Huitième vendredi de manifestations à Alger : "On a décidé qu'ils partent, tout le monde va partir"

Algérie, Alger, manifestation, police, STRINGER / AFP 1280 1:31
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Sébastien Krebs à Alger, édité par Grégoire Duhourcau , modifié à
Les manifestants sont à nouveau dans les rues d'Alger, vendredi, pour demander le départ du président par intérim et des proches d'Abdelaziz Bouteflika, dans un contexte où la répression s'est intensifiée.
REPORTAGE

La tension est de plus en plus palpable à Alger, où se déroule un huitième vendredi de manifestations. Les manifestants réclament le départ des proches de Bouteflika, à commencer par le président par intérim nommé cette semaine, Abdelkader Bensalah, ainsi que le chef du gouvernement. La présence policière, elle, s'est intensifiée ces derniers jours.

Depuis quelques jours maintenant, les cars de forces anti-émeutes ont en effet envahi le centre-ville d'Alger. Des lignes de policiers casqués, boucliers en main, gardent les lieux symboliques où les manifestants avaient l'habitude de se regrouper. On a vu des rassemblements, pourtant calmes et pacifiques, réprimés à coups de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Il y a même eu des arrestations mais cela n'a eu, à ce stade, aucun effet visible.

"On n'a pas bougé et on ne va pas bouger." Les manifestants assurent n'avoir plus peur. "Ils ont juste essayé d'estimer un petit peu la situation. 'Face au gaz lacrymogène, est-ce qu'ils vont se retirer ?' Mais nous, on n'a pas bougé et on ne va pas bouger. On a décidé qu'ils partent, tout le monde va partir", clame l'un d'eux sur Europe 1.

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Tout le monde, c'est non seulement le président par intérim nommé cette semaine pour succéder à Abdelaziz Bouteflika, Abdelkader Bensalah, mais aussi le chef du gouvernement, le président du Conseil constitutionnel. Tous les proches de Bouteflika qui détiennent encore les clés du pouvoir sont dans le viseur des manifestants.

"On veut se libérer de gouvernement." "Ils essayent d'imposer ce Bensalah, mais on n'accepte pas. On veut se libérer de ce gouvernement", confie une étudiante. L'une de ses camarades abonde : "On veut un changement radical !" Omar Belhouchet, directeur du quotidien el-Watan, avait prévenu sur Europe 1, au lendemain du départ d'Abdelaziz Bouteflika : "Abdelkader Bensalah ne sera pas accepté par la rue, ce n'est pas possible."

Les manifestants rejettent aussi massivement le scénario d'une élection présidentielle dès le 4 juillet, comme annoncé. Trop tôt, trop vite, selon eux. Surtout, ils n'ont aucune confiance dans les hommes de Bouteflika pour organiser un scrutin libre.