Le Grand maître de l'Ordre de Malte cède au pape et démissionne

"Mardi après-midi, le Grand maître a été reçu par le pape François qui lui a demandé de démissionner. Le Grand maître a accepté", a précisé une porte-parole de L'Ordre de Malte.
"Mardi après-midi, le Grand maître a été reçu par le pape François qui lui a demandé de démissionner. Le Grand maître a accepté", a précisé une porte-parole de L'Ordre de Malte. © GABRIEL BOUYS / POOL / AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Le bras de fer aura duré un mois entre le pape François et le Grand maître de l'Ordre de Malte, Matthew Festing. Ce dernier a finalement accepté de démissionner. 

Après un mois d'un bras de fer inédit entre l'Ordre souverain de Malte et le Saint-Siège, le Grand maître de l'Ordre Matthew Festing a accepté de démissionner à la demande du pape François, a-t-on appris mercredi auprès de l'organisation.

Une demande du pape François. "Mardi après-midi, le Grand maître a été reçu par le pape François qui lui a demandé de démissionner. Le Grand maître a accepté", a précisé une porte-parole. L'Ordre de Malte, l'une des plus anciennes institutions chrétiennes, un Etat sans territoire, avait refusé catégoriquement au nom de sa souveraineté une enquête interne ordonnée par le pape François. Le Grand maître était même allé jusqu'à remettre en cause le choix des enquêteurs, obligeant le Vatican à réagir.

Le bras de fer est apparu après le départ forcé, le 6 décembre 2016, du numéro trois de l'Ordre, Albrecht von Boeselager, un Allemand en poste depuis 2014. Selon des sources proches du dossier, l'affaire tourne grandement autour d'une bataille politique. Elle a également éclaté au moment où le frère d'Albrecht von Boeslager a été nommé au sein du conseil d'administration de la Banque du Vatican (IOR), en plein assainissement après avoir été éclaboussée par des scandales ces dernières années. "Le timing est très significatif", avance une source. Le 21 décembre, le pape avait nommé une commission d'enquête de cinq membres chargés d'y voir plus clair.

Un débat sur le préservatif. Le renvoi du responsable allemand avait été notifié en présence du cardinal américain Raymond Burke, représentant du pape à la tête de l'Ordre. Or cet ultra-conservateur, placé à ce poste honorifique pour être écarté du gouvernement du Vatican, défie ouvertement le pape sur un texte important sur les divorcés. La distribution de préservatifs par des employés d'un dispensaire de l'Ordre de Malte en Birmanie, à destination de populations à risque comme les prostituées, a aussi été avancée par des médias catholiques pour expliquer le départ forcé d'Albrecht von Boeslager. Mais ce dernier aurait immédiatement arrêté la distribution de préservatifs en l'apprenant. L'utilisation de préservatifs est un sujet encore largement tabou au sein de l'Eglise catholique.

L'Ordre de Malte, dont les origines remontent aux croisades, a été fondé à Jérusalem en 1048 comme une communauté d'hospitaliers chargés de soigner les malades, avant d'être reconnu par le pape en 1113. Aujourd'hui actif dans 120 pays, il gère des hôpitaux et dispensaires, avec 13.500 membres et 100.000 employés ou bénévoles. Le Britannique Matthew Festing, qui était en principe nommé à vie, doit encore réunir son Conseil souverain pour que la démission soit formellement entérinée.