Iran : ce que l'on sait de l'accident d'hélicoptère qui a coûté la vie au président Ebrahim Raïssi

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avec AFP , modifié à
Les médias iraniens ont annoncé lundi matin la mort du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans l'accident la veille de leur hélicoptère dans le nord-ouest de l'Iran. Une information confirmée par le gouvernement.

Les médias iraniens ont annoncé lundi matin la mort du président Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian dans l'accident de leur hélicoptère dimanche dans le nord-ouest de l'Iran. Cette annonce ouvre une période d'incertitude politique en Iran, un acteur majeur au Moyen-Orient, région secouée par la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas.

L'information du décès du président a été donnée par les principales agences de presse et journaux, dans l'attente d'une déclaration des autorités après la découverte de l'épave de l'hélicoptère à l'aube lundi. La télévision diffuse lundi matin des chants religieux en montrant des photos du président. "Le grand esprit du président populaire et révolutionnaire d'Iran a rejoint le royaume suprême", a indiqué l'agence officielle Irna, en saluant "le martyre" des victimes. Elle a précisé que le gouvernement publierait "une déclaration" en milieu de matinée.

Les informations à retenir :

  • Les médias iraniens ont officialisé la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d'hélicoptère
  • Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, est également décédé
  • Les funérailles du président débuteront mardi
  • Leur hélicoptère avait disparu dimanche en début d'après-midi, alors qu'il survolait une région escarpée dans des conditions météorologiques difficiles
  • Cela ouvre une période d'incertitude politique pour l'Iran
  • Le gouvernement iranien a assuré que le décès du président n'allait pas entraîner "la moindre perturbation dans l'administration" du pays
  • Les hommages se sont multipliés depuis l'annonce de sa mort

L'élection présidentielle aura lieu le 28 juin 

L'élection présidentielle en Iran aura lieu le 28 juin, a rapporté lundi la télévision d'Etat, à la suite du décès du président Ebrahim Raïssi et de son entourage dans un crash d'hélicoptère.

"Le calendrier électoral a été approuvé lors de la réunion des chefs du pouvoir judiciaire, du gouvernement et du Parlement", a indiqué la télévision. "Avec l'accord du Conseil des gardiens, il a été décidé que la 14e élection présidentielle se tiendra le 28 juin", a-t-elle précisé.

Le chef d'état-major ordonne une enquête sur le crash de l'hélicoptère présidentiel

Le chef d'état-major des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, a ordonné lundi une enquête sur la cause du crash d'hélicoptère qui a tué le président Ebrahim Raïssi et son entourage, selon l'agence de presse Isna.

Mohammad Bagheri a ordonné "à un comité de haut rang de lancer une enquête sur la cause du crash de l'hélicoptère présidentiel" dimanche, qui a tué neuf personnes dont le président et le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a rapporté l'agence. L'épave de l'hélicoptère disparu dimanche a été découverte à l'aube sur le flanc d'une montagne qu'il aurait heurté pour une raison encore inconnue, selon des médias. Il s'était envolé dans des conditions météorologiques difficiles.

Une minute de silence au Conseil de sécurité de l'ONU en mémoire du président iranien 

Le Conseil de sécurité de l'ONU a observé une minute de silence en mémoire du président iranien Embrahim Raïssi et de son ministre des Affaires étrangères, morts dans un accident d'hélicoptère.

Le Conseil "présente ses condoléances et sa sympathie à leurs familles et au peuple de la République islamique d'Iran", a déclaré l'ambassadeur du Mozambique, Pedro Comissario Afonso, président en exercice, avant que tous les représentants se lèvent, y compris l'ambassadeur américain adjoint, Robert Wood. 

Les funérailles du président Raïssi doivent débuter mardi 

Les funérailles du président Ebrahim Raïssi, tué dimanche dans un crash d'hélicoptère, doivent débuter mardi à Tabriz, une ville dans le nord-ouest du pays, a indiqué ce lundi un média officiel. 

"La cérémonie funéraire du président" et des personnes qui l'accompagnaient, aura lieu "demain mardi à 09h30 à Tabriz", et "les corps seront ensuite transférés à Téhéran" pour la poursuite des cérémonies, a rapporté l'agence Irna, citant le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi.

Poutine a parlé au président par intérim pour lui présenter ses condoléances

Le président russe Vladimir Poutine a discuté lundi au téléphone avec le président par intérim de l'Iran, Mohammad Mokhber, pour lui présenter ses condoléances après la mort dans un accident d'hélicoptère du chef de l'Etat iranien Ebrahim Raïssi.

Vladimir Poutine, dont le pays a sensiblement renforcé les liens avec l'Iran ces deux dernières années, a parlé à Mohammad Mokhber juste après sa nomination. Les deux hommes ont "souligné leur volonté mutuelle de continuer à renforcer de manière cohérente la coopération" entre Moscou et Téhéran, selon un communiqué du Kremlin.

