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avec AFP , modifié à
L'Ukraine a accusé la Russie d'intensifier ses bombardements meurtriers dans l'est. De son côté, Moscou dénonce des frappes sur des plateformes de forage de leur complexe gazier et pétrolier au large de la Crimée. En parallèle, des combats "féroces" se poursuivaient dans l'est pour Severodonetsk. Europe 1 fait le point sur la situation.
L'ESSENTIEL

L'Ukraine a accusé ce lundi la Russie d'intensifier encore ses bombardements meurtriers dans l'est, où ses troupes résistent avec acharnement, et selon Moscou a frappé en retour des plateformes de forage en mer Noire au large de la Crimée, annexée en 2014.

Les principales informations :

  • L'Ukraine accuse la Russie d'intensifier ses bombardements dans l'est
  • Un parti politique pro-russe officiellement interdit par Kiev
  • Volodymyr Zelensky s'est rendu dans le sud de l'Ukraine
  • La guerre pourrait durer des années, prévient le chef de l'Otan
  • L'Ukraine a perdu la moitié de ses armements, selon le chef de la logistique de l'armée de terre ukrainienne

Au même moment, au seuil d'une semaine qualifiée d'"historique" par le président Volodymyr Zelensky avec un sommet à Bruxelles qui pourrait accorder à Kiev le statut de candidat à l'entrée dans l'Union européenne, la tension est montée brusquement, plus au nord, entre la Russie et la Lituanie, qui a restreint le transit de fret russe par rail vers l'enclave russe de Kaliningrad.

La Russie a dénoncé un acté "hostile". Si le transit "n'est pas rétabli en totalité, alors la Russie se réserve le droit d'agir pour défendre ses intérêts nationaux", a menacé le ministère russe des Affaires étrangères. Le Kremlin a jugé la situation "plus que sérieuse".

Pour l'heure, en Ukraine, la présidence a indiqué lundi matin que les bombardements russes augmentaient dans la région de Kharkiv (nord-est), la deuxième ville du pays qui a résisté à la pression des forces russes depuis le début de l'offensive le 24 février. Dans la région de Donetsk, à l'est, l'intensité des bombardements "s'accroît tout au long de la ligne de front", a ajouté la présidence, faisant état d'un mort et sept blessés dont un enfant

A Severodonetsk, "les Russes contrôlent la plupart des quartiers résidentiels". Mais "si nous parlons de la ville tout entière, plus du tiers de la ville reste contrôlé par nos forces armées", a déclaré le chef de l'administration locale, Oleksandr Striouk.

Les Russes de leur côté ont accusé les Ukrainiens d'avoir frappé des plateformes de forage de leur complexe gazier et pétrolier au large de la Crimée, faisant plusieurs blessés et disparus.

Un parti prorusse interdit en Ukraine

Le parti politique prorusse et eurosceptique "Plateforme d'opposition - Pour la Vie", ouvertement soutenu par Moscou, a été officiellement interdit d'activité en Ukraine pour "atteinte à la souveraineté", a annoncé lundi 20 juin le ministre de la Justice ukrainien, Denys Maliouska.

"Le tribunal a interdit les activités du parti politique Plateforme d'opposition - Pour la Vie", a annoncé sur Facebook Denys Maliouska, précisant que la justice ukrainienne "avait décidé de transférer tous les biens, fonds et autres avoirs de ce parti à l'État". La décision était attendue après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait interdit par décret le parti le 14 mars, après le début de l'invasion russe. Elle "s'applique également à ses organisations régionales et locales, ainsi qu'à ses autres (...) entités structurelles", précise le ministre.

Fondé en 2018 par Viktor Medvedtchouk, une des principales fortunes d'Ukraine et proche de Vladimir Poutine, "Plateforme d'opposition - Pour la Vie" comptait une trentaine de députés au Parlement ukrainien avant le début de l'invasion russe le 24 février. Viktor Medvedtchouk a été arrêté en avril pour avoir tenté de fuir le pays, selon les services de renseignement ukrainiens. Au total, "dix partis politiques prorusses dont les activités visent à porter atteinte à la souveraineté de l'Ukraine" sont concernés par la décision de la justice ukrainienne annoncée lundi.

