L'ancien Premier ministre italien a salué la réaction de la France face à l'épidémie due au nouveau coronavirus. 3:00
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Romain David
Au micro d'Europe 1, l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi a salué les mesures annoncées par Emmanuel Macron jeudi soir pour lutter contre la propagation du coronavirus. Il estime toutefois que l'Union européenne va devoir faire face à la pire crise financière de son histoire.
INTERVIEW

La France espère encore ne pas se retrouver dans la même situation que l’Italie, littéralement barricadée face au nouveau coronavirus. Depuis le début de la semaine, la péninsule est à l’arrêt, sous le coup de mesures drastiques de confinement, pour tenter d’enrayer une épidémie qui a fait en quelques semaines plus de 1.000 morts dans le pays. Jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures pour la France, parmi lesquelles la fermeture des établissements scolaires et la prolongation de la trêve hivernale.

"Je crois que la France a très bien compris ce qu’il est nécessaire de faire. Pendant longtemps, les pays européens, et surtout l’Italie, n’ont pas compris ce qui se passait", a relevé au micro de Matthieu Belliard, dans la matinale d’Europe 1 vendredi, Matteo Renzi, l’ancien Premier ministre italien. "L’Italie a fait des erreurs ces dernières semaines, c’est clair. Mais elles sont très importantes pour les autres pays du monde, pour éviter qu’ils fassent les mêmes choix. J’ai beaucoup apprécié l’initiative du président Macron. Il a montré qu’il a compris, et qu’il ne va pas perdre de temps", estime Matteo Renzi.

À l’inverse, cet ancien dirigeant, désormais sénateur, estime que de nombreux pays européens n’ont pas encore pris conscience de la gravité de la situation. "J’ai vu beaucoup de faiblesse dans la position de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de l’Espagne." Au niveau européen, Bruxelles a décidé de la mise en place d’un fonds de 25 milliards d’euros, destiné à limiter l’impact financier du coronavirus. Mais pour Matteo Renzi, l’Union doit se préparer à l’une des plus graves crises économiques de son histoire.

"Nous n’avons pas besoin de réponses bureaucratiques"

"Ce qui va se passer dans les prochains mois, c’est une crise pire que celle de 2008. Je sais que c’est une grande expression. Mais là, la situation est pire que celle de septembre 2001 aux Etats-Unis. La situation économique posera un gros problème, pointe l’élu italien. Nous sommes dans une crise qui peut être vraiment tragique pour l’Europe : crise économique, financière et crise sanitaire avec ces personnes qui restent bloquées dans leur maison, aujourd’hui en Italie, et peut être dans les autres pays dans les semaines à venir."

Jeudi, la Banque centrale européenne a annoncé des mesures de soutien au crédit. Mais sa présidente, Christine Lagarde, a estimé qu’il revenait d’abord aux gouvernements des 27 de prendre les mesures nécessaires, la crise n’étant pas le fait d’un dérèglement financier, mais surtout d’un ralentissement de l’activité de certains secteurs, impactés par le repli de la clientèle. "La réponse de Christine Lagarde n’est pas la bonne. Nous avons besoin d’une différente vision de l’Europe. Je pense qu’elle sait très bien qu’elle s’est trompée dans sa réponse", s’agace Matteo Renzi, toujours sur Europe 1. "Nous devons donner aux familles, aux PME, des liquidités, de l’argent ! Nous n’avons pas besoin des réponses bureaucratiques annoncées hier (jeudi, ndlr). J’espère qu’elle sera capable de changer de position", conclut-il.