Fabrice Leggeri, directeur de l’agence européenne Frontex, était l'invité d'Europe 1, vendredi matin. 1:18
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Margaux Lannuzel , modifié à
Invité d'Europe 1, vendredi, le directeur de l'agence européenne Frontex, Fabrice Leggeri, a réfuté les accusations de plusieurs ONG, selon lesquelles l'Union européenne refoule illégalement des migrants à ses portes. "Nous sommes dans l'interception des trafics", s'est-il défendu, assurant qu'il ne s'agissait "pas d'empêcher des personnes de demander l'asile" si elles le souhaitent. 
INTERVIEW

L'Union européenne refoule-t-elle illégalement les migrants qui frappent à sa porte ? C'est ce qu'affirment des ONG, qui ont recensé plus de 900 cas ces derniers mois, pointant l'attitude de certains pays, comme la Hongrie, Malte ou la Grèce, mais aussi celle de Frontex, l'agence européenne des gardes-frontières. Invité d'Europe 1, vendredi matin, le directeur de cette agence, Fabrice Leggeri, a réfuté ces accusations, affirmant qu'"il ne [s'agissait] pas d'empêcher des personnes de demander l'asile si elles en avaient le désir". 

"Eviter que des personnes soient l'objet de trafics"

"Il y a un climat de critiques", reconnaît Fabrice Leggeri, estimant "normal" que le Parlement européen ait demandé la conduite d'enquêtes sur ces refoulement présumés. Frontex, dont le mandat a été renforcé en décembre 2019 et qui doit disposer d'un effectif permanent de 10.000 gardes-frontières et garde-côtes à l'horizon 2027, est "en train de devenir une force de police européenne", selon son directeur. "Comme toute force de police, il s'agit de rendre compte à l'autorité politique."

Concernant les bateaux invités à faire demi-tour au large de Malte ou de la Grèce, "nous sommes dans l'interception des trafics", plaide le directeur de Frontex. "Il y a des règles européennes et des règles internationales du droit de la mer, qui permettent de faire des interceptions. C'est ce qui nous a été demandé de faire en Grèce : coopérer avec les autorités des garde-côtes grecs de façon à ce qu'on puisse, non pas faire des éloignements illégaux, mais (…) notifier à des bateaux suspectés d'activités criminelles qu'il doivent changer leur cours."

"Il ne s'agit pas d'empêcher des personnes de demander l'asile si elles en avaient le désir", assure donc Fabrice Leggeri. "Il s'agit d'éviter que ces personnes soient l'objet de trafics et de les orienter vers les lieux où peuvent être réalisés les contrôles."

"Nous avons un système de moniteur des droits fondamentaux"

Quant à la condamnation de la Hongrie - dont la loi sur le droit d'asile a été jugée non conforme par la Cour de justice de l'Union Européenne (CJUE) en décembre -, le directeur de Frontex répond que l'agence avait "diminué au minimum possible" sa présence aux frontières du pays ces dernières années, de façon à "ne pas contribuer à des actions qui pourraient être illégales". 

Le mandat de Frontex est donc "parfaitement en conformité avec les droits fondamentaux et les droits humains", selon Fabrice Leggeri. "Nous avons un système de moniteur des droits fondamentaux, tout cela est en train de se déployer avec le corps européen. Il y a des garanties, il y a un cadre légal, il y a des codes de bonne conduite éthique, il y a des règles." 

Selon un premier rapport remis il y a deux semaines et pour lequel treize incidents impliquant des migrants en Méditerranée ont été passés à la loupe, Frontex a été exonérée de responsabilité dans huit cas. Cinq restent à éclaircir, tandis que le rapport définitif est attendu pour la fin du mois.