Échange de menaces entre Israël et l'Iran, fortes inquiétudes internationales

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Israël promet "une riposte" à l'attaque massive et sans précédent lancée par l'Iran, malgré les appels de nombreux pays, y compris son allié américain, à éviter une escalade dans une région déjà endeuillée par la guerre en cours dans la bande de Gaza.
L'ESSENTIEL

Israël a juré mardi de faire payer à l'Iran le prix de son attaque sans précédent contre le territoire israélien, malgré les appels internationaux à la retenue dans une région déjà ébranlée par la guerre dans la bande de Gaza. À Téhéran, le président Ebrahim Raïssi a prévenu que "la moindre action" d'Israël contre "les intérêts de l'Iran" provoquerait "une réponse sévère, étendue et douloureuse" de son pays.

Dans ce contexte qui renforce les craintes d'un embrasement au Moyen-Orient, l'offensive de l'armée israélienne dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine, ne montre aucun signe de répit, avec 46 Palestiniens tués ces dernières 24 heures, selon le Hamas.

Les principales informations à retenir :

  • Israël promet "une riposte" à l'attaque massive et sans précédent lancée par l'Iran, malgré les appels de nombreux pays, y compris son allié américain, à éviter une escalade
  • Les États-Unis ont dit ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran", et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles
  • L'Iran a dit considérer "l'affaire close" et mis en garde Israël, son ennemi juré, contre tout "comportement imprudent" qui déclencherait une réaction "bien plus forte" de sa part
  • L'armée israélienne a bombardé dans la nuit de lundi à mardi Gaza, après avoir affirmé que l'attaque iranienne ne la ferait pas dévier de ses objectifs face au Hamas
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché à Benjamin Netanyahu d'être "le principal responsable" à blâmer pour l'attaque de l'Iran contre Israël.

Erdogan juge que Netanyahu est "le principal responsable" à blâmer pour l'attaque de l'Iran contre Israël

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché mardi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'être "le principal responsable" à blâmer pour l'attaque de l'Iran contre Israël. "Le principal responsable de la tension qui a saisi nos cœurs le soir du 13 avril est Netanyahu et son administration sanguinaire", a affirmé le chef de l'Etat turc lors d'une intervention télévisée.

"Le ciblage par Israël de l'ambassade iranienne à Damas en violant le droit international et la Convention de Vienne a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a estimé le président turc. "Ceux qui sont restés silencieux pendant des mois sur l'attitude agressive d'Israël ont immédiatement commencé à condamner la réponse iranienne. Cependant, c'est Netanyahu lui-même qui devrait être condamné en premier", a-t-il ajouté.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le président turc Recep Tayyip Erdogan est l'un des critiques les plus virulents d'Israël qu'il a qualifié "d'Etat terroriste". La Turquie a appelé dimanche à "mettre fin à l'escalade" au Moyen-Orient, disant redouter une "guerre régionale" après les frappes iraniennes qui ont visé Israël dans la nuit de samedi à dimanche.

L'Iran a lancé dans la nuit plus de 300 drones et missiles contre Israël, en réponse à une frappe contre son consulat à Damas, une attaque directe iranienne inédite qui a été "déjouée" selon l'armée israélienne.

"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une telle agression"

Douze jours après une frappe meurtrière contre son consulat à Damas le 1er avril imputée à Israël, l'Iran a lancé samedi soir une attaque de drones et de missiles contre le territoire israélien, la première jamais menée à partir du sol iranien. La quasi-totalité des 350 projectiles ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés, a affirmé Israël en faisant état de blessés. "Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une telle agression, l'Iran ne sortira pas indemne" de son attaque, a affirmé le porte-parole de l'armée Daniel Hagari, lors d'une visite organisée pour les médias sur une base dans le sud d'Israël.

"Tirer 110 missiles directement sur Israël ne restera pas impuni. Nous répondrons au moment, au lieu et à la manière que nous choisirons", a dit le contre-amiral Hagari, dont le pays est l'ennemi juré de la République islamique d'Iran.

Les États-Unis ne participeront pas à une opération de représailles

Juste après son attaque, l'Iran a affirmé avoir agi "en exerçant son droit à l'autodéfense" à la suite de la frappe qui a détruit son consulat à Damas et coûté la vie notamment à deux hauts gradés iraniens, et dit considérer "l'affaire close". L'armée israélienne a affirmé que les victimes de la frappe dans la capitale syrienne étaient des "terroristes" agissant contre Israël, sans confirmer ou infirmer son implication.

Craignant une explosion dans la région, les Etats-Unis, alliés indéfectibles d'Israël, ont très vite fait savoir qu'ils ne voulaient pas "d'une guerre étendue avec l'Iran" et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles israélienne. Le Royaume-Uni et la France ont eux aussi pris leurs distances. La Russie a appelé les deux parties à la "retenue", assurant qu'une "nouvelle escalade n'est dans l'intérêt de personne". "Nous n'avons pas besoin d'un conflit supplémentaire dans notre région", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane.

Après le soutien de plusieurs alliés dans l'interception des missiles, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé la communauté internationale à "rester unie" face à "l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale". L'Iran, qui appelle à la destruction d'Israël, s'était gardé jusqu'à présent de l'attaquer frontalement et l'affrontait via ses alliés comme le Hezbollah libanais.

Un commandant du Hezbollah tué ce mardi

Mardi, le Hezbollah a revendiqué le lancement de deux drones explosifs depuis le Liban sur des positions israéliennes dans le nord. L'armée a ensuite affirmé avoir tué un commandant du mouvement libanais dans une frappe.

Malgré les rebondissements liés à l'Iran, Benjamin Netanyahu a affirmé sa détermination à poursuivre la guerre conte le Hamas à Gaza. "Vous rejoignez Tsahal (armée israélienne, NDLR) dans des unités combattantes glorieuses afin de repousser un ennemi cruel, les monstres qui nous ont attaqués", a-t-il dit à de nouvelles recrues sur la base de Tel Hashomer (centre). "Nous les frappons en retour sans pitié et nous les vaincrons."

Le conflit Hamas-Israël en bref

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés de Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait 1.170 morts en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. L'offensive dévastatrice dans la bande de Gaza a fait 33.843 morts depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé du Hamas, et a provoqué une catastrophe humanitaire avec la plupart des 2,4 millions d'habitants menacés de famine selon l'ONU.

Un nombre de camions insuffisant pour l'aide humanitaire

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), le volume d'aide humanitaire autorisé par Israël à entrer dans Gaza reste très inférieur à l'objectif de 500 camions par jour, avec "181 camions" chaque jour depuis le début avril.

Le Hamas continue à réclamer un cessez-le-feu définitif en vue d'une trêve dans la guerre. Mais Benjamin Netanyahu maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville de Rafah, dans le sud, qu'il présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste. La communauté internationale redoute un bain de sang dans cette ville devenue un refuge pour 1,5 million de Palestiniens, la plupart des déplacés.