Journalistes de RFI assassinés au Mali : des suspects "a priori" en Algérie

Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés au cours d'un reportage puis abattus près de Kidal, le 2 novembre 2013.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été enlevés au cours d'un reportage puis abattus près de Kidal, le 2 novembre 2013. © PHILIPPE DESMAZES / AFP
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avec AFP , modifié à
À la veille du quatrième anniversaire de la mort de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les familles des deux journalistes dénoncent les lenteurs des enquêtes menées en France et au Mali.

"Deux ou trois" des auteurs ou commanditaires de l'assassinat en 2013 au Mali des journalistes français de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon se trouveraient "a priori" en Algérie, ont indiqué mercredi à Dakar des proches des deux reporters.

Quelques progrès, mais toujours des lenteurs dans les enquêtes. Tout en dénonçant les lenteurs des deux enquêtes menées en France et au Mali, l'Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a jugé que quelques progrès avaient été faits, lors d'une conférence de presse à la veille du quatrième anniversaire de la mort des deux journalistes à Kidal, dans le nord du Mali, le 2 novembre 2013. "Des suspects sérieux auraient été identifiés. Deux ont été 'neutralisés' lors d'opérations militaires et un serait mort dans un accident de moto. Mais deux ou trois autres seraient toujours en vie, et donc en liberté, a priori du côté algérien de la frontière", a déclaré le porte-parole de l'association, Pierre-Yves Schneider.

"Il faut que tout soit entrepris pour que les suspects soient arrêtés, même s'ils sont en Algérie. S'ils sont tués ou restent en liberté, l'impunité aura gagné", a-t-il ajouté, en présence de Marie-Solange Poinsot, la mère de Ghislaine Dupont, et d'Apolline, la fille de Claude Verlon. Les familles et leurs avocats, ainsi que les autres parties civiles, dont Radio France internationale (RFI), avaient été reçues le 15 juin par le juge d'instruction chargé de l'enquête française, Jean-Marc Herbaut.

"Aller les chercher, ce n'est pas simple". "Le nom des coupables, des commanditaires, on les connaît. On pourrait dire qu'il suffit d'émettre un mandat d'arrêt. Mais c'est Kidal, c'est une zone de conflit. Aller les chercher, ce n'est pas simple", a expliqué à Dakar la présidente de France Médias Monde, qui regroupe RFI et France24, Marie-Christine Saragosse, en reconnaissant que "le temps de la justice n'est pas celui des familles".

Ghislaine Dupont, 57 ans, et Claude Verlon, 55 ans, ont été enlevés au cours d'un reportage puis abattus près de Kidal, quelques mois après l'opération française Serval qui a mis en déroute les djihadistes dans le nord du pays. Fin janvier, une enquête diffusée sur la chaîne France 2 avait accrédité pour la première fois l'hypothèse d'un lien entre ces assassinats et les tractations menées pour la libération des otages enlevés en 2010 à Arlit, au Niger, dont les quatre derniers avaient été libérés quatre jours plus tôt. Selon l'enquête de l'émission Envoyé Spécial, l'assassinat des deux journalistes pourrait être une vengeance de kidnappeurs n'ayant pas reçu leur part de rançon.

Les familles continueront à se battre. Mais cette piste n'a pas été jugée crédible par les enquêteurs français, une décision que les familles jugent "tout aussi décevante qu'arbitraire". Elles continueront toutefois à se battre pour que "la vérité éclate" et afin de défendre la liberté de la presse, ont-elles indiqué à Dakar, où sera remise jeudi la quatrième "bourse Ghislaine et Claude" à deux journaliste et technicien vivant au Sénégal.