Mise à l'index d'un roman d'amour en Israël : pourquoi pas la Bible, ironise Amos Oz

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© Jason Kempin / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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avec AFP , modifié à
Un roman relatant l'amour entre une Israélienne et un Palestinien a été interdit récemment dans les lycées israéliens sur décision du ministère de l'Education.

Amos Oz, grand nom de la littérature israélienne, a ironisé vendredi sur l'exclusion des programmes scolaires d'un roman d'amour entre une Israélienne et un Palestinien, en écrivant qu'il faudrait mettre la Bible, encore plus subversive, au ban des études lycéennes.

Banni des lycées. Le ministère de l'Education a provoqué un tollé dans le monde culturel en écartant du programme des sections littéraires au lycée le livre de Dorit Rabinyan, publié en 2014 en hébreu sous le titre "Haie" ("Geder Haya"). Le roman raconte l'histoire d'amour entre Liat, une traductrice israélienne, et Hilmi, un artiste palestinien. Il touche à la question délicate des rapports intimes entre Israéliens juifs et Palestiniens, sur fond de conflit persistant depuis des décennies.

Les rois Salomon et David couchaient aussi "avec des étrangères". "Peut-être vaudrait-il mieux supprimer les études littéraires des programmes, puisque la littérature mondiale et hébraïque la plus insigne recèle beaucoup de choses dérangeantes et pas vraiment casher", écrit Amos Oz dans le quotidien Yedioth Ahronoth. "Il est même plus urgent de retirer du programme l'étude de la Bible : en matière de relations sexuelles entre juifs et gentils (terme désignant les non-juifs), la Bible est mille fois plus dangereuse que le livre de Rabinyan", raille celui qui passe pour l'écrivain israélien le plus connu. "Le roi David et le roi Salomon étaient coutumiers de coucher avec des étrangères sans se soucier de vérifier leur nationalité sur leur carte d'identité", souligne Amos Oz.

Ne pas encourager de telles unions. La responsable du ministère à l'origine de la décision a invoqué le danger que le livre de Dorit Rabinyan soit perçu comme encourageant les unions entre Israéliens et Palestiniens. Le ministre de l'Education Naftali Bennett, chef du parti nationaliste religieux Foyer juif, a défendu la décision de ses services jeudi soir. Le ministère a assuré qu'il ne forcerait pas des élèves à lire un livre qui présente les soldats israéliens comme des "sadiques" et les met sur un pied d'égalité avec les "terroristes" du mouvement islamiste palestinien Hamas, a-t-il ajouté. L'auteure, Israélienne juive, a répondu en accusant Naftali Bennett de ne pas avoir lu le livre et de sortir les phrases de leur contexte.