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William Molinié, édité par Solène Leroux , modifié à
Un soldat russe est jugé ce mercredi à Kiev. À 21 ans, Vadim Chichimarine doit comparaître devant le tribunal de Solomianski. Il encourt la prison à perpétuité pour "crime de guerre et meurtre avec préméditation". Europe 1 revient sur ce que lui reproche la justice ukrainienne.

C’est le premier procès du genre depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, fin février. Un soldat russe est jugé ce mercredi à Kiev. L’accusé Vadim Chichimarine, 21 ans, doit comparaître devant le tribunal de Solomianski. Il encourt la prison à perpétuité pour "crime de guerre et meurtre avec préméditation", selon les termes de la justice ukrainienne. De quoi cet homme est-il accusé précisément ?

Le parquet ukrainien l'accuse d'avoir tué un homme de 62 ans qui n'était pas armé. Les faits remontent au 28 février dernier, près du village de Chupakhivka, dans le Nord-Est du pays. Ce soldat russe se trouvait avec quatre autres militaires à bord d'une voiture, un véhicule qu'il avait volé après l'attaque de leur convoi. L'un d'entre eux, depuis la fenêtre, a ouvert le feu, a priori sans raison apparente, sur ce civil, alors qu'il circulait à bicyclette sur le bord de la route.

Le soldat s'est repenti

Ce jeune soldat russe est âgé de 21 ans. Il est originaire de Sibérie et commandait une unité de chars basée dans la région de Moscou. La télévision ukrainienne a diffusé son visage vendredi dernier lors de son audience de fixation au tribunal. Il est arrivé menotté, crâne rasé, habillé d'un survêtement gris.

Le suspect a dit aux enquêteurs être venu combattre en Ukraine pour soutenir financièrement sa mère. Il a reconnu être l'auteur du tir tout en affirmant avoir reçu l'ordre d'ouvrir le feu. Selon la justice, le soldat s'est repenti et a collaboré avec la police ukrainienne, qui n'a donné aucune indication sur les circonstances de son arrestation.

Le procès aura lieu alors que la guerre fait rage. "Ce sera un challenge pour la justice ukrainienne. Elle sera sous les yeux de la communauté internationale et des juristes du monde entier", affirme Emmanuel Daoud, avocat pénaliste au Barreau de Paris et à la Cour pénale internationale (CPI).

"Il ne faut pas faire de procès d'intention à la justice ukrainienne. En tout cas, ça va être très compliqué d'imaginer que ce procès se passera en toute impartialité et en sérénité alors que des crimes ont encore lieu sur le territoire ukrainien. Mais encore une fois, il appartiendra aux juges ukrainiens de démontrer que cela est possible", poursuit-il.

Un procès utilisé à des fins de propagande ?

Ce procès va donc se dérouler sous les yeux du monde entier. Mais un risque demeure : que ce procès soit utilisé à des fins de propagande. "Est-ce que l'accusé aura eu accès au dossier ? Est-ce qu'il aura pu préparer sa défense ?" s'interroge l'avocat. "Est-ce qu'il s'agira d'un procès exemplaire ou d'un procès pour l'exemple ?" 

"Pour la première fois dans l'histoire de la justice pénale, des éléments de preuve sont collectés au quotidien en temps réel sur des faits qui sont susceptibles de recevoir la qualification de crime de guerre, de crime contre l'humanité et peut être de de crime de génocide", précise Emmanuel Daoud. En tout, 42 experts et enquêteurs seront prochainement déployés à travers le pays.