Zelensky dans le sud de l'Ukraine

Samedi, Volodymyr Zelensky, qui était resté durant des semaines barricadé à Kiev, capitale de l'Ukraine, au début du conflit quand la capitale était menacée par l'armée russe, s'est rendu selon la présidence auprès des troupes dans les régions de Mykolaïv et Odessa, dans la bande côtière du pays convoitée par Moscou au bord de la mer Noire. Le président ukrainien a remercié les soldats, qui contiennent la poussée des troupes russes, soutenues à l'est depuis la Crimée annexée, pour leur "service héroïque". "Il est important que vous soyez vivants. Tant que vous êtes vivants, il y a un mur ukrainien solide qui protège notre pays", leur a-t-il dit.

Une vidéo, diffusée par la présidence, a montré Volodymyr Zelensky à Mykolaïv avec le gouverneur local, Vitaliy Kim, devant la façade béante du siège de l'administration régionale, touché par une frappe russe en mars qui avait fait 37 morts. Cette ville portuaire et industrielle de près d'un demi-million d'habitants avant la guerre est toujours sous contrôle ukrainien, mais elle est proche de la région de Kherson, presque entièrement occupée par les Russes. Une frappe russe y a fait deux morts et 20 blessés vendredi.

Elle reste une cible de Moscou car elle se trouve sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, à 130 km au sud-ouest près de la Moldavie, lui aussi toujours sous contrôle ukrainien et au centre des discussions sur l'exportation bloquée des millions de tonnes de céréales ukrainiennes. La Russie explique que les eaux sont minées, et contrôle cette zone de la mer Noire malgré les tirs de missiles ukrainiens contre ses navires.

La guerre pourrait durer des années, prévient l'Otan

La guerre en Ukraine pourrait durer "des années", a mis en garde le secrétaire général de l'Otan dans une interview publiée dimanche par le quotidien allemand Bild, en exhortant les pays occidentaux à inscrire leur soutien à Kiev dans la durée. "Nous devons nous préparer à ce que cela puisse durer des années", a dit Jens Stoltenberg, "nous ne devons pas faiblir dans le soutien à l'Ukraine, même si les coûts sont élevés, pas seulement en ce qui concerne le soutien militaire mais aussi en raison des prix de l'énergie et de l'alimentation qui montent".

Ces coûts ne sont rien en comparaison de celui payé quotidiennement par les Ukrainiens au front, a jugé le chef de l'Alliance atlantique. En outre, si le président russe Vladimir Poutine devait atteindre ses objectifs en Ukraine, comme lors de l'annexion de la Crimée en 2014, "il nous faudrait alors payer un prix encore plus important", a jugé Jens Stoltenberg. Il a dans ce contexte exhorté les pays de l'alliance à poursuivre leurs livraisons d'armes à Kiev.

"Avec des armes modernes supplémentaires, la probabilité pour l'Ukraine de pouvoir repousser les troupes de (Vladimir) Poutine du Donbass augmenterait", a-t-il assuré. Cette région de l'Est de l'Ukraine est désormais en partie sous le contrôle des soldats russes.

La Russie menace le monde d'une famine, accusent les Occidentaux

Les Occidentaux accusent le pouvoir russe de menacer le monde d'une famine et d'instrumentaliser les céréales comme ils le font avec les hydrocarbures. "La Russie a transformé la mer Noire en zone de guerre, bloquant les expéditions de céréales et d'engrais en provenance d'Ukraine" tout en appliquant des "quotas" à ses propres exportations a dénoncé samedi le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, accusant Moscou de "chantage".

"Il est impératif de permettre la reprise des exportations ukrainiennes par bateau", pour éviter une "catastrophe alimentaire mondiale", a-t-il ajouté.

Les combats font rage à Severodonetsk

Plus au nord, des combats acharnés font rage près de Severodonetsk, dans la région du Donbass, partiellement contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont la Russie, après avoir échoué à prendre Kiev dans les premières semaines de son offensive lancée le 24 février, s'est fixé pour objectif de prendre le contrôle total.

