Israël-Hamas : ce qu'il faut retenir au 62e jour du conflit

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avec AFP , modifié à
Au 62e jour du conflit entre Israël et le Hamas, les combats se poursuivent dans la ville de Khan Younès entre Tsahal et des terroristes. De son côté, l'ONU redoute un "effondrement total de l'ordre public bientôt", alors que près de 85% de la population de Gaza a été déplacée depuis l'attaque du 7 octobre.

Des combats acharnés se poursuivent jeudi dans la bande de Gaza entre le Hamas et l'armée israélienne, qui a pris la grande ville de Khan Younès où elle traque l'architecte de l'attaque sanglante du 7 octobre contre Israël. Prédisant un "effondrement total de l'ordre public bientôt" à Gaza, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a de nouveau appelé à un cessez-le-feu humanitaire, s'attirant une fin de non recevoir cinglante d'Israël. Le gouvernement israélien a toutefois autorisé la livraison d'un "supplément minimal" de carburant à Gaza pour éviter un "effondrement humanitaire" et des épidémies.

Les informations à retenir :

  • Le Hamas annonce un nouveau bilan ce jeudi de 17.177 morts dans la bande de Gaza
  • L'armée israélienne et le Hamas se livrent des combats acharnés dans la grande ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza
  • Le chef du Hamas de la bande de Gaza, "Sinouar, se cache sous terre", assure Israël
  • Antonio Guterres met en garde contre un "effondrement total de l'ordre public bientôt" à Gaza
  • Israël accepte une livraison "minimale" de carburant pour Gaza

Joe Biden a parlé à Benjamin Netanyahu de "la nécessité absolue de protéger les civils

Le président américain Joe Biden a affirmé jeudi au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qu'il était essentiel de protéger les civils alors que de violents combats urbains font rage dans et autour des plus grandes villes de Gaza, a annoncé la Maison Blanche.

"Le président a insisté sur la nécessité absolue de protéger les civils et de séparer la population civile du Hamas, notamment par le biais de couloirs permettant aux gens de se déplacer en toute sécurité hors de zones de combats délimitées", a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.

Israël étend ses opérations au sol

Engagée depuis le 27 octobre dans une offensive terrestre contre le Hamas dans le nord de Gaza, en parallèle à sa campagne de frappes aériennes massives, Israël a étendu ses opérations au sol à l'ensemble du petit territoire palestinien surpeuplé. La population civile est poussée à se déplacer vers un périmètre de plus en plus exigu à Rafah, le long de la frontière égyptienne. A Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza, fantassins, blindés et bulldozers israéliens ont atteint le centre-ville, selon des témoins. L'armée israélienne a affirmé mercredi soir avoir "percé les lignes défensives" du Hamas, "éliminé un certain nombre de terroristes" et détruit environ "30 entrées de tunnels".

À la tombée de la nuit mercredi, d'épais nuages de fumée noire et des flammes ont continué de s'élever de Gaza. Dans la journée, des trainées dessinées par des roquettes tirées vers Israël depuis Rafah, dans le sud du petit territoire palestinien, ont aussi émaillé le ciel.

Le Hamas annonce un nouveau bilan de 17.177 morts

De violents combats font rage jeudi dans et autour des plus grandes villes de la bande Gaza, dans la guerre opposant l'armée israélienne et le Hamas entrée dans son troisième mois. Le bilan des victimes, dans le petit territoire palestinien surpeuplé où les paysages de ruines s'étendent, atteint 17.177 personnes, à 70% des femmes et des moins de 18 ans. Le Hamas a précisé que 350 personnes avaient trouvé la mort au cours des dernières 24 heures, alors que les opérations militaires israéliennes, lancées dans le nord de Gaza après l'attaque sanglante menée le 7 octobre, s'étendent désormais à l'ensemble du petit territoire surpeuplé.

L'armée israélienne resserre l'étau autour des principaux centres urbains, deux mois exactement après l'attaque sans précédent perpétrée par le Hamas depuis la bande de Gaza qui a fait 1.200 morts en Israël, essentiellement des civils, et il reste 138 otages à Gaza sur environ 240 enlevés et emmenés à Gaza, selon les autorités israéliennes.

