L'inquiétude d'une escalade militaire s'étend après la mort de 33 soldats turcs en Syrie

Un bâtiment éventré à Idleb. Image d'illustration.
Un bâtiment éventré à Idleb. Image d'illustration. © OMAR HAJ KADOUR / AFP
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avec AFP
Les réactions se multiplient au niveau international après la mort d'au moins 33 militaires turcs dans la région d'Idleb (nord-ouest de la Syrie) dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie. L'Union européenne s’inquiète d'un risque de "confrontation militaire internationale majeure".

L'Union européenne s'inquiète d'un "risque de confrontation militaire internationale majeure" en Syrie et "envisagera toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts en matière de sécurité", a annoncé vendredi le chef de sa diplomatie Josep Borrell. "Il est urgent de mettre un terme à l'escalade actuelle. Il y a un risque de glissement vers une confrontation militaire internationale ouverte majeure", a-t-il déclaré dans un message sur son compte twitter.

"L'UE appelle toutes les parties à une désescalade rapide et regrette toutes les pertes de vies humaines", a-t-il ajouté. "L'UE envisagera toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts en matière de sécurité. Nous sommes en contact avec tous les acteurs concernés", a-t-il encore conclu.

Cette intervention intervient après la mort dans la nuit de jeudi à vendredi d'au moins 33 militaires turcs dans la région d'Idleb (nord-ouest de la Syrie) dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu militairement par la Russie.

Poutine et Erdogan inquiets de "l'escalade des tensions" en Syrie

Seize combattants du régime syrien ont par ailleurs été tués par des bombardements de représailles menés par l'armée turque, toujours dans la province d'Idleb, a rapporté vendredi une ONG. Les bombardements turcs menés "par l'artillerie ou avec des drones" armés ont visé des positions du régime notamment dans le sud ou dans l'est de la province d'Idleb, a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les autorités de Damas n'ont pas commenté l'escalade avec Ankara dans cette province du nord-ouest de la Syrie, ni fourni de bilan.

Les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan ont également eu une conversation vendredi par téléphone et se sont dits "inquiets de l'escalade des tensions". Les deux chefs d'Etat "ont poursuivi leurs échanges de vues sur la situation en Syrie", indique le Kremlin dans un communiqué, ajoutant qu'ils sont "sérieusement inquiets de l'escalade des tensions à Idleb". Selon le communiqué, ils ont aussi évoqué la nécessité "d'améliorer l'efficacité" des canaux de communication entre les armées des deux pays, ainsi que de "prendre des mesures supplémentaires" pour normaliser la situation. "Il est convenu d'intensifier les consultations interministérielles pertinentes et d'étudier la possibilité de tenir prochainement un sommet", ajoute le communiqué.

Un peu plus tôt, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov avait présenté ses condoléances à la Turquie, assurant vouloir éviter que de "telles tragédies" se reproduisent et que Moscou "fait tout pour assurer la sécurité des soldats turcs" déployés en Syrie. "Nous présentons nos condoléances et nous faisons tout pour que la sécurité des soldats turcs qui garantissent le régime de désescalade dans la zone d'Idleb soit assurée", a déclaré Sergueï Lavrov lors d'une conférence de presse à Moscou. Il a toutefois prévenu qu'"en réponse aux violations constantes du régime de cessez-le-feu dans la zone, l'armée syrienne a parfaitement le droit de répliquer". "Nous ne pouvons pas leur interdire", a-t-il ajouté.

Des conséquences sur les flux migratoires ? 

Les lourdes pertes essuyées par Ankara jeudi interviennent après des semaines de tensions croissantes à Idleb entre les forces turques et celles du régime, qui se sont affrontées à plusieurs reprises depuis le début du mois. Après la mort d'au moins 33 soldats turcs, la Russie, alliée du régime syrien, a accusé vendredi les troupes d'Ankara d'avoir été parmi des "unités combattantes de groupes terroristes". Les bombardements meurtriers de jeudi portent à au moins 53 le nombre de militaires turcs tués à Idleb en février.

Et cette escalade risque d'avoir des conséquences sur les flux migratoires : un haut responsable turc a déclaré vendredi matin que la Turquie n'empêcherait plus les migrants qui essaient de se rendre en Europe de franchir la frontière. La Grèce a décidé de renforcer ses patrouilles à la frontière avec la Turquie après cette annonce.