Les juteux contrats publics, qui avaient rapporté quasiment un milliard d'euros au groupe Wagner l'an dernier, sont également à reprendre. Environ 80 oligarques proches du pouvoir et des services sont impliqués financièrement dans l'effort de guerre. Ce sont autant de personnes à récompenser pour les fidéliser, avec en priorité ceux issus de Saint-Pétersbourg, comme Vladimir Poutine. Et les lucratifs trafics issus des mines africaines sont aussi à reprendre et à redistribuer. Le problème sera là de trouver un équilibre avec les perdants pour ne pas recréer trop de nouveaux ennemis trop puissants.