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Rémi Duchemin , modifié à
Deux jours après le crash d’un Boeing qui a causé la mort de 176 personnes près de Téhéran, les autorités américaines et canadiennes semblent privilégier la thèse d’un tir accidentel de missile. Selon le général Dominique Trinquant, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, c’est possible, mais une enquête devra le déterminer.
INTERVIEW

"Ce n'était peut-être pas intentionnel." Avec ces mots, le Premier ministre canadien a accrédité la thèse d’un tir de missile sol-air iranien accidentel après le crash d'avion qui a coûté la vie à 176 personnes, mercredi près de Téhéran. "Je dirais que cette thèse est possible", a réagi le général Dominique Trinquant, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU, sur Europe 1 vendredi. "Des informations qui ont fuité en particulier dans la presse américaine faisaient apparaître un doute. M. Trudeau lui l’affirme, sur la base des informations qu’il dit avoir reçu de nos alliés, donc principalement des Américains."

Le général Trinquant rappelle qu’un tel accident est arrivé par le passé. "Ce ne serait pas la première fois qu’un missile sol-air ait détruit par erreur un avion de ligne. On a deux exemples en tête : l’exemple ukrainien (en juillet 2014) et puis l’exemple aussi d’un avion iranien qui avait été détruit par un missile américain en 1988. Ce sont des choses qui arrivent malheureusement", assure le militaire.

"Si les Iraniens ouvrent la possibilité d’une enquête internationale, ils vont démontrer leur bonne foi"

Désormais, des investigations doivent avoir lieu, et l’Iran aura tout intérêt à faciliter les choses. "J’ai été frappé par la modération des propos, aussi bien des Américains que des Canadiens, en disant que c’était peut-être une erreur. Donc en fonction de cette modération, si les Iraniens ouvrent la possibilité d’une enquête internationale et en particulier de confier les boites noires à un organisme qui puisse les décrypter, ils vont démontrer leur bonne foi", explique le général Trinquant. "Et à ce moment-là, démontrant leur bonne foi, si c’est une erreur, ça reste une erreur. Et ensuite il y a des voies légales qui vont bien sûr être mises en œuvre pour indemniser les personnes."

En revanche, Dominique Trinquant pointe une erreur de Téhéran, qui avait lancé des tirs de missile sur des bases américaines. "Lorsqu’il y a une opération de guerre comme ça, l’espace aérien devrait être interdit aux avions civils", argue le général. "En l’espèce, ce sont les Iraniens qui ont tiré les missiles vers la zone irakienne, donc ils auraient dû arrêter tout transit aérien de façon à éviter tout incident possible.