Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 66e jour du conflit

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avec AFP // Crédit photo : Menahem KAHANA / AFP , modifié à
Au 66e jour du début du conflit entre Israël et le Hamas, les combats continuent sans relâche dans la bande de Gaza. Le Hamas menace de ne pas libérer "vivants", sans négociation, les otages qu'il détient encore tandis qu'en Syrie, Tsahal a mené de nouvelles frappes près de Damas, sur des "sites du Hezbollah".

La bande de Gaza est le théâtre sanglant lundi de raids aériens israéliens et d'intenses combats après des menaces du Hamas de ne pas libérer "vivants" sans négociation les otages qu'il détient. Dans la nuit de dimanche à lundi, un reporter de l'AFP a fait état de puissantes frappes aériennes sur la ville de Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre situé dans la pointe sud de la bande de Gaza. Le Hamas à Gaza a fait état de "dizaines" de morts dans des raids nocturnes.

Le Djihad islamique, second mouvement islamiste armé palestinien, a affirmé qu'un de ses membres avait fait exploser dans un secteur de Gaza-ville une maison dans laquelle se trouvaient des soldats israéliens qui tentaient d'identifier la bouche d'un tunnel souterrain. L'armée israélienne a fait état lundi de tirs de roquettes depuis Gaza et dimanche de "combats acharnés" dans des quartiers dans le secteur de Gaza-ville et à Khan Younès, où des terroristes "émergent des tunnels", "disposent des explosifs" et tirent au "lance-roquettes".

Les principales informations à retenir :

  • Les combats se poursuivent dans la bande de Gaza, notamment autour de la ville de Khan Younès
  • Le Hamas a prévenu dimanche qu'aucun des otages dans la bande de Gaza n'en sortirait "vivant" sans "un échange et une négociation"
  • Plus de 100 soldats israéliens morts depuis le début de la contre-offensive
  • Le système de santé gazaoui "à genoux" selon le patron de l'OMS
  • Frappes israéliennes en Syrie contre des "sites du Hezbollah"
  • Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza avaient fait 18.205 morts depuis le début de la guerre

Le ministère de la Santé du Hamas annonce un nouveau bilan de 18.205 morts

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi que les bombardements israéliens dans la bande de Gaza avaient fait 18.205 morts depuis le début de la guerre le 7 octobre entre le mouvement terroriste du Hamas et Israël. Le gouvernement du Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007, estime que 49.645 personnes ont également été blessées, d'après un communiqué du porte-parole du ministère, Ashraf al-Qodra.

Paris appelle à éviter "tout embrasement régional" en mer Rouge

Le ministère français des Affaires étrangères a appelé lundi "à éviter tout embrasement régional" après qu'une frégate française a abattu en mer Rouge deux drones provenant du nord du Yémen, territoire sous contrôle des rebelles Houthis qui menacent de perturber cette voie maritime stratégique dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas. "Nous condamnons toutes les atteintes à la liberté de navigation", indique le Quai d'Orsay dans un communiqué, qui assure suivre "de très près l'évolution de la situation en mer Rouge et dans la zone du détroit de Bab el Mandeb".

Israël en position de force ?

"Je ne veux pas dire que nous utilisons notre pleine puissance, mais nous utilisons une force significative et nous obtenons des résultats significatifs", avait déclaré dimanche le chef d'état-major Herzi Halevi.

Le conflit a été déclenché après une attaque d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés en Israël depuis Gaza, durant laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités. Une trêve d'une semaine fin novembre avait permis de libérer une centaine des quelques 240 otages entre les mains du Hamas et de groupes affiliés depuis l'attaque du commando. Après la trêve, Israël avait affirmé vouloir imposer un rapport de force à son avantage sur le terrain pour libérer les désormais 137 otages encore à Gaza.

Le Hamas a prévenu dimanche qu'aucun des otages dans la bande de Gaza n'en sortirait "vivant" sans "un échange et une négociation, et sans répondre aux exigences de la résistance", a déclaré Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, la branche armée du Hamas.

Plus de 100 soldats israéliens morts depuis le début de la contre-offensive

Dans la bande de Gaza, la population civile est acculée dans un périmètre de plus en plus exigu et le système de santé menace de "s'écrouler" selon l'OMS, tandis que le bilan des victimes ne cesse de s'alourdir. D'après le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, près de 18.000 personnes sont mortes dans le territoire palestinien depuis le début de l'offensive israélienne, en grande majorité des femmes et des mineurs.

L'armée israélienne a fait état lundi à l'AFP de 101 soldats morts au total depuis le début de son offensive terrestre dans la bande de Gaza. Sur place, les bombardements réduisent en ruines des quartiers entiers, et la population tente désespérément d'échapper aux affrontements en fuyant vers le sud. D'après l'ONU, 1,9 million de personnes ont été déplacées par la guerre, soit 85% de la population du territoire. L'armée israélienne a demandé à la population civile de Gaza de se rendre dans des "zones sûres" pour échapper aux combats.

Le système de santé gazaoui "à genoux" selon le patron de l'OMS

"Une déclaration unilatérale d'une puissance occupante selon laquelle des terres sans infrastructures, nourriture, eau, soins de santé (...) sont des 'zones sûres' ne signifie pas qu'elles le soient", a déclaré la Coordinatrice des opérations humanitaires de l'ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, dont le visa n'a pas été renouvelé par Israël.  Des milliers de Gazaouis fuient comme ils le peuvent : en voiture ou camion, parfois en charrette ou à pied. "Nous nous déplaçons d'une zone à l'autre, et il n'y a pas d'endroit sûr", déplore Abu Mohamed, interrogé par l'AFP, en route à présent pour Rafah.

Cette ville à la frontière de l'Égypte s'est transformée en gigantesque camp de déplacés où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps. Selon le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le système de santé est "à genoux" à Gaza, et l'organisation a adopté une résolution réclamant une aide humanitaire immédiate pour le territoire assiégé. Les arrivées de vivres, médicaments et carburant dans la bande de Gaza restent très insuffisantes d'après l'ONU, et ne parviennent d'ailleurs pas à être acheminés au-delà de Rafah.

Frappes israéliennes en Syrie contre des "sites du Hezbollah"

Après l'échec vendredi du Conseil de sécurité de l'ONU à voter un "cessez-le-feu humanitaire immédiat", Washington bloquant la résolution avec son veto, l'Assemblée générale doit se réunir mardi après-midi pour discuter de la situation à Gaza. Le projet de texte vu par l'AFP dimanche reprend en grande partie la résolution rejetée vendredi. Faisant état de la "situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza", le texte exige "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" et la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

"Un cessez-le-feu à ce moment ne ferait que perpétuer le problème car le Hamas est toujours en vie, toujours vivant et avec le projet de perpétrer encore et encore d'autres 7 octobre", a déclaré à CNN le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. La guerre a aussi fait flamber les violences en Cisjordanie occupée, où plus de 260 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre selon l'Autorité palestinienne, et une plus large escalade régionale.

L'aviation israélienne a mené au cours de la nuit des frappes dans différents secteurs de la banlieue de Damas, selon l'agence de presse officielle Sana, contre des "sites du Hezbollah", a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Si elle n'a pas commenté les frappes près de Damas, l'armée israélienne a dit avoir riposté à des tirs depuis le Liban par des raids sur "des cibles" du Hezbollah, un allié du Hamas et de l'Iran, ennemi juré de l'Etat hébreu.