Expulsion des migrants clandestins en Italie : Matteo Salvini "n'a pas du tout de respect pour l'être humain"

Le nouveau ministre de l'Intérieur Matteo Salvini lors de sa sortie sur les migrants qui doivent préparer leurs valises.
Le nouveau ministre de l'Intérieur Matteo Salvini lors de sa sortie sur les migrants qui doivent préparer leurs valises. © ANDREAS SOLARO / AFP
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Gwendoline Debono, édité par Ugo Pascolo , modifié à
La phrase choc du nouveau ministre de l'Intérieur italien n'est pas passée inaperçue chez les migrants clandestins qui vivent en Italie, mais aussi chez les habitants du port de Catane en Sicile, où les autorités locales ont enregistré 13.500 arrivées depuis le début de l'année. 
REPORTAGE

"Le bon temps c'est fini, préparez-vous à faire vos valises". Ce message de Matteo Salvini, nouveau ministre italien de l'Intérieur à l'encontre des migrants clandestins à été vécu comme une véritable gifle par ceux qui ont fui la guerre et trouvé refuge en Europe. "Ça fait très mal, parce que ce n'est pas du tout facile", confie Mohammed, jeune ivoirien de 18 ans arrivé en Sicile il y a deux ans à bord d'un bateau pneumatique où ont péri presque tous ses amis. 

"Tu arrives dans un pays où quelqu'un te minimise pour une politique". "On peut comprendre qu'ils n’arrivent pas à gérer la situation parce qu'on est nombreux", admet le jeune homme qui a traversé la Méditerranée pour atteindre le port sicilien de Catane, où les autorités locales ont enregistré 13.500 arrivées depuis le début de l'année. "Mais tu fuis la guerre, tu passes le désert, tu traverses la mer, combien de fois tu risques ta vie ? Et tu arrives dans un pays où quelqu'un te minimise pour une politique", s'emporte-t-il. "Parce que là, il [Matteo Salvini, ndlr] n'a pas du tout de respect pour l'être humain". 

Un centre d'accueil au cœur des tensions. Dans le centre d’accueil au pied de l'Etna où il vit avec quinze autres clandestins, Mohammed peut compter sur Giuseppe, le gérant bénévole du centre. La principale difficulté que rencontre ce Sicilien, ce sont les a priori des habitants. "J'ai des amis qui me disent que ce que je fais est mal, des prêtes me disent ça, des professeurs également, comment cela va-t-il finir ?", se demande-t-il. "Certains policiers me disent que je devrais fermer le centre et beaucoup de gens s'élèvent fortement contre mon action", ajoute Giuseppe. Pour lui, l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir a libéré un discours de colère. "Mais je resterai fidèle à la tradition d'accueil de la Sicile, peu importe qu'elle s’émiette, peu importe les lois qui nous attendent".