Marche de soldats lors du 105e anniversaire du régime nord-coréen. 6:50
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A.D
L'historienne et spécialiste voit la Corée du Nord comme un Etat plus rationnel que celui que l'on présente en général. Elle s'interroge en revanche sur les réactions de Trump.

La tension entre la Corée du Nord et les Etats-Unis a atteint son paroxysme vendredi. Juste avant la parade militaire du 105e anniversaire du fondateur du régime, la Corée du Nord a fait savoir qu'elle répliquerait par une attaque nucléaire à toute attaque nucléaire. Le régime a également indiqué posséder des missiles intercontinentaux. L'historienne Juliette Morillot, spécialiste de la Corée du Nord, était l'invitée de C'est arrivé cette semaine pour analyser cette escalade dans les relations entre les Washington et Pyongyang.

L'arme nucléaire, "assurance vie" de la Corée. En parlant de "répliquer", la Corée du Nord se place en position de réaction et estime donc qu'elle n'est pas l'agresseur. Juliette Morillot ne trouve pas la phrase ambiguë. "Contrairement à ce qu'on imagine, la Corée du Nord n'a aucune envie d'attaquer les Etats-Unis", assure l'historienne, qui se trouvait dans la capitale nord-coréenne il y a seulement quelques semaines. La péninsule nord-asiatique "se sent sous menace américaine. Cette arme nucléaire est un peu son assurance-vie. C'est la façon de discuter d'égal à égal avec Washington." L'historienne rappelle aussi que la Corée du Nord est sous une menace directe, qui se matérialise par la présence de 30.000 soldats américains stationnés en Corée du Sud.

"Toute attaque serait un cataclysme". Juliette Morillot est catégorique : la rationalité est du côté nord-coréen. "Celui qui est un peu en train de gesticuler, c'est Donald Trump". La grande question, face à l’imprévisibilité du président des Etats-Unis, est de savoir s'il serait capable de frapper. "Il est conseillé par des généraux. Attaquer la Corée du Nord est extrêmement dangereux. La Corée du Sud et le Japon, alliées des Etats-Unis, sont contre une intervention américaine. Sans oublier la Chine et la Russie qui ont mis en garde les Etats-Unis. Toute attaque, sachant que la Corée du Nord répliquera, entraînerait un cataclysme, sans même utiliser l'arme nucléaire", prophétise Juliette Morillot.

Entendu sur europe1 :
Si Trump veut avoir l’occasion de montrer qu'il est un grand président", l'idée serait d'"aller à Pyongyang et de discuter avec Kim Jong-Un.

La raison immédiate de l'intervention américaine au large de la Corée est la perspective d'un sixième essai nucléaire, annoncé par la Corée. L'historienne n'imagine pas Kim Jong-Un, le dirigeant nord-coréen, y renoncer. La réaction des Etats-Unis serait alors au centre de l'équation. "C'est là qu'il y un véritable risque de dérapage", commente l'historienne, d'autant que, selon elle, la Chine ne peut que jouer un rôle mineur. "La Chine est très embarrassée par cet allié historique qui fait des essais nucléaires (...) mais elle n'a pas envie d'une Corée avec les Etats-Unis à ses portes. De l'autre côté, la Corée du Nord ne se laissera jamais dicter son comportement par Pékin."

"Dialogue bilatéral". L'issue glorieuse de ce conflit larvé serait "un dialogue bilatéral" entre Pyongyang et Washington, estime la spécialiste. "Si Trump veut avoir l’occasion de montrer qu'il est un grand président", l'idée serait d'"aller à Pyongyang et de discuter avec Kim Jong-Un". Ce que veut la Corée, une dictature que l'on caricature pour son irrationalité, est "sa propre survie, un traité de paix dans la péninsule et être reconnue diplomatiquement", énumère-t-elle.