Méditerranée : la Turquie ne fera "aucune concession", affirme Erdogan

"Nous ne ferons absolument aucune concession sur ce qui nous appartient", a déclaré Recep Tayyip Erdogan
"Nous ne ferons absolument aucune concession sur ce qui nous appartient", a déclaré Recep Tayyip Erdogan © AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
La Turquie ne fera "aucune concession" pour défendre ses intérêts gaziers en Méditerranée orientale, a affirmé mercredi le président Erdogan, appelant la Grèce à se garder de commettre toute "erreur" qui mènerait à sa "ruine". Dans le même temps, la France a averti que la Méditerranée orientale ne pouvait pas constituer "un terrain de jeu" pour des "ambitions" nationales.

"La Turquie prendra ce qui lui revient de droit en mer Noire, en mer Egée et en Méditerranée (...) Nous ne ferons absolument aucune concession sur ce qui nous appartient", a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours martial. "Pour cela, nous sommes déterminés à faire tout ce qui est nécessaire sur les plans politique, économique et militaire", a-t-il ajouté. Ces déclarations interviennent en pleine escalade des tensions entre Ankara et Athènes en Méditerranée orientale, où la découverte d'importants gisements gaziers ces dernières années a aggravé des disputes anciennes entre ces deux pays voisins concernant leurs frontières maritimes.

"La Turquie n'est plus un pays dont la patience peut être testée"

La Turquie a déployé depuis le 10 août un navire de recherche sismique accompagné d'une escorte militaire dans une zone revendiquée par Athènes, provoquant l'ire de la Grèce qui a également déployé des bâtiments dans la région. "Nous invitons nos interlocuteurs à (...) se garder de toute erreur qui ouvrirait la voie à leur ruine", a lancé M. Erdogan, dans une allusion à la Grèce qu'il n'a toutefois pas nommée.

Le discours au vitriol de Recep Tayyip Erdogan intervient au lendemain d'un déplacement à Athènes et Ankara du chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, dont le pays s'efforce d'apaiser les tensions par une médiation.  Ankara est prêt au dialogue, mais seulement si Athènes ne pose aucune "condition préalable", a indiqué mardi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu. Sur le terrain, la situation semble explosive, Ankara et Athènes, deux membres de l'Otan aux relations historiquement délicates, ayant mené mardi des manœuvres navales rivales.

"Le respect du droit international doit être la règle et non l'exception", dit la France

La Grèce, la France, l'Italie et Chypre doivent en outre conduire de mercredi à vendredi un exercice militaire conjoint en Méditerranée orientale, au Sud de la Crète et de Chypre. La France, qui soutient la Grèce dans cette dispute, a déclaré mercredi que la Méditerranée ne devait pas être "un terrain de jeu" pour des "ambitions de certains". "Le respect du droit international doit être la règle et non l'exception", a indiqué la ministre des Armées Florence Parly. "Notre message est simple : priorité au dialogue, à la coopération et à la diplomatie pour que la Méditerranée orientale soit un espace de stabilité et de respect du droit international", a-t-elle martelé.

Reprochant à Athènes de vouloir rallier l'Union européenne contre Ankara, Recep Tayyip Erdogan a affiché mercredi un air de défiance. "La Turquie n'est plus un pays dont la patience, la détermination, les moyens et le courage peuvent être testés (...) Ceux qui veulent s'opposer à nous et qui sont prêts à en payer le prix, qu'ils le fassent. Sinon, qu'ils s'écartent de notre chemin", a-t-il déclaré.