"Une expression dit : il faut se préparer au pire et le meilleur viendra de lui-même", a déclaré samedi dans un entretien à l'AFP Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, qui abrite notamment les villes de Severodonetsk et Lyssytchansk. "Bien sûr qu'il faut qu'on se prépare", a ajouté celui qui a plusieurs fois prévenu que les Russes finiraient par encercler Lyssytchansk en coupant ses principales routes d'approvisionnement.

Situation difficile à Lyssytchansk

"La situation est difficile, dans la ville (de Lyssytchansk) et dans toute la région", a-t-il souligné, car les Russes "bombardent nos positions 24 heures sur 24". Les habitants de Lyssytchansk se préparaient à être évacués : "Nous abandonnons tout et nous partons. Personne ne peut survivre à une telle frappe", a déclaré une habitante, Alla Bor, professeur d'histoire.

Plus tôt dans la journée, Serguiï Gaïdaï avait fait part de "davantage de destruction" encore à l'usine chimique assiégée Azot à Severodonetsk, où se cachent plus de 500 civils, dont 38 enfants.

Cinq morts à Donetsk

Les autorités prorusses de Donetsk, capitale de la "république" autoproclamée du même nom dans la partie du Donbass qui échappe au contrôle de Kiev depuis 2014, ont de leur côté affirmé que des bombardements ukrainiens sur la ville avaient fait cinq morts et 12 blessés parmi la population civile.

"Des bombardements massifs de l'ennemi visent la capitale de la République", ont indiqué dans un communiqué les forces militaires séparatistes, affirmant que plus de 200 obus d'artillerie de calibre 155 - celui de l'Otan - étaient tombés samedi sur plusieurs districts de Donetsk.

 

L'Ukraine craint une nouvelle offensive depuis le Bélarus

C'est enfin au nord, depuis le Bélarus d'où les forces russes avaient attaqué le 24 février en direction de Kiev, que les Ukrainiens craignent à nouveau une offensive. Mercredi, Volodymyr Zelensky a ordonné de vérifier les lignes de défense dans cette zone, selon Oleksiï Danilov, secrétaire du Conseil de la sécurité et de la défense nationale.

L'armée ukrainienne, qui a obtenu cette semaine la promesse de nouvelles armes lourdes occidentales - dont des canons Caesar promis jeudi par le président français Emmanuel Macron -, compte sur ces armements pour faire reculer les Russes.

L'Ukraine a perdu la moitié de ses armements

Dans un entretien publié cette semaine par le National Defense Magazine, une publication américaine spécialisée, le général Volodymyr Karpenko, chef de la logistique de l'armée de terre ukrainienne, a reconnu que l'Ukraine avait perdu depuis le 24 février "environ 50%" de ses armements.

Samedi, au lendemain d'une visite surprise à Kiev, le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé les alliés de l'Ukraine à la soutenir fermement et longtemps s'ils ne veulent pas voir l'"agression" triompher en Europe. Les pays qui soutiennent l'Ukraine face à l'invasion russe doivent s'assurer que Kiev aura "l'endurance stratégique pour survivre et au final l'emporter", écrit-il dans une tribune publiée par le Sunday Times, soulignant que "le temps est aujourd'hui un facteur crucial"..

Pas de négociations avant août

Ce n'est qu'après avoir repoussé les forces russes que l'Ukraine sera prête à engager de nouvelles négociations avec Moscou, a déclaré David Arakhamia, le chef de la délégation ukrainienne, à l'antenne ukrainienne de la radio américaine Voice of America. "Un accord a minima (pour des négociations, ndlr), ce serait si nous les repoussions ou s'ils repartaient de leur plein gré aux positions qu'ils occupaient avant le 24 février" et le début de l'offensive, a-t-il dit.

A Kiev, des centaines de personnes ont assisté samedi aux obsèques de Roman Ratouchny, 24 ans, tué au combat dans l'Est et qui fut une figure du mouvement pro-européen du Maïdan, qui avait conduit à la chute du président pro-russe Viktor Ianoukovitch en 2014, après qu'il avait renoncé, sous la pression de Moscou, à la signature d'un accord d'association avec l'UE.