Les victimes des attentats en Irak ne sont pas juste un numéro

Un Londonien a décidé de rendre hommage à chacune des 200 victimes du marché de Karrada pour dénoncer la différence de traitement dans les médias.
Un Londonien a décidé de rendre hommage à chacune des 200 victimes du marché de Karrada pour dénoncer la différence de traitement dans les médias. © AHMAD AL-RUBAYE / AFP
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Un Londonien a décidé de rendre hommage à chacune des 200 victimes du marché de Karrada pour dénoncer la différence de traitement dans les médias.

Ils étaient étudiants, hommes d’affaires, pharmaciens, pères ou mères de famille, frères et soeurs. Ils avaient 5, 20, 50 ou 70 ans. Ils s’appelaient Abel, Mustafa, Ruqayya, Hadi ou encore Ahmad. Tous ont été tués dimanche dans l'un des pires attentats jamais perpétrés en Irak, dans un quartier populaire où les Bagdadis aiment se promener après la rupture du jeûne en ce mois de ramadan.

Plus de 200 morts, selon un bilan provisoire. De nombreux disparus aussi. Pourtant, l’émoi suscité par cette attaque revendiquée par Daech a été de courte durée. Une banalisation du terrorisme en Irak que dénoncent lundi les internautes à travers le hashtag "Not just  a number", "pas seulement un numéro".

Une soirée chaude, après la rupture du jeûne

Quand l’explosif, placé par l’organisation Etat islamique dans un camion garé à deux pas du marché de Karrada a été déclenché, Adel, qui devait se marier cet été, était en train de flâner. Mustafa, lui, était, comme d’habitude, derrière son étal dans le marché, particulièrement bondé en cette soirée de forte chaleur.

Comme 198 autres personnes, ces deux jeunes hommes irakiens ont été tués, soufflés par l’explosion d’une extrême violence. 200 morts dont les visages circulent sur les réseaux sociaux.

Pour dénoncer la banalisation des attaques terroristes en Irak – là où les attentats en Occident sont couverts par tous les médias – le Londonien Mustafa al-Najafi a décidé de rendre hommage à chacune de ces victimes. Dans une série de messages postés sur Twitter, il raconte leur histoire, leur vie fauchée alors qu’elles s’affairaient dans le quartier du marché de Karrada un soir de ramadan.

Grâce à Mustafa al-Najafi, dont les messages ont été relayés par un grand nombre d’internautes, Abel, Mustafa, Ruqayya, Hadi ou encore Ahmad ne sont plus un simple numéro.

Le prix du sang

Parmi les nombreux internautes émus par la différence de traitement entre les attentats de Paris, Bruxelles et Bagdad, la blogueuse mode anglo-irakienne, Zukreat Nazar, a posté un message sur sa page Facebook. Un message partagé plus de 10.000 fois par les internautes qui la suivent.

La jeune femme a écrit, sous une photo du marché de Karrada tâchée de sang : "Je suis allée sur le marché, acheter du sang. Ils m'ont montré ce qu’ils avaient. Le sang le plus cher venait de Paris, le suivant de Bruxelles. J'ai dit, montrez-moi quelque chose de moins cher, ils m'ont montré le sang du Pakistan et de la Turquie. J'ai dit : et celui-là, c’est combien ? Il m'a dit : personne ne s'intéresse à ce sang, personne n'en veut, il est gratuit, il coule tous les jours. Quel est ce sang ? ai-je dit en pleurant. Ils ont répondu: 'c'est le sang de l'Irak'".