Les hommages internationaux se multiplient

Les hommages se sont multipliés après l'annonce officielle de la mort d'Ebrahim Raïssi. Le président syrien Bachar al-Assad, a présenté ses condoléances à l'Iran, proclamant sa "solidarité" avec Téhéran qui le soutient depuis le début de la guerre civile dans son pays. "La Syrie est solidaire de la République islamique d'Iran (..)" a affirmé le président Assad dans son message aux dirigeants iraniens. "Nous avons œuvré avec le président défunt pour que les relations stratégiques qui lient la Syrie et l'Iran demeurent toujours prospères", a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a rendu hommage au président iranien, le qualifiant de "politicien remarquable" et de "véritable ami" de la Russie. "Ebrahim Raïssi était un politicien remarquable (...) En tant que véritable ami de la Russie, il a apporté une contribution personnelle inestimable au développement des relations de bon voisinage entre nos pays et a déployé de grands efforts pour les amener au niveau du partenariat stratégique", a indiqué le président russe, dans un télégramme de condoléances diffusé par le Kremlin.

La Turquie "partage la douleur du peuple iranien ami et frère", a déclaré lundi le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan. "Malheureusement, la nouvelle venant d'Iran nous a profondément attristés", a déclaré Hakan Fidan, lors d'une conférence de presse.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a salué lundi la mémoire du président iranien, Ebrahim Raïssi, et de son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, qu'il a qualifiés d'"amis véritables". "Le président Raïssi et le ministre des affaires étrangères Amir-Abdollahian étaient des amis véritables et fiables", a-t-il indiqué dans une communiqué, saluant de "vrais patriotes" qui "ont fermement défendu les intérêts de leur pays".

Le puissant Hezbollah au Liban a présenté lundi ses condoléances aux dirigeants iraniens après l'annonce de la mort du président Ebrahim Raïssi, le qualifiant de "protecteur des mouvements de résistance" contre Israël dans la région. "Le président martyr était pour nous un grand frère, un appui solide (..) et un protecteur des mouvements de résistance", a affirmé la formation qui combat Israël depuis le sud du Liban. Elle a également rendu hommage au chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, tué dans le même accident d'hélicoptère.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas a présenté lundi ses "condoléances" au peuple iranien, saluant en la personne du défunt un "soutien à la résistance palestinienne". "Nous partageons le tristesse et la douleur du peuple frère iranien" après cet accident ayant coûté la vie à l'ayatollah Raïssi, à son ministre des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian et à d'autres responsable de la République islamique, dont le Hamas a pu apprécier "le soutien à la résistance palestinienne et les efforts incessants de solidarité" avec les Palestiniens depuis le début, le 7 octobre, de la guerre en cours à Gaza avec Israël, écrit le mouvement dans un communiqué.

Le président du Conseil européen Charles Michel a présenté lundi les "sincères condoléances" de l'UE. "L'UE exprime ses sincères condoléances pour la mort du président Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Abdollahian, ainsi que d'autres membres de leur délégation et de l'équipage dans un accident d'hélicoptère. Nos pensées vont à leurs familles", a indiqué Charles Michel sur le réseau social X.

Le Pakistan décrète une journée de deuil

Quant au Pakistan, le pays a décrété une journée de deuil. "Le Pakistan va observer une journée de deuil et le drapeau sera en berne" en "solidarité avec l'Iran", pays "frère", a écrit le Premier ministre, Shehbaz Sharif, sur le réseau social X. "L'immense nation iranienne surmontera cette tragédie avec son courage habituel", a-t-il ajouté, alors qu'Islamabad avait accueilli en grandes pompes le dirigeant iranien fin avril.

La mort de Raïssi ne va pas entraîner "la moindre perturbation dans l'administration" de l'Iran, assure le gouvernement

Le gouvernement iranien a assuré lundi dans un communiqué que le décès du président Ebrahim Raïssi  n'allait pas entraîner "la moindre perturbation dans l'administration" du pays. "Le président du peuple iranien, travailleur et infatigable, (...) a sacrifié sa vie pour la nation", a réagi le gouvernement. "Nous assurons à la nation loyale que, avec l'aide de Dieu et le soutien du peuple, il n'y aura pas la moindre perturbation dans l'administration du pays", a-t-il ajouté.

Le gouvernement tiendra lundi une "réunion d'urgence", a indiqué l'agence officielle Irna sans donner de détails sur l'horaire et la teneur des discussions. La Constitution prévoit que le président Raïssi soit remplacé, en cas de décès, par le premier vice-président, Mohammad Mokhber, avant l'organisation d'une élection présidentielle dans les 50 jours. Par ailleurs, la Bourse de Téhéran était fermée lundi à la suite de l'annonce du décès, a indiqué un membre de son conseil d'administration, Reza Eyvazlou, cité par l'agence Mehr.

L'épave découverte à l'aube lundi

La perspective de découvrir vivants le président de 63 ans, élu en 2021, et les huit autres passagers, avait progressivement diminué durant la nuit. Parmi eux figuraient le gouverneur de la province d'Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d'équipage. L'hélicoptère a disparu dimanche en début d'après-midi alors qu'il survolait une région escarpée et boisée dans des conditions météorologiques difficiles avec de la pluie et un épais brouillard.

