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L'Iran n'est «pas loin» de disposer de la bombe atomique, affirme le chef de l'AIEA

Europe 1 avec AFP . 3 min
L'Iran n'est «pas loin» de disposer de la bombe atomique, affirme le chef de l'AIEA
L'Iran n'est «pas loin» de disposer de la bombe atomique, affirme le chef de l'AIEA © Kaname Muto / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

L'Iran n'est "pas loin" de disposer de la bombe atomique a affirmé Rafael Grossi, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique doit se rendre à Téhéran ce mercredi dans le cadre de discussions sur le nucléaire, alors que les États-Unis et l'Iran ont ouverts de nouveaux pourparlers sur la question.

L'Iran n'est "pas loin" de disposer de la bombe atomique, a averti le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), avant son arrivée mercredi après-midi à Téhéran pour des discussions sur le nucléaire. Les pays occidentaux, États-Unis en tête, soupçonnent de longue date l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l'énergie.

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"Ils n'en sont pas loin"

"C'est comme un puzzle, ils (les Iraniens, NDLR) ont les pièces et ils pourraient éventuellement un jour les mettre ensemble. Il reste du chemin à parcourir avant d'y parvenir. Mais ils n'en sont pas loin, il faut le reconnaître", a déclaré le chef de l'AIEA, Rafael Grossi, dans un entretien au journal Le Monde publié mercredi.

Sa visite dans la capitale iranienne intervient avant de nouveaux pourparlers entre l'Iran et les États-Unis samedi sur l'épineuse question du nucléaire. L'AIEA, instance onusienne basée à Vienne en Autriche, est chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.

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"Il ne suffit pas de dire à la communauté internationale 'nous n'avons pas l'arme nucléaire' pour que l'on vous croie. Il faut que nous puissions vérifier", ajoute M. Grossi dans cet entretien. A Téhéran, Rafael Grossi doit rencontrer dans les prochaines heures le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, puis jeudi le chef de l'Organisation de l'énergie atomique d'Iran, Mohammad Eslami, selon l'agence Isna.

"Pas négociable"

Les discussions indirectes entre l'Iran et les États-Unis, entamées le weekend dernier à Oman sous médiation omanaise, se poursuivront samedi à Rome en Italie, et non à Oman comme précédemment annoncé, a indiqué mercredi la télévision d'État iranienne. Un porte-parole du ministère italien des Affaires étrangères a confirmé l'information à l'AFP.

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A quelques jours de ces pourparlers, le chef de la diplomatie iranienne a affirmé que la question de l'enrichissement d'uranium n'était "pas négociable" pour Téhéran. "L'Iran doit stopper son programme d'enrichissement et de militarisation nucléaires, et l'éliminer", avait écrit mardi l'émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, sur le réseau social X.

Cette déclaration apparaît à rebours de ses propos tenus la veille sur la chaîne Fox News : il s'était alors abstenu de réclamer un démantèlement total du programme nucléaire iranien.

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"En diplomatie, un tel changement (impulsé par des faucons incapables de saisir la logique et l'art de négocier de manière sensée) risque de compromettre toute ouverture", a fustigé sur X le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. Ce message fait référence au changement de position de l'administration Trump, selon l'agence de presse officielle Irna.

M. Araghchi, à la tête de la délégation de négociateurs iraniens, est attendu jeudi en Russie pour des discussions sur le nucléaire. Il transmettra au président russe, Vladimir Poutine, un message écrit du guide suprême iranien.

Navette diplomatique

La Russie est l'un des membres d'un accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, mais devenu caduc à la suite de la décision des États-Unis de s'en retirer en 2018. La France, le Royaume-Uni, la Chine et l'Allemagne font également partie du pacte.

Le texte prévoyait la levée de certaines sanctions internationales visant l'Iran en échange d'un encadrement de son programme nucléaire par l'Agence internationale de l'énergie atomique. Selon l'AIEA, l'Iran respectait ses engagements jusqu'au retrait décidé en 2018 par Donald Trump et le rétablissement des sanctions. Depuis son retour à la Maison Blanche, il appelle l'Iran à négocier un nouveau texte mais menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a dit mercredi souhaiter "conclure" un accord avec les Etats-Unis autour du programme nucléaire. Mardi, le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur sur les questions stratégiques, a salué les discussions en cours, mais s'est dit sceptique sur leur issue.

Le pays est le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60%), proche des 90% nécessaires à la fabrication de l'arme atomique, tout en continuant à accumuler d'importants stocks de matière fissile, selon l'AIEA. L'accord de 2015 plafonnait ce taux à 3,67%.