Des dizaines de chars et véhicules blindés israéliens ont pénétré dans la vieille ville de Gaza. À Khan Younès, plus grande ville du sud du territoire palestinien, l'armée dit avoir "tué des terroristes du Hamas et frappé des dizaines de cibles terroristes". Elle déplore au total 87 soldats tués depuis le début de son offensive à Gaza. Le Hamas, classé organisation terroriste par Israël mais aussi les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Union européenne, entre autres, a quant à lui diffusé des vidéos mercredi soir, affirmant avoir tiré une salve roquettes depuis la bande Gaza en direction d'Israël et montrant des combats de rue enragés. Plus de 11.000 roquettes ont été lancées vers Israël depuis la bande de Gaza en deux mois de conflit, la plupart interceptées.

Le chef du Hamas de la bande de Gaza, "Sinouar, se cache sous terre", assure Israël

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes "encerclaient la maison de (Yahya) Sinouar", le chef du Hamas dans la bande de Gaza, à Khan Younès. "Sinouar se cache sous terre", a affirmé ensuite Daniel Hagari, un porte-parole de l'armée, en allusion aux tunnels du Hamas sous Gaza. Yahya Sinouar, 61 ans dont 23 passés dans des prisons israéliennes, est considéré comme l'architecte de l'attaque sans précédent du 7 octobre : ce jour-là, des centaines de commandos du Hamas infiltrés en Israël depuis Gaza avaient tué 1.200 personnes, en majorité des civils selon les autorités israéliennes, et pris quelque 240 personnes en otage.

D'après le gouvernement israélien, 138 otages sont toujours retenus à Gaza, après la libération fin novembre dans le cadre d'une trêve de sept jours de 105 personnes enlevées, dont 80 en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Yahya Sinouar n'a pas été vu publiquement à Gaza depuis le 7 octobre. Trois soldats israéliens ont été tués au combat mercredi dans la bande de Gaza, selon l'armée.

L'armée israélienne a aussi annoncé la découverte dans le nord du territoire, "au cœur de la population civile", près d'une clinique et d'une école, "d'un dépôt d'armes très important" y voyant une "preuve supplémentaire" de l'utilisation par le Hamas de "boucliers humains". Elle a aussi dit avoir tué à ce jour "la moitié des commandants" du Hamas. Sur sa chaîne Telegram, le mouvement terroriste a affirmé que sa branche armée, les brigades Ezzedine al-Qassam "se bat violemment contre les forces d'occupation sur toutes les lignes d'incursion dans la bande de Gaza".

Des conditions humanitaires "désastreuses", dénonce l'ONU

"Toute la ville subit des destructions et des bombardements incessants. Beaucoup de gens arrivent du nord dans des conditions désastreuses, sans abri, à la recherche de leurs enfants", a raconté à l'AFP Hassan Al-Qadi, un habitant de Khan Younès déplacé plus au sud à Rafah, ville frontalière avec l'Égypte. Face au bilan qui grimpe, au manque de vivres et aux milliers de déplacés se retrouvant totalement démunis, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a mis en garde contre un "effondrement total de l'ordre public bientôt" à Gaza.

Antonio Guterres a employé pour la première fois de son mandat une procédure rare, l'article 99 de la Charte des Nations unies, qui lui permet d'"attirer l'attention" du Conseil de sécurité sur un dossier qui "pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationale". Selon plusieurs diplomates, le Conseil de sécurité devrait se réunir vendredi pour examiner cet appel. "Le mandat de Guterres est un danger pour la paix mondiale", a rétorqué sur X (ex-Twitter) le chef de la diplomatie israélienne Eli Cohen, en estimant que l'activation de l'article 99 et l'appel à un cessez-le-feu "constituent un soutien à l'organisation terroriste Hamas".

Livraison "minimale" de carburant

Israël a promis de détruire le Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007, classé organisation terroriste par les États-Unis, l'Union européenne et Israël. Le gouvernement israélien a toutefois approuvé mercredi une "livraison minimale de carburant - nécessaire pour éviter un effondrement humanitaire et l'apparition d'épidémies - dans le sud de la bande de Gaza", a annoncé sur X le bureau du Premier ministre. La quantité livrée sera "déterminée au fur et à mesure" en fonction de la situation humanitaire, a-t-il ajouté.

L'annonce israélienne intervient deux jours après l'appel de leur principal allié, les États-Unis, à laisser davantage de carburant entrer à Gaza. Selon l'ONU, 1,9 million de personnes, soit environ de 85% la population, ont été déplacées par la guerre dans la bande de Gaza où plus de la moitié des habitations sont détruites ou endommagées par les bombardements israéliens. L'ONU a calculé que 30% du territoire tombe désormais sous le coup des ordres d'évacuation quotidiens israéliens, et juge "impossible" de mettre en place des zones sécurisées pour accueillir les civils fuyant les combats.