L'épave a été découverte à l'aube et les secours ont rapidement indiqué qu'il n'y avait "aucun signe montrant que les passagers de l'hélicoptère" étaient en vie, selon la télévision d'État. L'avancée des recherches a été suivie avec attention à l'international, notamment aux États-Unis, en Russie, en Chine et dans les pays voisins. "Nous suivons de près les informations", a indiqué dimanche un porte-parole de la diplomatie à Washington, tandis que Pékin s'est dit "très inquiet" après la disparition de l'hélicoptère.

Ebrahim Raïssi, qui avait le titre d'ayatollah, présidait la République islamique depuis près de trois ans. Considéré comme un ultraconservateur, il avait été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d'un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l'absence de concurrents de poids. Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d'un long manteau de religieux, il avait succédé au modéré Hassan Rohani, qui l'avait battu à la présidentielle de 2017. 

Il était soutenu par la principale autorité de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a appelé dimanche soir les Iraniens à "prier" et "espérer que Dieu ramènera le président et ses compagnons dans les bras de la Nation". "Le peuple iranien ne devrait pas s'inquiéter, il n'y aura pas de perturbation dans l'administration du pays", a-t-il assuré. La Constitution prévoit que, en cas de décès, le président est remplacé par le premier vice-président, Mohammad Mokhber, en attendant la tenue d'une élection présidentielle dans les 50 jours.

Aide étrangère

À la demande de Téhéran, Moscou avait annoncé envoyer en Iran une cinquantaine de spécialistes des opérations de sauvetage, des véhicules tout-terrain ainsi qu'un hélicoptère. Le président Vladimir Poutine s'est entretenu avec l'ambassadeur d'Iran en Russie, selon l'agence de presse officielle Tass. Plusieurs pays du Golfe (Arabie saoudite, Qatar, Émirats arabes unis et Koweït) ont apporté leur soutien à Téhéran et offert de l'aider dans les recherches, au même titre que la Syrie et l'Irak.

La Turquie a déployé 32 secouristes et un drone de vision nocturne qui a été opérationnel durant la nuit, tandis que l'Union européenne a annoncé avoir activé, à la demande de l'Iran, "le service de cartographie de réponse rapide CopernicusEMS" pour épauler Téhéran dans les recherches. Le président Raïssi se trouvait à bord de l'appareil en compagnie du ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, du gouverneur de la province et du principal imam de la région, selon l'agence Irna.

L'appareil, un Bell 212, faisait partie d'un convoi de trois hélicoptères transportant la délégation présidentielle, dont deux ont atterri sans encombre à Tabriz, la grande ville du nord-ouest, d'où Ebrahim Raïssi devait rejoindre Téhéran. Le ministre de l'Intérieur Ahmed Vahidi a évoqué la possibilité d'un "atterrissage brutal" de l'appareil présidentiel, sans donner de détails. La télévision d'Etat a diffusé des images de fidèles en train de prier pour la santé du président dans plusieurs mosquées, dont celle de la ville sainte de Mashhad (nord-est), cité natale de Ebrahim Raïssi.

Ultraconservateur

Raïssi s'est rendu dimanche dans la province de l'Azerbaïdjan orientale, où il a notamment inauguré un barrage en compagnie du président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à la frontière entre les deux pays. Au cours d'une conférence de presse commune, il a de nouveau apporté son soutien au Hamas face à Israël. "Nous pensons que la Palestine est la première question du monde musulman", a-t-il notamment déclaré.

L'Iran a lancé une attaque inédite le 13 avril contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés. Raïssi, qui a le titre d'ayatollah, préside la République islamique depuis près de trois ans.

Considéré comme un ultraconservateur, il a été élu le 18 juin 2021 dès le premier tour d'un scrutin marqué par une abstention record pour une présidentielle et l'absence de concurrents de poids. Toujours coiffé de son turban noir et vêtu d'un long manteau de religieux, il a succédé au modéré Hassan Rohani, qui l'avait battu à la présidentielle de 2017.

Raïssi est sorti renforcé des législatives qui se sont tenues en mars, premier scrutin national depuis le mouvement de contestation qui a secoué l'Iran fin 2022 à la suite du décès de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour non-respect du code vestimentaire strict de la République islamique.

Né en novembre 1960, Ebrahim Raïssi a effectué l'essentiel de sa carrière dans le système judiciaire, en étant notamment procureur général de Téhéran puis procureur général du pays. Raïssi figure sur la liste noire américaine des responsables iraniens sanctionnés par Washington pour "complicité de graves violations des droits humains", des accusations balayées comme nulles et non avenues par les autorités de Téhéran. Âgé de 60 ans, Hossein Amir-Abdollahian a été nommé à la tête de la diplomatie iranienne par Ebrahim Raïssi en juillet 2021.