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avec AFP , modifié à
Au 69e jour de la guerre en Ukraine, l'armée russe et les forces prorusses ont lancé mardi un "puissant assaut" impliquant des chars et un débarquement amphibie contre l'immense aciérie Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne à Marioupol. Boris Johnson a de son côté annonce une hausse de l'aide militaire à l'Ukraine.
L'ESSENTIEL

À Marioupol, l'armée de Moscou et les forces prorusses ont lancé mardi une offensive sur l'usine d'Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne dans cette ville stratégique bombardée sans relâche depuis plus de deux mois. Au 69e jour de la guerre en Ukraine, le front est par ailleurs figé, selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui indique que les forces russes n'ont mené aucune attaque au sol mais ont bombardé les positions ennemies sur la ligne de front.

Les principales informations : 

  • La Russie lance un assaut sur l'usine Azovstal
  • Le Royaume-Uni va augmenter son aide militaire à l'Ukraine
  • Dans le sud-ouest de l'Ukraine, le port d'Odessa est de nouveau la cible des missiles russes
  • Les Européens travaillent de leur côté à durcir leurs sanctions économiques contre Moscou

Après des tirs de missiles, une partie de Lviv sans électricité

Plusieurs villes ukrainiennes ont été visées mardi soir par des tirs de missiles russes qui ont notamment détruit trois centrales électriques à Lviv, selon le maire de cette grande ville de l'ouest du pays désormais partiellement privée d'électricité. "Trois centrales électriques ont été endommagées à la suite d'une frappe de missiles", a indiqué le maire Andriï Sadovy sur la messagerie Telegram, ajoutant que des stations de pompage étaient privés d'électricité en raison des dégâts.

Au moins une personne a été blessée, a-t-il ajouté. Selon des médias ukrainiens, les coupures d'électricité touchaient plusieurs quartiers de Lviv.

Les troupes russes lancent un "puissant assaut" sur l'usine Azovstal

L'armée russe et les forces prorusses ont lancé mardi un "puissant assaut" impliquant des chars et un débarquement amphibie contre l'immense aciérie Azovstal, dernière poche de résistance ukrainienne à Marioupol, a annoncé un commandant du régiment qui la défend. "Un puissant assaut sur le territoire d'Azovstal est en cours, avec le soutien de véhicules blindés, de chars et des tentatives de débarquement de troupes, avec l'aide de bateaux et d'un grand nombre d'éléments d'infanterie", a déclaré Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du régiment Azov, sur la messagerie Telegram.

"Nous allons tout faire pour la repousser", a-t-il ajouté, appelant par ailleurs à "des mesures immédiates pour évacuer les civils" toujours terrés avec les combattants ukrainiens sur cet immense site métallurgique de Marioupol, port stratégique du sud du Donbass déjà presque entièrement sous contrôle russe. 

Il a par ailleurs précisé que de puissants bombardements avaient eu lieu dans la nuit ayant précédé cet assaut, qui ont tué deux femmes et blessé "environ dix civils". "Cette nuit, l'artillerie navale et terrestre ennemies ont bombardé l'usine Azovstal, des bombes très lourdes ont été larguées", a-t-il ajouté.

Reconnaissances dans l'Est vers Zaporijjia

L'attaque ukrainienne à l'artillerie sur le quartier général du commandement russe d'Izioum samedi "a probablement perturbé les opérations russes", estime l'ISW. Les forces russes ont continué selon lui à se regrouper et à effectuer des reconnaissances, probablement en préparation d'assauts terrestres en direction de Kryvyï Rih, Mykolaïv et Zaporijjia.
Le chef d'état-major russe, Valéri Guerassimov, s'est rendu la semaine dernière sur le front dans la région du Donbass, objectif prioritaire de Moscou, a affirmé lundi un haut responsable du Pentagone, sans confirmer les rumeurs selon lesquelles il aurait été blessé.

Reprise des frappes sur Odessa

La Russie a par ailleurs repris lundi ses frappes sur Odessa, la grande ville portuaire du sud de l'Ukraine, sur la mer Noire. "Une frappe de missile" a "endommagé un immeuble dans lequel se trouvaient cinq personnes", a annoncé son conseil municipal. "Un garçon de 15 ans est mort, un autre enfant mineur a été transporté à l'hôpital". Les Ukrainiens craignent que la ville ne soit un des prochains objectifs de la Russie.

Johnson annonce une hausse de l'aide militaire

Le Royaume-Uni va augmenter son aide militaire à l'Ukraine, face à l'invasion russe, avec des radars et des drones, et continuer afin que plus personne "n'ose attaquer" le pays, a promis mardi le Premier ministre Boris Johnson au Parlement ukrainien. "Nous allons continuer à aider l'Ukraine (...) en armes, financement et aide humanitaire, jusqu'à atteindre notre objectif à long terme qui doit être de renforcer l'Ukraine de manière à ce que personne n'ose plus jamais vous attaquer", a assuré le dirigeant conservateur, dans ce discours prononcé par visioconférence depuis Londres.

Ce nouveau plan de 300 millions de livres (environ 355 millions d'euros) inclut "des radars pour localiser l'artillerie qui bombarde vos villes, des drones de transport lourd pour approvisionner vos forces, et des milliers d'appareils de vision nocturne", a-t-il précisé.

Londres avait déjà débloqué 450 millions de livres d'aide militaire à Kiev, fournissant notamment des milliers de missiles antichars légers et promis récemment des véhicules blindés pour les évacuations, des missiles antinavires et des systèmes de défense antiaérienne.

Un projet d'embargo présenté par la Commission européenne

Un projet d'embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie va être soumis mardi aux pays membres de l'Union européenne, mais la mesure suscite encore des réserves, ont indiqué à l'AFP plusieurs responsables et diplomates européens.

La Commission européenne a finalisé sa proposition pour un sixième paquet de sanctions contre Moscou pour tarir le financement de son effort de guerre contre l'Ukraine. Elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de six à huit mois jusqu'à fin 2022, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba, qui pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé un responsable européen.

Un bilan humain incertain

Il n'existe aucun bilan global des victimes civiles de l'invasion russe contre l'Ukraine. Rien qu'à Marioupol, les autorités ukrainiennes ont parlé de 20.000 morts dans les combats et les privations liées au blocus. Les enquêteurs ukrainiens affirment de leur côté avoir identifié "plus de 8.000 cas" présumés de crimes de guerre depuis le début de l'invasion russe.

Selon un bilan du ministère ukrainien de la Défense publié samedi, l'armée russe a perdu 23.000 hommes, 190 avions et 1.000 chars depuis le début de son offensive. Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", sans donner de chiffres. Le 25 mars, il avait reconnu la mort de 1.351 soldats pour 8.825 blessés. Certaines sources occidentales font état de jusqu'à 12.000 soldats russes tués.

Côté ukrainien, le président Zelensky a déclaré qu'environ 2.500 à 3.000 soldats ukrainiens avaient été tués et quelque 10.000 blessés. Aucun chiffre indépendant n'est disponible.

Plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui

Selon le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), plus de 5,4 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays. Les femmes et les enfants représentent 90% de ces réfugiés, les hommes de 18 à 60 ans, susceptibles d'être mobilisés, n'ayant pas le droit de partir.
Plus de 7,7 millions de personnes ont quitté leur foyer, mais se trouvent toujours en Ukraine, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).