Le journaliste slovaque assassiné a été pris pour cible expressément

Jan Kuciak s’apprêtait à publier une enquête sur la corruption.
Jan Kuciak s’apprêtait à publier une enquête sur la corruption. © VLADIMIR SIMICEK / AFP
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avec AFP
Selon le procureur général de Slovaquie, Jaromir Ciznar, les enquêteurs sont pratiquement certains que "l'attaque était dirigée expressément" contre Jan Kuciak. 

Le journaliste slovaque assassiné en février au moment où il s'apprêtait à publier une enquête explosive sur la corruption présumée au plus haut niveau dans son pays, a probablement été pris pour cible expressément, ont confirmé mercredi les procureurs slovaques.

Selon la police, qui a trouvé les corps de Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova tués par balles dans leur maison, ce meurtre était "très probablement" liée à l'enquête qu'il avait menée sur des liens entre les politiciens de haut niveau et la tristement célèbre mafia italienne "Ndrangheta".

Deux balles dans le cœur. Le procureur général de Slovaquie, Jaromir Ciznar, a déclaré mercredi à Bratislava que les enquêteurs étaient pratiquement certains que "l'attaque était dirigée expressément contre lui (Jan Kuciak)" alors que Martina Kusnirova s'était retrouvée "au mauvais endroit et au mauvais moment".

Un procureur slovaque qui, sous le couvert de l'anonymat, avait parlé aux journalistes en mars a révélé à l'époque que Martina Kusnirova avait été "abattue d'une balle dans la tête" alors que Jan Kuciak avait "été touché par deux balles dans le cœur". Rien n'avait été volé, avait-il ajouté.

Le pays plongé dans la crise. Le double meurtre a soulevé de profondes inquiétudes sur la liberté des médias et la corruption en Slovaquie, et ont plongé ce pays dans une crise profonde. Des manifestations massives hebdomadaires à Bratislava et dans d'autres villes ont forcé le gouvernement à démissionner en mars.

Le nouveau gouvernement a conservé la plupart des membres de l'ancien cabinet de Robert Fico, dont le proche collaborateur Peter Pellegrini est devenu nouveau Premier ministre. Selon des analystes, Robert Fico continue de tirer les ficelles dans les coulisses du pouvoir alors qu'il reste président du parti au pouvoir, Smer-SD.

La Slovaquie a déclaré la semaine dernière qu'elle allait extrader en Italie l'homme d'affaires italien Antonino Vadala accusé de trafic de drogue, que Jan Kuciak avait cité dans son enquête lui attribuant des liens avec la mafia italienne, avec des proches de Robert Fico et avec d'autres membres de son gouvernement. Antonino Vadala a été arrêté en mars suite à un mandat d'arrêt européen lancé par l'Italie l'an dernier. Il est accusé aussi de tentative de fraude sur des subventions européennes en Slovaquie. Il a catégoriquement rejeté les allégations qui ont été formulées dans l'article de Jan Kuciak.